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3.08/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Strasbourg , le 07/09/1924
Mort(e) à : Neuilly-sur-Seine , le 02/02/2000
Biographie :

Wladimir Granoff est psychiatre et psychanalyste. Cofondateur de l'Association psychanalytique de France. Membre-fondateur du musée Bugatti de Prescott.

Né en Alsace, dans une famille juive de Russie émigrée en France après l'échec de la révolution de février 1917, il vécut son enfance et une partie de son adolescence avec un passeport d'apatride et grandit dans un milieu où l'on parlait depuis longtemps et couramment le français et l'allemand à côté du russe.

Ayant appris très tôt l'anglais, il s'exprimait et écrivait dans ces quatre langues. Polyglotte, qui ne fut pas qu'épris de psychanalyse mais aussi de musique, de belles et anciennes automobiles, de jardins et de cuisine, qui ne détestait rien tant que la bêtise et la mesquinerie, qui adorait la vie, celle de l'esprit, de l'inconscient et des sens.

Proche compagnon de Lacan, avec François Perrier et Serge Leclaire, Wladimir Granoff le quitta lors de la scission, en 1963, de la Société française de psychanalyse. Cette rupture n'alla sans doute pas sans quelques souffrances, qu'Elisabeth Roudinesco évoqua discrètement dans l'Histoire de la psychanalyse en France.

Qu'il s'agisse de ses travaux sur la sexualité féminine ou de ses recherches aussi patientes que passionnées sur la transmission, exprimées dans son beau livre Filiations (éditions de Minuit, 1975), Wladimir Granoff laisse une ouvre qui atteste des qualités d'un clinicien que n'effrayait pas la théorie la plus exigeante.
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Source : germinalyse.blogspot.com
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Car il s’agit ici d’un livret. Il est fourni en plus. Qu’il soit court ne devrait pas empêcher de le voir en position tierce. Non seulement un de plus, lorsqu’il y en a déjà deux, mais encore effet de la place tenue par le tiers. Qu’en toute rigueur le tiers soit en position quarte, nous le concéderons par avance à la critique de l’esprit chagrin.

[GRANOFF Wladimir, REY Jean-Michel]
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Le patient, en mars dernier, se décida à consulter la diseuse de bonne aventure, et il lui proposa la date de naissance de son beau-frère, sans bien entendu le nommer ou lui révéler qu’il pensait à lui. L’énoncé de l’oracle fut : en juillet-août prochain, cette personne mourra d’un empoisonnement causé par des écrevisses ou des huîtres. Après m’avoir raconté cela, il ajouta : c’est vraiment faramineux.
Ne comprenant pas, je lui répliquai vigoureusement : qu’y a-t-il de si faramineux ? Voilà déjà plusieurs semaines que vous êtes revenu chez moi ; si votre beau-frère était effectivement mort, vous me l’auriez raconté depuis longtemps ; il est donc toujours vivant. La prophétie s’est produite en mars, elle devait s’accomplir au milieu de l’été, nous sommes maintenant en novembre. Elle ne s’est donc pas réalisée, qu’y trouvez-vous de si merveilleux ?
Il me répondit : bien sûr que ce n’est pas arrivé. Mais ce qui est remarquable, c’est ceci : mon beau-frère est un grand amateur d’écrevisses, d’huîtres, etc., et il a effectivement été empoisonné par des écrevisses en août de l’année dernière, et il en est presque mort. Il n’en fut plus question.
Voulez-vous que nous discutions maintenant ce cas.
[…] L’affaire s’explique sans reste, si nous voulons admettre que ce savoir s’est transféré à elle, la soi-disant prophétesse, par des voies inconnues excluant les modes de communication qui nous sont connus. C’est-à-dire qu’il nous faut conclure : il y a du transfert de pensée. Le travail astrologique de la diseuse de bonne aventure y a joué le rôle d’une activité qui détourne et occupe de façon anodine ses forces psychiques de manière à ce qu’elle puisse recevoir et transmettre l’effet des pensées d’un autre, devenir un véritable « médium ». Nous connaissons par exemple dans le trait d’esprit de semblables arrangements, lorsqu’il s’agit d’assurer à un processus psychique une décharge plus automatique.
Mais l’analyse fournit à ce cas un surcroît de sens. Elle nous apprend que ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre, mais qu’un souhait extraordinairement fort de quelqu’un […] peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre […]. On pourrait reconstruire le cours des pensées du jeune homme après la maladie et le rétablissement du beau-frère haï comme rival. Bien, ce coup-ci c’est vrai qu’il en a vraiment réchappé, mais c’est bien pourquoi il ne va pas renoncer à ce goût dangereux et, la prochaine fois, espérons qu’il en mourra. C’est cet « espérons » qui est transformé en prophétie.
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Le travail de Jones se situe décisivement dans la perspective de la philologie qui se double d’un travail sur la mythologie indo-européenne. Rappelons que c’est à l’humanité comme telle que Jones adresse son travail, dans l’intention de la prévenir davantage contre toute forme religieuse de la superstition.

[GRANOFF Wladimir, REY Jean-Michel]
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Ma propre vie, ainsi que je l’ai déjà déclaré publiquement, a été particulièrement pauvre du point de vue de l’occulte. Le problème du transfert de pensée vous paraîtra peut-être mineur en comparaison de la grande magie de l’occulte. Mais pensez seulement aux conséquences du pas, au-delà de notre point de vue à ce jour, que nous ferions rien qu’en acceptant une telle supposition. Ce que le gardien de Saint-Denis avait coutume d’ajouter au récit du martyre du saint reste vrai. Après qu’on lui eut coupé la tête, saint Denis l’aurait ramassée, et s’en serait allé la portant sous son bras. Et le gardien ajoutait : Dans des cas pareils, ce n’est que le premier pas qui coûte. Après, cela va tout seul.
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Il ne me semble plus possible de repousser l’étude de ce que l’on appelle les phénomènes occultes, ces choses qui prétendument cautionnent l’existence même des forces psychiques autres que celles que nous connaissons chez l’homme et chez l’animal, ou qui dévoilent chez l’un et l’autre des facultés auxquelles jusque-là on ne voulait pas croire. La pente vers ces recherches paraît irrésistible ; durant ces courtes vacances j’ai eu trois fois l’occasion de refuser de collaborer à des périodiques de création récente consacrés à ces études. Et nous croyons comprendre d’où ce courant tire sa force. A côté de l’expression de la dévalorisation qui, depuis la catastrophe mondiale de la grande guerre, atteint ce qui tenait encore, ce courant constitue aussi un échantillon du tâtonnement face au grand bouleversement qui se rapproche et dont on ne peut encore deviner l’ampleur, c’est à coup sûr un essai de compensation, le recouvrement dans un autre domaine – c’est-à-dire le domaine supraterrestre – de ce que la vie sur cette terre a perdu en attrait. En fait, bon nombre de processus des sciences exactes peuvent avoir favorisé ce développement. La découverte du radium a embrouillé autant qu’élargi les possibilités d’explication du monde physique, et la connaissance acquise récemment de ce qu’on appelle la théorie de la relativité a eu pour beaucoup de ceux qui admiraient sans comprendre l’effet d’amoindrir la confiance dans la crédibilité objective de la science.
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Car si les occultistes jouent entièrement sur le registre métaphorique qu’ils visent à étendre à l’infini, Freud, bien au contraire, va, de 1921 à 1932, dans la direction inverse, celle qui vise à restreindre le registre des métaphores tout autant que l’espace qu’elles peuvent occuper. C’est là une dimension essentielle de sa démarche, et c’est aussi ce qui permet à Freud de proposer la possibilité d’un bout de chemin commun avec les occultistes. La limite de cette communauté possible se repère sans difficulté. Car à l’inverse des occultistes dont la démarche est anticipée comme pouvant échapper à tout scrupule, à tout principe autre que son propre succès, à toute recherche autre que l’éclat noté comme éblouissant de sa réussite, la liberté que Freud se donne dans le choix de ses métaphores doit être sans cesse renégociée à chaque tournant.
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Dates [de 1921 à 1932] entre lesquelles l’occulte apparaîtra de plus en plus comme un objet de discours. C’est précisément ce dont Freud se débarrasse assez vite et par rapport à quoi il introduit une distance qui ira en croissant.

[GRANOFF Wladimir, REY Jean-Michel]
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La grande majorité des occultistes n’est pas poussée par une soif de savoir, ni par la honte de la négligence et de la méconnaissance où la science s’est tenue par rapport à des problèmes indéniables, ni par le désir de s’approprier de nouveaux champs de phénomènes. Ce sont au contraire des gens convaincus qui recherchent des confirmations, qui veulent une justification pour avouer ouvertement leur croyance. Mais la croyance dont ils font montre eux-mêmes et qu’ils veulent imposer à d’autres est la vieille croyance religieuse, celle qui a été repoussée par la science dans le cours du devenir de l’humanité, ou une autre plus proche encore des convictions surmontées des primitifs.
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Freud indique des directions plutôt qu’il ne les explicite. La grande audace dont il fait preuve dans cette perspective consiste notamment à ne pas se prononcer sur la nature de tel ou tel phénomène relevant de ce qui se nomme l’ « occultisme » ou la « télépathie ». Où il ne faut pas voir uniquement une pratique de l’ordre de la suspension de jugement, mais plutôt, un ensemble de gestes par lesquels Freud se donne pour ainsi dire le temps de mettre en rapport des processus qui n’ont en apparence rien à voir les uns avec les autres ; des gestes par lesquels il s’agit très précisément de redistribuer les frontières reconnues de longue date dans l’ordre du « psychique ».
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En effet, il [Freud] annonce qu’il sait qu’une attitude raisonnablement sympathique vis-à-vis de son travail l’engagerait à un double mouvement dont les deux volets apparaîtraient complémentaires. Le premier serait en apparence de ne pas transiger sur les critères d’une démarche scientifique et d’écarter impitoyablement (unerbittlich) tout l’occulte (alles Okkulten). Mais comme d’un autre côté l’indémontrable (le non-probant, le non-prouvé), qui engagerait à cette mise à l’écart (Ablehnung) impitoyable, laisse en même temps sa trace et son reste de mystère, l’autre volet serait un théisme modéré (« einem gemässigten Theismus »), en somme une religiosité de bonne compagnie, de bonnes manières. C’est à cela, il le sait, c’est évident (gewiss), que la préférence de son public attitré (« Ihnen ware es [gewiss] lieber ») l’engagerait à se tenir.
Mais voilà, pas de chance ! C’est le lecteur (l’auditeur sympathisant) qui a manqué de chance, car ses critères scientifiques ne sont justement pas ceux de Freud. C’est précisément l’incertitude, l’inconsistance, la flaccidité des critères scientifiques du sympathisant qui sapent radicalement sa position.

[GRANOFF Wladimir, REY Jean-Michel]
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