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Critiques de Wladimir Granoff (1)
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La transmission de pensée

Le texte de Freud sur « Psychanalyse et télépathie » n’occupe qu’une partie succincte de cet ouvrage. Il est fondamental pour comprendre la prise de position de Freud à l’égard de l’occultisme.





« Il ne va pas de soi que le renforcement de l’intérêt pour l’occultisme signifie un danger pour la psychanalyse. Entre les deux, c’est au contraire à une sympathie réciproque que l’on aurait pu s’attendre. Ils ont en commun d’avoir subi de la part de la science officielle le même traitement dédaigneux et hautain. »





Freud cultive ce qu’il pense être un trait caractéristique de la pensée psychanalytique : l’ouverture au champ de l’inconnu, auquel l’occultisme appartient. Il relate quelques cas cliniques foireux de médiumnité. Les prédictions tombent à côté de la plaque, mais si elles font malgré tout si forte impression, c’est parce qu’elles révèlent au consultant un grand espoir tenu hors de portée de la conscience. « […] ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre » mais « un souhait extraordinairement fort [qui] […] peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre », en l’occurrence le médium.





Freud reconnaît la possibilité, pour un individu (le médium) de métaboliser sous forme de paroles les pensées et les désirs les plus insistants d’un autre, venu à la consultation médiumnique dans l’espoir d’entendre quelque chose de sa vérité – position proche de celle de l’analysant lorsqu’il s’adresse à l’analyste. Mais alors que le médium ignore et ne veut rien savoir de ce qui se produit, renvoyant à l’autre ses pensées comme si elles venaient d’ailleurs, d’une autorité surplombante, d’un autre fantasmatique, le positionnement éthique de l’analyste implique de ne pas jouer sur cette illusion qui ne fait que continuer à éloigner le sujet de la possibilité de devenir responsable de sa parole, en quête de son désir.





Alors que « la grande majorité des occultistes n’est pas poussée par une soif de savoir, ni par la honte de la négligence et de la méconnaissance où la science s’est tenue par rapport à des problèmes indéniables, ni par le désir de s’approprier de nouveaux champs de phénomènes », et qu’elle entraîne ainsi la résurgence de « la vieille croyance religieuse, celle qui a été repoussée par la science dans le cours du devenir de l’humanité, ou une autre plus proche encore des convictions surmontées des primitifs », Freud rappelle sa volonté d’inscrire la psychanalyse dans une démarche continuellement critique. « On apporte des attentes dans le travail, mais on doit les repousser. Par l’observation, l’on est amené à rencontrer tantôt ici et là quelque chose de nouveau, les fragments ne tiennent d’abord pas ensemble. On fait des suppositions, on fait des constructions auxiliaires, que l’on retire, si elles ne se vérifient pas, il faut beaucoup de patience, il faut être prêt à toutes les éventualités, on renonce aux convictions prématurées pour que leur pesée n’empêche de voir des facteurs nouveaux et inattendus, et pour finir la dépense s’avère payante, les trouvailles éparses s’assemblent, on acquiert une vue sur tout un pan du Seelischen Geschehens, la tâche est accomplie et l’on est libre dès lors pour la suivante. »





Le court essai de Freud est accompagné d’un commentaire de Wladimir Granoff et de Jean-Marie Rey consacré aux questions de la traduction et de l’intertextualité freudienne, plutôt lourd et imbuvable par son style, imitation ratée (car forcée) de Lacan. Voici un exemple type : « car il s’agit ici d’un livret. Il est fourni en plus. Qu’il soit court ne devrait pas empêcher de le voir en position tierce. Non seulement un de plus, lorsqu’il y en a déjà deux, mais encore effet de la place tenue par le tiers. Qu’en toute rigueur le tiers soit en position quarte, nous le concéderons par avance à la critique de l’esprit chagrin. » On comprend cependant que Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey se sont défoncés pour nous fournir une traduction dont chaque mot a été minutieusement pesé, et nous les en remercions.

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