II - La Mutabilité
Dans sa marche à travers le monde, le Destin
Compose avec les bruits de chute et d'agonie
Une mélancolique et subtile harmonie
Qui vibre jusqu'à nous comme un concert lointain.
C'est un éternel chant dont le sens n'est distinct
Que pour le cœur pensif et l'âme recueillie.
Le Vrai ne périt pas, mais sa forme vieillie
Se fond comme le givre au soleil du matin.
Elle s'abime encor, pareille à la tour fière
Portant royalement la couronne de lierre
Sur son vieux front vainqueur des siècles et des vents,
Mais que demain, fera crouler sans violence
Une clameur subite au milieu du silence,
Ou l'inimaginable attouchement du Temps.
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