AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Apoapo


« Il s'occupa d'abord de ses adversaires. Il fit venir le plus acharné d'entre eux, Lala Mustafa Pacha, et lui demanda ouvertement pourquoi, sans nulle raison visible, il complotait contre lui. La réponse, qu'il crut sincère, le désarma quelque peu. Mais il ne le montra pas.
"C'est parce que je ne vois plus le Bajica en toi. Je ne crains pas ta dualité ni ton infidélité à l'islam, mais je ne peux supporter la légèreté avec laquelle tu restes fidèle à la fois aux Serbes et aux Ottomans, aux chrétiens et aux musulmans. Le fait que tu ne caches pas ton aide à l'Église orthodoxe et qu'en même temps tu fasses le pèlerinage à La Mecque. Tous, y compris le grand sultan, pensent qu'il ne s'agit pas d'une double foi, mais tous trouvent que ça y ressemble. Parce que je suis d'origine serbe, je ne peux comprendre comment on peut être un chrétien d'Allah. Tu es soit une chose, soit l'autre.
- Mais je ne désire pas être une chose ou l'autre. Je désire être moi-même. Et comme je ne me suis jamais donné pour ce que je ne suis pas, j'ai pris le risque de devoir le payer cher. Les plus grands après Allah, notre padichah et notre grand mufti, ceux qui interprètent les lois de la terre et du ciel, n'ont jamais pensé ce que tu crois. Je suis pourtant sans cesse sous leur regard, moi, les actions que je propose, et ma tête que l'on peut couper.
- Moi, je veux m'affranchir de cette dualité. Je veux ne plus être ce que j'ai été. Je veux oublier. Et toi, l'un des plus éminents d'entre nous, vers qui tous les regards se tournent car ils voient en toi l'avenir, le tien et le leur, tu me rappelles sans cesse le passé.
- Je suis sûr que tu ne pourrais oublier qui tu étais même si je n'existais pas. Sais-tu pourquoi ? Parce que ce n'est pas possible. On n'y peut rien. Or tu pourrais t'aider toi-même en acceptant les choses telles qu'elles sont. Mais il faut pour cela une grande force. À toi de voir si tu l'as. » (p. 318)
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}