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Citation de gabb


Vincent Trémolet de Villiers
Il n’y a plus de silence. Le bavardage contemporain nous casse les oreilles du petit matin jusqu’à une heure avancée de la nuit. Le bruit du monde ne s’éteint plus : même quand vous n’entendez plus rien, le murmure numérique continue son babil sur téléphone. Le monologue des algorithmes nous alerte sans cesse. Ses artifices ne compensent plus nos solitudes, ils les renforcent. Le flux nous emporte comme l’eau d’un torrent : il faudrait être un athlète pour lui résister. Les athlètes sont rares alors nous cédons et nous parlons tout le temps mais nous parlons tout seuls. L’homme n’est plus un animal social, un animal politique. C’est un animal numérique. Nouvelle matrice de notre enfermement, la machine n’est pas seule coupable. Elle catalyse et reflète dans la splendeur de ses écrans la pixellisation de nos liens, de nos attachements, de nos rapports les plus élémentaires. Les bistrots ferment, comme les kiosques et les librairies. Usines, ateliers, petits commerces se volatilisent. Les permanences des partis politiques s’empoussièrent. Quand les cloches sonnent, les voisins rouspètent; les parvis des églises se dégarnissent comme les cheveux du crâne d’un vieux curé. L’âme humaine s’atrophie à mesure que tout cela disparaît. Elle cherche désespérément, dans ce désert sans beauté, comment étancher sa soif. Enterrée, détournée, polluée, la source cependant coule toujours.
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