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Citation de Cielvariable


Régulièrement, il sortait son cahier à spirale et petits carreaux pour y noter ses observations et ses questions. Émaillant ses constatations, on pouvait y lire ce jour-là les mots :

« Mise en scène. »

« Malhabile, désordonné, amateur. »

Soit. Il était temps d’arrêter de faire semblant. Il releva la tête et posa la question qui le taraudait depuis près d’une heure :

— À quoi joue-t-on, Léon ? Pourquoi la Brigade prend-elle ce dossier ?

Le Patron n’eut pas l’air surpris mais ne lui expliqua rien. Il étrécit simplement les paupières, ce qui était sa façon préférée de ne pas répondre.

— Vous savez comme moi que cette scène de crime n’en est pas une, ajouta Bosco.

— Oui, répondit cette fois le commissaire.

— La fille a été déposée là après coup, cela saute aux yeux. Les projections de sang sont, d’évidence, une mise en scène. Par ailleurs, les bras de la victime ont été sciés minutieusement.

Léon Markowicz approuva du menton.

— Puisque nous sommes d’accord, que faisons-nous ici ? insista Bosco.

— Le tueur a imité les sévices infligés par une goule, répondit son supérieur, de la voix lointaine qu’il avait quand il méditait. Maladroitement, mais délibérément. Et pour être certain que nous viendrions, il a déposé le cadavre à deux pas de chez nous. Cette fille a donc été tuée par quelqu’un qui souhaitait que nous nous rendions sur les lieux… Peut-être même est-elle morte dans ce seul but.

Ce n’était pas certain. C’était une théorie, probable. Bosco la nota dans son cahier à spirale, en la formulant ainsi :

« La proximité géographique indique-t-elle que la mise en scène du crime est destinée à la Brigade et/ou à certains de ses membres ? »

— Vous en déduisez quoi, Léon ?

— Je ne sais pas…

Le Patron avait répondu rêveusement.

— Il aurait pu arracher les deux bras, mais les a sciés en se doutant que nous le repérerions immédiatement, poursuivit-il. Comme s’il nous prévenait du simulacre, tout en nous attirant. Je voudrais savoir qui cherche à nous avertir, de quoi, et pourquoi…

Bosco nota trois nouvelles questions :

« Le tueur nous avertit-il ?

Nous provoque-t-il ?

Nous menace-t-il ? »

On ne pouvait pas le déduire à la vue de la scène de crime. On ne pourrait rien déduire de plus… Bosco décréta donc intérieurement la pause. Il sortit de la poche de sa blouse un des club-sandwichs triangulaires, sous cellophane, dont il avait toujours un ou deux exemplaires, et dont la consommation indiquait qu’il avait fini de travailler. C’était un thon-mayonnaise, son préféré.
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