Rien ne semble acquis au Congo, tant les accidents de la route sont nombreux, l’insécurité permanente et surtout tant qu’une partie de la masse, pauvre ou riche, n’hésite pas à recourir au vol, au pillage et à l’escroquerie, et qu’à tout moment le pays, comme souvent il l’a fait par le passé, peut plonger dans la guerre civile.
Quelques semaines plus tard ,8 Après le coup d0état) je découvrirai dans le roman « Mathématiques congolaises » d’In Koli Jean Bofane, un récit proche de ce que j’ai vécu. Dans cette histoire, une cellule occulte de la présidence organise un faux coup d’Etat à l’insu du pouvoir en recrutant le matin même des évènements des désoeuvrés pour faire le coup de feu.
Ici les eaux majestueuses donnent une fausse impression de sérénité. Car quelques kilomètres en aval, â Kinshasa, le Congo se fracasse en cataractes dont les ondes gigantesques peuvent atteindre plusieurs mètres de haut. La colère du fleuve est soudaine et imprévisible, à l’image de cette ville de Kinshasa, constamment au bord de l’implosion.
Sur la piste, Michel l'ambianceur danse la mobylette. C'est un complice de Royce, rasta lui aussi, chargé de faire bouillir la salle d'O Poeta les vendredis soirs. Assemblés en cercle autour de lui, les danseurs miment ce que je comprends être le démarrage d'un cyclomoteur, en lâchant de grands «vroum!». Le public est déchaîné. Tout le monde semble bien s'amuser. Mais, pour moi, l'intermède est de courte durée. Royce me fait signe de regagner la scène pour le final.
On oublie trop souvent de préciser que Kinshasa est un nid de talents, en matière musicale, bien sûr, mais aussi dans les domaines de la danse, de la photographie, de la sculpture et, surtout, de la peinture.