ILS ONT ASSASSINÉ HIPPOCRATE (*)
9 janvier 2009
À Gaza, un peloton d’exécution a placé Hippocrate contre un mur, visé et fait feu.
Les déclarations monstrueuses d’un porte-parole des services secrets israéliens selon lesquelles l’armée avait reçu le feu vert pour tirer sur les ambulances, était qu’il fallait prendre en compte la possibilité qu’elles pouvaient transporter à leur bord des membres de la résistance palestinienne, ce qui est très révélateur de la valeur accordée par les Israéliens à une vie humaine — en l’occurrence la vie d’un ennemi.
Cela vaut la peine de se rappeler le serment d’Hippocrate (*) que chaque médecin se doit de prêter avant de pouvoir exercer sa profession, en particulier les passages : « Au moment d’être admis au nombre des membres de la profession médicale, [...] je prends l’engagement solennel de consacrer ma vie au ser- vice de l’humanité, [...] j’exercerai mon art avec conscience et dignité, [...] je ne permettrai pas que des considérations de re- ligion, de race, de parti ou de classe sociale viennent s’imposer entre mon devoir et mon patient, je garderai le respect absolu de la vie humaine dès sa conception, même sous la menace, je n’admettrai pas de faire usage de mes connaissances médicales contre les lois de l’humanité. Je fais ces promesses solennellement, librement, sur l’honneur. »
(*) Le texte du serment d’Hippocrate a été remplacé dans nombre de pays par un « serment médical », par exemple en France par le Conseil de l’ordre des médecins en 1995. Il existe par ailleurs un texte appelé « serment de Genève » adopté par l’As- sociation Médicale Mondiale (AMM) en 1948 (!) et amendé successivement en 1968 et 1983 (source : http://www.chu-lyon.fr). C’est de cette dernière version que nous avons extrait les passages correspondant au plus près au texte de l’auteur, dans le souci de ne pas le déformer par une traduction approximative. (N.d.T.)
Que s’est-il passé à Gaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 ?
Dès les premiers pilonnages de l’armée israélienne (à l’heure de la sortie des écoles !), alors que tout accès à la bande de Gaza était impossible et que les consulats respectifs évacuaient leurs résidents, seuls quelques volontaires décidèrent de rester et de lier ainsi leur sort à celui du peuple de Gaza : parmi eux, médecins de l’ONG Norwac et Vittorio Arrigoni, journaliste et militant pacifiste d’ISM [1] qui nous livre ici les notes de son journal de bord tenu pendant trois semaines (et au-delà) d’horreur absolue et de destruction gratuite.
L'auteur, Vittorio ARRIGONI a été lâchement assassiné à Gaza en 2011 : ce meurtre ignoble n'a été ni revendiqué ni élucidé... Les enfants & les jeunes de Gaza ont rendu un hommage vibrant à Vittorio avant le transfert de son corps vers son village natal en Italie.