Toujours disposés à se charger de la lutte contre les superstitions, les militants de la rationalité étudient les croyances pour mieux les extirper et comparent volontiers leur travail à celui d'éboueurs, tout en rapprochant le foisonnement des croyances modernes à un flot d'ordures qui envahissent nos villes. Il se trouve aussi quelques scientifiques pour s'y intéresser par une curiosité canaille envers un genre mal famé, à condition cependant de ne pas consacrer trop de temps à cette lubie, et avec un espoir mal dissimulé de voir le tirage de leurs analyses savantes s'élever proportionnellement à la prétendue légèreté de leur sujet. (25)
Comprendre l'Autre…, comprendre l'Autre… ; on ne se lasse pas de le répéter, avec une douce délectation. L'idée paraît si noble que quiconque a le bon goût de s'en gargariser ne manque pas de se conférer cette aura de respectabilité que l'on associe de nos jours à la magnanimité – fût-elle purement incantatoire – de tolérer la différence. Il n'est donc pas étonnant que la devise ait été largement adoptée, s'établissant rapidement comme l'un des principaux lieux communs du discours ethnologique. (19)
Ce qui semblait d'abord unique et exceptionnel s'avère récurrent ; ce qui paraissait éphémère s’affirme maintenant comme durable. Ainsi, le dänikenisme prend ses apparences d'une excroissance pathologique de la pensée occidentale : ne saurait être pathologique que ce qui s'inscrit dans la norme par sa constance. (222)
Cette nouvelle croyance serait la réponse à une nouvelle angoisse, matérialiste et athée, que l'on s'efforce d'apaiser en peuplant le ciel vide de Dieu et de ses anges avec de nouvelles divinités, afin de substituer l'attente du retour des extraterrestres à l’espérance millénariste du retour du Christ. (75)
Il est probable que les attentes dont on se plaint que ni la science ni la religion ne les comblent, soient suscitées justement par notre science et par notre religion, chacune insistant sur les besoins que le camp adverse est manifestement incapable de satisfaire. (297)
Selon John F. Schumaker, l'homme, étant une "créature hypnotique", aime passionnément l'illusion qui lui permet de vivre en état d'anesthésie psychique et d'échapper ainsi à la réalité dont le chaos lui serait autrement insupportable. (68)
Les anciens astronautes du dänikenisme ont repris le rôle des Illuminateurs théosophiques teintés d'imagerie coloniale, en conséquence de quoi ils pouvaient hériter également de leurs œuvres. (207)
Si ce sont des fous, alors ils sont rudement nombreux. (14)