Il disait que le Royaume est offert aux infans, ceux qui sont incapables ou n'ont pas le droit de parler. Il donnait en exemple les petits qui n'ont pas voix au chapitre, dont la terre est mutisme farouche. Peut-être parce que, ailleurs que dans les mots, ils savent entendre l'émerveillement de cette voix de fin silence qui chantonne dans les arbres, les pierres, la lassitude et l'espérance des vies simples. Eux seuls, parce qu'ils l'ignorent, seraient-ils capables d'ouvrir les espaces inouïs où le Verbe exprime son retrait, pour qu'une foule de voix sincères arrivent à naître ?
Dieu a été dès le début la question majeure adressée à mes réponses, et la foi le risque d'un saut dans le vide qui élargit l'existence. une histoire de force, d'envie, d'émerveillement. Une sacrée bagarre avec l'absolu, de ces chocs où les vivants se découvrent.
(...) Croire, pour moi, c'est prendre son envol malgré ou grâce aux blessures inguérissables qui nous empêchent de voler ; être mis à quia par l'absurde tout en refusant au plus profond de soi qu'il ait le dernier mot.
Il y a deux sortes de questions, Rodolphe-Henri : celles dont on trouve la solution et celles dont il faut devenir la réponse.