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Citations de Vladimir Sorokine (122)


Enfant, déjà, il grimpait sur le toit et contemplait longuement la rivière, les isbas, l'église, les arbres, repérant les gens, les animaux qui se mouvaient, et une agréable torpeur s'emparait de lui. Il s'était aperçu, alors, qu'il était parfois autrement plus plaisant d'observer le monde que d'y vivre (p. 291).
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Je suis né à Budapest, il y a trente-trois ans, d'un juif de Biélorussie et d'une Tatare polonaise. Mes parents étaient des réfugiés : mon père avait fui les fondamentalistes orthodoxes, ma mère ceux de l'islam - dans les deux cas, des obscurantistes barbus, qui voulaient être aimés et compris des populations, et, à cette fin, bombardaient, incendiaient, égorgeaient, fusillaient sans pitié.
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En sortant mon portefeuille, j'examine le vitrine. Il y a l'éventail standard d'un kiosque : des paquets de cigarettes "Patrie" et des paquets "Russie", de la vodka "Orge" et de la vodka "Froment", du pain noir et du pain blanc, des bonbons "Ourson pataud" et des bonbons "Ourson du Nord", de la marmelade aux pommes et de la marmelade aux prunes, du beurre et de l'huile de carême, de la viande avec des os et de la viande désossé, [...]
Le père du Souverain, feu Nikolaï Platonovitch, a eu une bonne idée en liquidant tous les supermarchés étrangers et en les remplaçant par des boutiques russes. Et en décidant que dans chaque boutique les produits présentés seraient de deux sortes afin que le peuple puisse faire son choix. Cette décision était pleine de sagesse et de profondeur. Car notre peuple porteur-de-Dieu doit choisir l’un des deux, et non parmi trois ou trente-trois. Ayant le choix entre deux produits, le peuple acquiert une égalité d’âme, l’assurance de pouvoir s’abreuver tout son soûl le lendemain, cela lui évite de vaines affres, et par conséquent il est rassasié. Et que de grandes œuvres peut-on accomplir avec un peuple ainsi rassasié !
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Un ventre d’ouvrier, ça vit même sans sucre, pourvu qu’il y ait du liquide !
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« Fahrenheit 451, et les meilleurs steaks sont à vous ! »
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Les époux ne trahissaient jamais leurs préférences gastronomiques, commandant de façon immuable un tokay 1889, de la salade d’herbes des marais, des racines de dents de sagesse de vénérables prolétaires, des ménisques de footballeurs de troisième division de Biélorussie sous ses fatras de vomis. Pour le dessert, Svetlana prenait du cristal de roche à la bave de taureau fouettée ou une « cachiardise ».
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La langue du comte toucha prudemment le bout du gland et se mit à écarter le méat.
« Mais…non…Ne jouis pas ! Ne jouis pas pour moi ! » disait Staline, les yeux révulsés.
Khrouchtchev serra très fort les couilles du Guide, qui s’étaient rassemblées.
« Que ça ne jaillisse pas…oh-oh-oh… Donne-moi un ordre ! Un ordre, comme autrefois ! Mais avec tendresse ! Avec tendresse quand même !
- Offre-moi ton petit derrière, mon délicieux garçon ! » lui ordonna amoureusement Khrouchtchev qui continuait de tenir avec ténacité Staline par les couilles. / Staline se tourna sur le ventre en sanglotant :
« Le petit garçon a peur… Fais-lui un bisou sur son petit dos…
- Nous allons faire un bisou sur le petit dos du petit garçon… »
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Les livres sont pareils aux chevaux, sauvages et fantasques, il faut savoir les prendre. Je n'use ni de cravache ni d'éperons. De la tendresse, rien que la tendresse !... Pour moi, les livres ne sont pas simplement des bûches, comme on les appelle dans notre communauté de cuisiniers clandestins. Quoi qu'on en dise, le livre c'est tout un monde, certes à jamais disparu. (...) Et je sais pertinemment que si vous aimez vraiment un livre, il vous le rendra en vous donnant toute sa chaleur.
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Surmonter les obstacles,trouver sa voie et la suivre inexorablement...songeait-il avec délectation,s'abandonnant à la beauté du monde environnant:Tout le monde naît à seule fin de trouver sa voix.
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Apprécie, ma petite sangsue, le MENU d’aujourd’hui.
Frühstück
Jus d’érable
Porridge de laminaires
Beurre de chèvre
Pain d’avoine
Café N
Café TW
thé vert

Lunch
Croûtons grillés à a cervelle de bouc
Salade d’herbes des prés
Bouillon de poule pressée
Filet de ragondin aux pousses de bambou
Fruits
Blub de mûres sauvages

Dîner
Koumys
Soupe wantan
Gâteau au fromage de millet

Souper
Pulpe de bouleau à la polenta
Hydromel au gingembre
Eau de source

Le coefficient de L-harmonie d’un menu pareil est de 52-58 sur l’échelle de Guerachtchenko. Not bad, n’est-ce pas ? Et hier, pour le lunch, on nous a servi du clone de dinde aux fourmis rouges, ce qui a provoqué en moi un accès de nostalgie violette.
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--- Et tu livres le pain ?
--- Ben oui.
--- Ça ne t’ennuie pas de le faire seul ?
--- Non. On est ben mieux, tout seul , barine ! Les vieux porteurs, ils l’disaient : «Tu cours la route seul, t’as un ange sur chaque épaule. Tu la cours à deux, t’as pus qu’un ange pour toi, et à trois, c’est l’diab’ dans la charrette !» p 27
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« Ah, ces chiens… ces petits chiens… voyez-vous, mesdames, messieurs, c’est comme les oiseaux de Dieu ! observa soudain tout haut le docteur Morell. D’un côté, ils énervent et on a parfois envie de les saisir par les pattes pour les fracasser contre un mur. Que leur cervelle jaillisse. Et d’un autre côté, on a le cœur serré, on caresse son petit chien, on le cajole et aussitôt on ressent dans son esprit une telle clarté. Une clarté, mesdames, messieurs ! Comme… comme…disons… comme à Munich quand le foehn cesse et que l’on peut de nouveau réfléchir de façon productive. »
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"J'm'envaperais ben la goule avec un peu d'thé,mais on n'a point l'temps.T'as-ty vu comment qu'il s'est mis à brailler?Une é-pi-dé-mie!!! D'où c'est qu'il vient,c'docteur?
-D'Repichnaïa, j'crois ben.Le Vassiatka se frotta les yeux de son poing:Avec la poste.L'postillon s'est tout d'suite couché.
-Ont ben l'droit d'dormir, c'te postillons..."
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Le chemin qui nous ramenait à la Glace devint un bonheur pour moi, une joie pour Fer et une épreuve pour Nikola. Fer et moi, nous marchions jour et nuit dans la taïga sans ressentir la moindre fatigue, comme si nous étions poussés dans le dos. Nikola ressentait à peu près la même chose que moi avec l'expédition de Koulik. Il cessa de discuter, tomba dans une sorte de rage, puis il pleura. Nous le soutenions par les bras. Il ne pouvait pas manger non plus. Fer et moi nous nourrissions de baies, la faim ne nous tourmentait absolument pas. Après que mon coeur s'était mis à parler, j'avais à jamais oublié la sensation de faim.
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De la neige est tombée au cours de la nuit sur les sapins, sur la palissade et la petite tour de guet. J’aime quand il y a de la neige ! Elle camoufle l’immondice de la terre. Et grâce à elle, mon âme devient plus pure.
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Je reste assis, gardant ma tête baissée qui n’est pas encore disposée au réveil : hier, il a fallu de nouveau se pocharder. J’avais pourtant fait serment de ne boire et de ne sniffer qu’avec les frères ; j’ai accompli quatre-vingt-dix-neuf prosternations de repentance à la cathédrale de la Dormition et prié saint Boniface. Queue de chie ! Que faire dès l’instant que je ne peux rien refuser au boyard Kirill Ivanovitch ? Il est malin, le bougre.
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« […] Dans les grands pays ruraux, la probabilité de l’entropie est inversement proportionnelle à la quantité de tués. Le grand Mao le comprend. Moi aussi. »
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Les chiens morts ressemblent à des chiens vivants. Et les hommes morts ne ressemblent pas du tout à des hommes vivants. Lorsque j’ai enterré mon père, je savais que ce n’était pas lui qui reposait dans le cercueil, mais un tout autre homme. C’est pourquoi jusqu’à présent je ne peux pas croire que mon père soit mort. Il est vivant.
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Zajoguine se concentra pour regarder de toutes ses forces les yeux du machiniste, mais soudainement il regarda à travers eux, vers l’espace extraterrestre, et il mourut. Boubnov attrapa la casquette d’un garde blanc et la déposa sur le visage du dépeceur.
« Sa voix n’était pas prolétarienne et sa tête était comme une miche, mais il est mort comme Marat ! » songea avec rudesse Boubnov qui bondit hors de la locomotive à morceaux.
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Akhmatov-2
Trois nuits

[…] III

[…] Sur les couilles de Lénine-Staline habite,
Sur ses cinq couilles habite -
Sur les couilles lourdes,
Sur les couilles pourpres,
Sur les couilles velues,
Sur les couilles bossues.
Dans les couilles, sous une croûte de glace, il y a :
Dans la première couille – la semence des Débuts,
Dans la deuxième couille –la semence des Limites,
Dans la troisième couille –la semence de la Voie,
Dans la quatrième couille –la semence de la Lutte,
Dans la cinquième couille –la semence de la Fin.
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