Xavier Delestre

Rendre à César…
C’est l’archéologie subaquatique qui a donné naissance à l’une des plus belles découvertes et par le même tour à une incroyable polémique dont la conclusion est loin d’être définitive.
Nous sommes en 2007 et le Rhône accepte de nous dévoiler l’un de ses remarquables secrets : un buste en marbre énigmatique (…) La sculpture est belle, c’est incontestable, mais le mystère demeure quant au modèle qui l’inspira. S’agit-il de l’auguste César ? (…) Quelles caractéristiques morphologiques pourrait-on attribuer sans conteste à l’illustre personnage ? (…)
On connait d’autres portraits de César parmi lesquels celui conservé au musée de Turin : un front large et saillant, une calvitie naissante coquettement habillée d’une mèche place vers l’avant, une certaine déformation de la boite crânienne ; un détail gène cependant : l’oreille se trouve au même niveau que le nez, ce qui, malheureusement n’est pas le cas sur notre buste (…) César ou non, personne ne peut trancher pour le moment mais tous s’accordent : nous sommes bel et bien devant un véritable trésor culturel s’inscrivant sans peine dans le corpus d’œuvres d’art retrouvées comme la Vénus d’Arles, fameuse d’entre toutes.

Sur l’actuelle commune de Saint-Rémy-de Provence, Glanum est situé au débouché d’un passage qui échancre la chaîne des Alpilles. Il est sans doute le site indigène le plus grec de Provence ! Des prospections ont montré qu’une première occupation remontait au 1er millénaire avant J.C., mais les vestiges les plus nets, ceux de la ville protohistorique, dates des VI et VII siècles avant J.C La ville s’étendait alors sur les contreforts rocheux du Mont Gausier sur une vingtaine d’hectares protégée par un rempart en pierres sèches.
Une fontaine guérisseuse associée aux dieux glaniques est à l’origine de la ville. La ville héllenique se développe à partir du II siècle avant J.C. et connaît son âge d’or jusqu’au er siècle avant J.C. où les romains matent une ultime révolte des Salyens dont la capitale est probablement l’oppidum d’Entremont (Aix-en-Provence).

Sur cet «art des cavernes» comprenant aujourd'hui sur le territoire national un corpus de plus de trois cents sites dont les premières apparitions remontent a trente-cinq mille ans, qualifie tantôt d'art naturaliste, expressionniste, flamboyant ou bien encore maniériste, la recherche progresse avec en corollaire un foisonnement des questionnements et des interprétations qui changent, de l'art pour l'art au chamanisme passant par le structuralisme. Des chercheurs anglo-saxons allant jusqu'à considérer que ce que nous nommons à présent « art préhistorique » n'en est pas un mais simplement l'expression d'un désir fonctionnel, celui d'agir sur les esprits. Il est aussi frappant de noter que cet art des origines est demeuré longtemps en dehors du champ de l'histoire de l'art sans doute pour des raisons institutionnelles, scientifiques ou épistémologiques. Des publications récentes corrigent cet état de fait en portant son regard sur l'éventuelle diversité des langages figuratifs.