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Citation de marko59


Il affectionnait le flamand Bruegel, qui avait inventé le genre du paysage en peinture et s'était immortalisé par sa remarquable série des "Saisons"; il prisait en Turner le magnifique coloriste et les aquarelles inimitables de Bonington, les champs vespéraux de Millet, les ombres de Claude Lorrain, appréciait hautement l'audace de Cézanne et le regard neuf de Monet. Cependant, pour les paysages, Roman aimait et respectait par-dessus tout Levitan.
Il avait noté depuis beau temps que chaque paysagiste russe avait ses thèmes de prédilection : pour Chichkine, c'étaient les Forêts de pins, pour Vassiliev les marécages, les flaques et les trouées dans la neige, pour Venetsianov, les champs de blé à la midi, pour Kouindji, les méandres des fleuves. Mais aucun d'eux n'avait ce lien direct, parfait, avec la nature russe, aucun ne l'avait reflétée aussi pleinement et sincèrement que Levitan. Roman restait des heures devant ses toiles, à s'émerveiller de la simplicité et de la clarté de ce regard de peintre, en même temps que de son art consommé, si discret qu'on le remarquait a peine.
-Le paysage est un état d'âme, répétait encore et encore Magnitski, et son élève savait que le seul paysagiste à avoir exprimé jusqu'au bout l'état de l'âme russe était Levitan. Roman ne cherchait pas à l'imiter, il "vivait" la même obsession du paysage russe.
A chaque fois qu'il commençait une étude ou une toile, il se remémorait le visage paisible, voilé de tristesse, de cet homme, ses grands yeux juifs, dans lesquels s'était à jamais reflétée la Russie...
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