- Ça va Vincent ?
- Pas terrible...
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mon papa est malade.
- Il a quoi ?
- Un cancer, virulent.
- C'est grave comme maladie ?
Avec mon peu de vocabulaire, difficile de donner une explication précise. Mais le village s'est montré extrêmement compatissant.
- As-tu une femme ?
- Plus maintenant.
- Tu as des enfants ?
- Non...
- Tu es un enfant alors !
J'ai beaucoup appris ce soir-là, de la culture Himba... Et peut-être aussi de moi-même. (...)
Dans la culture Himba quelqu'un qui est seul dans sa tête est immédiatement entouré, accompagné.
Selon la tradition, un adulte est une personne qui a une femme et des enfants. Dans le cas contraire, nous devons avoir des parents présents dans le village.
Il n'y a pas d'alternative.
Le soir, Mutambo, le chef du village, m'a donc adopté comme un fils.
N'oublions pas que les femmes n'utilisent pas d'eau pour se laver et que le savon n'existe pas ni le papier toilette. Malgré ma volonté de garder un état d'esprit le plus ouvert possible, j'ai en tête que je suis un exemple de propreté dans le village.
"Aaaaatchouuum"
Pourtant, quand les enfants se rendent compte que je remets le mouchoir dans ma poche, leur réaction est sans équivoque.
Lors de mon apprentissage de la langue, je découvre que le mot "muhuka" traduit par "demain" veut en fait dire : demain, ou après-demain, ou après-après-demain.
Je le traduis finalement par "plus tard".
Toute planification précise est donc impossible.
D'un tout petit noyau de date peut naître de grandes choses.