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Citations de Vincent Trémolet de Villiers (23)


Vincent Trémolet de Villiers
Il n’y a plus de silence. Le bavardage contemporain nous casse les oreilles du petit matin jusqu’à une heure avancée de la nuit. Le bruit du monde ne s’éteint plus : même quand vous n’entendez plus rien, le murmure numérique continue son babil sur téléphone. Le monologue des algorithmes nous alerte sans cesse. Ses artifices ne compensent plus nos solitudes, ils les renforcent. Le flux nous emporte comme l’eau d’un torrent : il faudrait être un athlète pour lui résister. Les athlètes sont rares alors nous cédons et nous parlons tout le temps mais nous parlons tout seuls. L’homme n’est plus un animal social, un animal politique. C’est un animal numérique. Nouvelle matrice de notre enfermement, la machine n’est pas seule coupable. Elle catalyse et reflète dans la splendeur de ses écrans la pixellisation de nos liens, de nos attachements, de nos rapports les plus élémentaires. Les bistrots ferment, comme les kiosques et les librairies. Usines, ateliers, petits commerces se volatilisent. Les permanences des partis politiques s’empoussièrent. Quand les cloches sonnent, les voisins rouspètent; les parvis des églises se dégarnissent comme les cheveux du crâne d’un vieux curé. L’âme humaine s’atrophie à mesure que tout cela disparaît. Elle cherche désespérément, dans ce désert sans beauté, comment étancher sa soif. Enterrée, détournée, polluée, la source cependant coule toujours.
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LA PENSÉE DE MIDI - extrait
     
« La pensée approximative seule est génératrice de réel ». A la démesure des systèmes philosophiques germaniques, il oppose le génie grec de la mesure. La pensée de midi suppose « une interminable tension », une « sérénité crispée », « l’intransigeance exténuante de la mesure ». ...
     
Il n’est cependant pas difficile de reconnaître qu’il y a un gouffre entre les maximes confortables de nos ‘fast thinkers’ et la sagesse modeste mais indéniablement exigeante de Camus.
« L’homme peut maîtriser en lui tout ce qui doit l’être. Il doit réparer dans la création tout ce qui peut l’être. Après quoi, les enfants mourront toujours injustement, même dans la société parfaite. »
     
C’est cette même exigence qui caractérise la démarche « équilibriste » de Camus, entre le courage de l’engagement et la mesure, que résume ainsi le philosophe Arnaud Corbic : « La lucidité tragique n’interdit pas l’exigence d’humanité ».
     
(...) la fin de L’Homme révolté est portée en outre par un souffle bien plus large, qui fait échapper la philosophie de Camus à une lecture purement politique : « apprendre à vivre et à mourir, et pour être homme, refuser d’être dieu. Au midi de la pensée, le révolté refuse ainsi la divinité pour partager les luttes et le destin communs. Nous choisirons Ithaque, la terre fidèle, la pensée audacieuse et frugale, l’action lucide, la générosité de l’homme qui sait. Dans la lumière, le monde reste notre premier et dernier amour ».
     
     
Voyage au bout de l’absurde, par Isabelle Schmitz (pp. 71-72).
     
(Réédition actualisée du Figaro Hors-série no 49, décembre 2009).
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L'idéologie du structuralisme a dévasté l'enseignement. Elle considère que la langue est déjà là, avant même notre naissance, hors de l'histoire ! La théorie du genre procède également du structuralisme négateur d'histoire et de réalité : pas de corps, pas de sexe, pas de biologie, pas d'hormones, pas de testostérone, mais de la langue et de l'archive. Nous ne serions que des constructions culturelles. C'est de cette idéologie datée mais active comme un déchet nucléaire dont il faudrait se débarrasser ; ensuite, on pourrait poser la question du grec et du latin.
Michel Onfray
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Après mai 1968, qui était un mouvement de haine de soi, au point de faire passer Mao pour un grand personnage, nous sommes passés aujourd'hui à l'ignorance de soi. Le refus de Jacques Chirac de nommer les racines chrétiennes de l'Europe est quelque chose de proprement sidérant. Il ne s'agissait pas de condamner les gens qui ne se pensaient pas chrétiens mais d'admettre une réalité de notre histoire. Évidemment que nos racines sont profondément chrétiennes, au même titre que juive et gréco-romaines.
Régis Debray
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La Fontaine, c'est une pure liberté au milieu de la contrainte, une pure invention au milieu de la rigueur, une pure subversion au milieu d'une exquise courtoisie. Une pure anarchie au milieu d'un super ordre. La Fontaine, c'est le patron !
Fabrice Luchini
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Je dis parfois, pour rire, que j'ai appris à lire dans les Mémoires de Saint-Simon ; ce n'est pas entièrement faux. Le terrible Michelet, le superbe Bainville, l'admirable Braudel m'ont ensuite accompagné et nourri. Mais les deux figures de l'écriture historique qui, au final, auront sans doute compté le plus pour moi sont « le pape de la petite histoire », G. Lenotre — avec ses successeurs naturels, Alain Decaux et André Castelot — et un maître britannique de l'histoire comparée, Arnold Toynbee, auteur d'une histoire universelle qui, pour moi, reste le suprême élixir.
Franck Ferrand
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Hormis la peinture et le jardinage, je suis bon à rien.
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Nous avons perdu l'émerveillement. De Virgile jusqu'à la naissance du moteur, il nous habitait. Mais depuis, nous avons changé de civilisation : de leur naissance à leur mort, certains individus n'auront vécu que dans le béton, le bitume, le gaz carbonique. Des saisons, ils ne connaîtront que les feuilles qui tombent de quelques arbres qui restent dans la rue. Il s'agit d'une véritable rupture anthropologique et ontologique : la fin des campagnes, la mort de la province et de la paysannerie au profit d'une hyper cérébralisation. Le vrai problème n'est pas l'oubli de l'être, comme disait Heidegger, mais l'oubli des étants qui constituent le Cosmos.
Michel Onfray
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L'identité française est une histoire. Ernest Renan dit qu'une Nation est à la fois un patrimoine historique et un contrat d'avenir. Il a raison.
Jacques Julliard
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Ces paysages d'eau et de reflets sont devenus une obsession.
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Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout…
Michel Onfray
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Quand Pierre Bergé dit qu'on doit pouvoir louer les corps des femmes pauvres à des bourgeois riches qui veulent s'offrir des enfants, je dis que ce ne sont pas des propos de gauche. Que la gauche au pouvoir souscrive au pire du libéralisme qui marchande et loue les corps des pauvres est une obscénité : on ne me fera pas croire que je cesse d'être de gauche en ne souscrivant pas au renoncement de la gauche libérale à être de gauche.
Michel Onfray
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Enfin, l'identité française, c'est un territoire. C'est si vrai que l'on parle du droit de sol. On ne me fera jamais croire que Gambetta, que Jaurès, que Victor Hugo, le général de Gaulle, Jean Moulin aient pu vivre sans une certaine idée de la France. La nature polémique de Sarkozy a pollué le débat sur cette notion d'identité mais on ne doit pas pour autant la bannir.
Jacques Julliard
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Je n'ai rien, en soi, contre un musée de l'esclavage ; je suis même sincèrement curieux de le découvrir. Mais on construit une conscience collective sur les réussites, les victoires, le souvenir des progrès et des joies collectives — non sur le ressassement des heures sombres et des crimes éventuellement commis. Il est inouï de voir jusqu'où peut aller notre culpabilité collective.
Franck Ferrand
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Il y a des conflits qui engendrent des combats à mort, comme ce fut le cas entre l'Occident et le nazisme. L'islamisme international relève de cette logique. il poursuit la destruction de nos valeurs. Il déteste tout ce que nous représentons, c'est-à-dire la démocratie, l'égalité des femmes et des hommes, la tolérance religieuse, le respect de l'agnosticisme et de l'athéisme. Ne pas croire est un crime en Arabie saoudite. Celui qui se convertit au christianisme est condamné à mort pour apostasie.
Régis Debray
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L'identité française, c'est d'abord une langue, la nôtre. Elle est un signe de ralliement, une culture, un esprit, une forme de rapport au monde. L'identité française ensuite, c'est la littérature. Je m'inquiète qu'elle soit de moins en moins enseignée à l'école. Que les Fables de La Fontaine ne soient plus apprises aux enfants. Que "Les Châtiments" de Victor Hugo prennent la poussière. Et je répète là ce que j'ai écrit dans "Marianne". Si je devais choisir entre la littérature française et la gauche, si la gauche me donnait l'impression de rompre avec cette nourriture essentielle que sont les livres, je choisirai la littérature. Et ce n'est pas un propos de mandarin, j'ai connu un paysan qui n'avait lu qu'un livre dans sa vie, c'était "Les Misérables" : il était cultivé.
Jacques Julliard
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Il est illusoire de prétendre faire subsister une zone de civilisation entourée d'une périphérie livrée à l'anarchie et à la misère. Parce que la prospérité attirera toujours irrésistiblement vers elle les populations qui en ont connaissance. La civilisation a donc vocation à s'étendre jusqu'à trouver devant elle une civilisation concurrente, avec laquelle tenter de nouer un dialogue, établir les bases d'un concert des nations.
Michel de Jaeghere
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L'honneur de l'éducation nationale, ce devrait être, non d'abaisser le niveau général dans un souci d'apparente équité — source, en vérité, de nouvelles injustices — mais au contraire de hisser le plus grand nombre, chaque fois que possible, à un niveau élevé.
Franck Ferrand
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Personne, à part peut-être Alain Finkielkraut, n'a pris la mesure de la barbarie du portable. Il participe jour après jour à la dépossession de l'identité. Je me mets dans le lot. [...]
La relation la plus élémentaire, la courtoisie, l'échange de regard, la sonorité ont été anéantis pour être remplacés par des rapports mécaniques, binaires, utilitaires, performants. Dans le train, dans la rue, nous sommes contraints d'entendre des choses que nous aurions considérées comme indignes en famille. Dans mon enfance, le téléphone était au centre d'un couloir parce qu'on ne se répandait pas.
Fabrice Luchini
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C'est intéressant de savoir qu'il peut y avoir une parole de résistance, même modeste. Ce qui m'amuse, c'est de mettre un peu de poésie dans l'écrasante supériorité de l'image, à l'heure de l'écrasante supériorité de la bêtise. Il faut reconnaître qu'elle a pris des proportions inouïes. Ce qui est dramatique, disait Camus, c'est que « la bêtise insiste ». La poésie, la musique n'insiste pas.
Fabrice Luchini
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