N'est-il pas absurde pourtant, pensais-je, tournant la page du journal, qu'un homme avec tout le pouvoir qu'il a, se mette en colère ? Ou bien, me demandais-je avec curiosité, la colère ne serait-elle pas quelque chose comme le démon familier, le lutin qui vous suit au pouvoir ? Les riches, par exemple, sont souvent en colère, parce qu'ils soupçonnent les pauvres de vouloir s'emparer de leurs biens ? Les professeurs, ou les patriarches -- comme il serait plus juste de les appeler -- peuvent se mettre en colère pour cette raison, mais aussi pour une autre raison qui s'étale avec un peu moins d'évidence à la surface des choses. Peut-être même ces professeurs n'étaient-ils pas du tout en colère ; souvent, en effet, ils étaient des hommes pleins d'admiration, dévoués, exemplaires dans les relations de la vie privée. Peut-être, lorsque le professeur insiste d'une façon par trop accentuée sur l'infériorité des femmes, s'agit-il non de leur infériorité à elles, mais de sa propre supériorité. C'est cette supériorité qu'il protège avec tant de fougue et d'énergie parce qu'elle lui semble un joyau d'une exceptionnelle valeur.