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Citations de Wendell Berry (31)


Par un dimanche après-midi peut-être,
tu es assis sous le toit de ta véranda,
regardant en bas, à travers les arbres,
vers la rivière, contemplant la pluie. Les ronds faits par les gouttes de pluie qui tombent s'étendent, se croisent, se dissolvent;

et tout à coup (car tu prends de l'âge à présent et tant de choses de ta vie ne sont que souvenirs),
les mains des morts, qui t'ont ici
accompagné, reposent sur toi tendrement
comme la pluie repose en scintillant
sur les feuilles. Alors, tu penses

(car la pensée viendra) combien elle est étrange,
cette pensée du ciel, car voilà
que tu t'es imaginé là-haut,
te souvenant avec nostalgie
de ce bonheur, de cette pluie. Parfois ici-bas, nous sommes là-haut, et il n'y a pas de mort.
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Wendell Berry
To go in the dark with a light is to know the light.
To know the dark, go dark. Go without sight,
and find that the dark, too, blooms and sings,
and is traveled by dark feet and dark wings.

Jamais traduit en français.
S'aventurer dans les ténèbres avec de la lumière, c'est connaître la lumière.
Pour connaître les ténèbres, ne faites qu'un avec les ténèbres. Avancez en aveugle,
Et découvrez que les ténèbres aussi chantent et fleurissent
Et qu'elles sont foulées et battues par des pieds et des ailes de ténèbres.
(Provisoire et très améliorable)
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Comme le ciel brillait après la pluie de fin d’été

Comme le ciel brillait après la pluie de fin d’été,
j’étais adossé à un chêne à mi-chemin de la montée.
Le soleil était bas ; le bois, dans l’ombre, s’était tu ;
voici que la longue stridulation du grillon
avait cessé. Levant les yeux vers la crête occidentale,
je revis la féconde lumière d’octobre
transperçant les feuilles encore vertes mais devenant dorées.
Ces feuilles qui luisaient faisaient de la lumière un lieu
que quitteraient ces feuilles et cette heure. Le vent fraîchit,
et je compris alors que j’étais présent
dans le long siècle du monde qui passe, dans lequel
jadis je n’étais pas, où je suis maintenant, où je ne serai plus,
et en cette heure, sous l’arbre aux changeantes couleurs,
je reposai, dans une confiance qui ne m’appartenait pas.
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Si nous sommes devenus un peuple incapable
de penser, alors, la pensée brute
de la puissance nue, de l'avidité nue
pensera à notre place.

Si nous sommes devenus incapables
de nous refuser quoi que ce soit,
alors, tout ce que nous avons
nous sera arraché.

Si nous n'avons pas de compassion,
nous souffrirons seuls, nous souffrirons
seuls la destruction de nous-mêmes.

Ce ne sont là que les lois de ce monde,
celles qu'a connues Shakespeare, celles qu'a connues Milton.

Lorsque nous renonçons à la pensée humaine,
une bassesse efficace et rampante
met en branle les esprits les plus inhumains.

(Si nous sommes devenus un peuple incapable, p. 135)
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A cause de notre égoïsme sans bornes, nous avons forgé une définition de la « liberté » entendue comme fuite face à toute contrainte.
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Traitez-moi donc, même mort…


Traitez-moi donc, même mort,
en homme qui a un endroit
où aller et quelque chose à faire.
Ne me barbouillez pas la figure
de cire, de poudre ou de maquillage
comme on embellirait
une réalité impossible à changer
pour faire mentir l'amertume.
Reconnaissez cette terre natale
dont est fait et sera fait mon corps,
reconnaissez sa liberté et
sa mutabilité.
Vêtez-moi des habits
que je portais dans mes va-et-vient quotidiens.
Déposez-moi dans un coffre en bois.
Mettez ce coffre dans le sol
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Seuls les humains gaspillent et thésaurisent, assassinent et pillent pour des idées.
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Dérégler ou détruire l’environnement naturel est un acte de violence, non seulement contre la terre, mais également contre ceux qui en dépendent, nous-mêmes y compris.
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La concurrence et l’innovation ont effectivement résolu, pour l’instant, le problème de la production. Mais la solution s’est révélée déraisonnable, inconsidérée et bien trop coûteuse. Nous avons gagné, pour notre plus grand malheur, la bataille contre nos propres terres et notre propre peuple.
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Il y a peu de chances que nous recevions en partage un autre monde à mettre à sac pour compenser le pillage de celui-ci. Il est également peu probable que nous continuions encore longtemps à croire en notre capacité à déjouer les pièges de notre stupidité économique au moyen de la science et de la technologie. L’espoir que nous pouvons guérir les maux de l’industrialisme par un surcroît homéopathique de technologie semble, enfin, perdre de son prestige. Pour résumer, nous sommes forcés de nous appréhender nous-mêmes comme créatures limitées dans un monde limité.
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Je quitte la chaleur du poêle,
ma chaise et mon livre, et je m'enfonce
dans le froid de la nuit. Ma petite lanterne
qui me montre le chemin et me laisse dans le noir
se lance dans ma main.
Les fenêtre de la maison brillent au-dessus de moi,
et en bas, une seule lumière luit
dans la grange où, il y a une heure
j'ai quitté une brebis en travail. Au-delà,
c'est la grandiose étendue des étoiles du ciel.
En marchant parmi elles dans la profondeur
de la nuit, les lumières de la maison et de la grange
sont aussi des étoiles; mon unique petite lumière
est une étoile vacillante.
Je me penche vers la terre sur le sol de la grange
où les petits de la brebis viennent de naître
et maintenant, humides et sanglants, respirant
enfin l'air de ce monde hivernal,
ils luttent pour se redresser, tandis que la brebis
gronde et les lèche. Sans le savoir,
ils savent d'instinct ce qu'ils vont devenir : [...]

(Je quitte la chaleur du poêle, p. 65)
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Wendell Berry
C'est peut-être quand nous ne savons plus que faire que commence notre vrai travail, et quand nous ne savons plus quel chemin prendre que commence notre vrai voyage.
L'esprit qui n'est pas déconcerté n'est pas de grande utilité.
Le torrent entravé est celui qui chante.
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Si l’Etat n’envisage pas de protéger les vies, les moyens de subsistances et les libertés de son peuple, alors le peuple doit envisager de se protéger lui-même.
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En troisième lieu, l’économie mondialisée repose sur le transport longue distance bon marché, sans quoi il n’est pas possible d’acheminer des marchandises depuis leur lieu d’origine où elles sont produites à bas coût jusqu’à l’endroit où elles seront vendues au prix le plus fort.
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La « crise environnementale » existe parce que l’économie domestique humaine est presque en tout point en conflit avec l’économie de la nature.
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Il faut le temps entier
pour désigner l'éternité



Il faut le temps entier pour désigner l'éternité,
le plus durable éclat de chaque étincelle qui meurt,
et tous les mots, les cris de chaque langue
doivent former le Verbe appelant le noir le plus noir

de ce monde à rejoindre l'aube qui perdure.
Vers cette heure qui se lève nous portons nos cœurs singuliers
éloignés comme des îles isolées dans la mer,
notre savoir brisé, nos arts disséminés.

Séparés comme des lucioles ou des fenêtres dans la nuit,
nous rapiéçons un avant-rêve de la lumière rassemblée
infiniment petite et grande pour nous abriter tous,
muets, devenus chant, aveugles, vision.
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Notre plus grande perte culturelle de ces derniers siècles est sans doute l’oubli que certaines choses, bien que limitées, peuvent être inépuisables.
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Mais à une époque saturée de publicité, nous ne devons pas perdre de vue que plus une question gagne en popularité, plus elle risque d’être simplifiée à l’excès.
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Comme le ciel brillait après la pluie de fin d’été

Comme le ciel brillait après la pluie de fin d’été,
j’étais adossé à un chêne à mi-chemin de la montée.
Le soleil était bas ; le bois, dans l’ombre, s’était tu ;
voici que la longue stridulation du grillon
avait cessé. Levant les yeux vers la crête occidentale,
je revis la féconde lumière d’octobre
transperçant les feuilles encore vertes mais devenant dorées.
Ces feuilles qui luisaient faisaient de la lumière un lieu
que quitteraient ces feuilles et cette heure. Le vent fraîchit,
et je compris alors que j’étais présent
dans le long siècle du monde qui passe, dans lequel
jadis je n’étais pas, où je suis maintenant, où je ne serai plus,
et en cette heure, sous l’arbre aux changeantes couleurs,
je reposai, dans une confiance qui ne m’appartenait pas.
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Je me penche vers la terre…


Je me penche vers la terre sur le sol de la grange
où les petits de la brebis viennent de naître
et maintenant, humides et sanglants, respirant
enfin l'air de ce monde hivernal,
ils luttent pour se redresser, tandis que la brebis
gronde et les lèche. Sans le savoir,
ils savent d'instinct ce qu'ils vont devenir :
battement de cœur et souffle,
la faim qui va les diriger
vers le pis, et de là vers l'herbe
ensoleillée. J'accomplis les actes anciens
du réconfort et de la sauvegarde, en vérifiant
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