- Non, Alexis, je ne suis pas content. Pas du tout.
- De quoi tu n'es pas content ? Hein, dis-moi, de quoi tu n'es pas content ? ...
Alexis restait là, les mains dans les poches, à faire sonner ses clefs.
- De ce que nous voulons renforcer l'Institut ? C'est de cela que tu n'es pas content ? Tu n'es pas content qu'arrivent de l'armée, enfin des gens solides, des hommes véritables, des nôtres, sur qui on peut s'appuyer, en qui on a confiance. En qui on a confiance parce qu'ils se sont battus à nos côtés, pour la même cause. C'est de cela que tu n'es pas content ? Eh bien, c'est ton affaire, mais nous nous battrons pour eux. Et s'il le faut, nous sacrifierons même des Nikoltsev, malgré tout leur savoir et autres mérites. Nous les sacrifierons parce que la chose la plus importante pour nous, c'est de faire davantage de nouveaux ingénieurs, de vous, de toi. Et nous les ferons, crois-moi. Mais nous les ferons de nos mains, pas avec d'autres, tu as compris ?
Première Partie
I
Les tramways étaient si rares, si pleins, que Nicolas, avec son bras blessé, préféra partir de la gare à pied. La journée était radieuse, ensoleillée et, après six jours passés dans les secousses d'un convoi à l'atmosphère étouffante, il était même agréable de circuler dans les rues.
Nicolas eut l'impression que son coeur cessait de battre. Puis les battements recommençaient, par tout le corps, aux mains, dans la poitrine, dans la tête. Il eut soudain envie de serrer Valia, tout entière, contre lui.
Mais Valia n'était déjà plus là. Ni sa serviette. Ni l'orage.