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Critiques de Xavier de La Porte (4)
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La controverse pied/main : Hypothèses sur l'h..

La controverse pied/main. Hypothèses sur l'histoire du football est un court essai - à se demander si l'auteur ne l'a pas écrit pour être lu pendant le temps réglementaire d'un match de football, voire éventuellement en allant jusqu'à la prolongation - du trop rare - du moins à l'écrit - Xavier de La Porte*. Dans cette controverse, Xavier de la Porte présente cinq hypothèses sur le football et relate un match de football singulier se déroulant dans le Londres de 1315** et servant de fil rouge dans l'essai. le point de départ de la controverse est que « de tous les sports pratiquées à grande échelle, le football est le seul qui proscrive, pour l'essentiel du jeu, la main et ses prolongements. Qu'il soit devenu ce qu'il est, et pas autres chose, est une conséquence logique de cette proscription initiale » (p. 3)



Avant la naissance officielle du football, les collèges et clubs anglais pratiquent un sport dans lequel il faut porter un ballon dans le camp adverse. En 1863, et après de nombreuses réunions, il est décidé par l'ensemble des collèges et clubs de créer la Football Association (Fédération anglaise de football) et de codifier la pratique de ce jeu qui devient alors un sport. La décision est prise de proscrire la main pour les joueurs de champ (sauf pour la touche) et d'en autoriser, mais d'en limiter, l'utilisation pour le gardien de but. Ce qui est étonnant, c'est que la décision est prise de proscrire la main dans une activité déjà existante : « Il est notable que le football moderne n'est ni une création ex nihilo, ni la formalisation d'une pratique qui excluait déjà la main, mais bien le choix d'exclure la main d'une pratique qui, jusque-là, l'acceptait. » (p. 8) L'hypothèse de Xavier de la Porte pour expliquer cette décision est celle du contexte de l'époque : en effet, en 1859, Charles Darwin publie L'Origine des espèces dans lequel il apporte des preuves de la descendance avec modification. Pour ce faire, il prend l'exemple de la main et montrer qu'il a ascendance d'un ancêtre commun chez l'homme et les animaux. Et en 1863, Henry Huxley, arrière-grand-père d'Aldous Huxley, va montrer que « c'est bien la bipédie (plus que la bimanie) qui caractérise l'homme » (p. 9). Ainsi, le choix du pied contre la main par la Football Association serait en quelque sorte logique/naturel et le football serait le « seul sport évolutionniste » (p. 14)



En plus cette hypothèse, Xavier de la Porte revient sur d'autres hypothèses et faits du football :



- la différence très tôt entre deux conceptions du football : une conception bourgeoise caractérisée par « le dribbling game (recherche de l'exploit personnel par des dribbles) » et une conception ouvrière caractérisée par « le passing game (organisation collective à base de passes) » (p. 32). Ces deux conceptions se retrouvent également au niveau des schémas tactiques : passage du 1-1-8 au 4-4-2 ou 4-3-3*** ou dans l'invention du « football total » par l'équipe des Pays-Bas (Totaalvoetbal en néerlandais) dans lequel l'ensemble des joueurs (hors le gardien de but) participe à l'ensemble des tâches****;



- les rapports entre le football et le territoire : au niveau du sport lui-même avec les différents schémas tactiques, c'est une forme d'occupation du territoire, du choix de l'équipe que l'on supporte (notamment dans les villes où il y a plusieurs équipes comme à Milan, Rome, ou Londres) et également dans les enjeux territoriaux entre les nations - par exemple, « En 1969 suite à un match houleux entre le Honduras et le Salvador l'aviation du Salvador a bombardé la capitale du Honduras » (p. 41) ou dans les affrontements entre les supporters du Dinamo Zagreb et de l'Étoile Rouge de Belgrade***** ;



- la place à part du gardien de but : il est le seul autorisé à utiliser les mains pour se saisir du ballon dans le cours du jeu mais cet usage est strictement encadré et à tendance à se restreindre de plus en plus. le gardien de but est ainsi « le seul héros véritablement tragique du football », qui connaît l'angoisse lors du pénalty comme l'écrira Peter Handke et aussi « le personnage du contraste » (une loi du football stipule qu'il doit porter une tenue aux couleurs le distinguant des autres joueurs, de l'arbitre et des arbitres assistants).



La controverse pied/main se joue à un rythme effrénée - si elle était une tactique de football, elle serait du « football total ». Xavier de la Porte enchaîne les hypothèses et les références comme une équipe de football enchaînerait les passes - on croise Marx, Kant, Anaxagore, Giraudoux et aussi des grandes figures du football tels que Platini, Pelé, Maradonna et sa main de Dieu évidemment, l'entraîneur Bill Shanky auquel David Peace a dédié son Rouge, Sandor Kocsis de la grande équipe hongroise des années 1950 ou Stanley Matthews. Cette érudition est mise au service d'une belle démonstration, d'un plan de jeu et permettra d'avoir une autre vision du "sport de manchot" (p.10)



* On lui doit également un livre sur Bernard-Henri Lévy, le B-A-BA du BHL, la coordination de le Sport par les gestes et la récente publication des chroniques de Ce qui nous arrive sur la toile, La tête dans la toile.



** Le match fait intervenir Stanley Matthews, considéré comme l'entraîneur le plus célèbre de l'Angleterre. À noter qu'il existait déjà des jeux de balle aux pieds comme la soule avant la création du football.



*** C'est le positionnement des dix joueurs de champ : un 1-1-8 signifie donc 1 défenseur, 1 milieu et 8 attaquants, tandis qu'un 4-4-2 signifie 4 défenseurs, 4 milieux et 2 attaquants. À noter que le gardien de but est (de nouveau) mis de côté. Néanmoins avec l'avènement du gardien libéro à la Emmanuel Neuer, le gardien entre de plus en plus dans le champ.



**** Cf. cette vidéo du match Pays-Bas vs. Uruguay de 1974 : https://www.youtube.com/watch?v=M5YLG57a2GE et ce qu'en écrit Alessandro Baricco dans Une certaine vision du monde. Cinquantes livres que j'ai lus et aimés.



***** Cf. le dernier pénalty : Histoire de football et de guerre de Gigi Riva pour plus de détails à ce sujet.
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Vacarme, n°62 : Mille milliards de critiques

La modernité yiddish devint l’écho sonore du monde, absorbant ce qui venait de chaque langue et qui passait par la sienne propre



« mille milliards de critiques » ouvre ce numéro : et comme les auteur-e-s « Réjouissons-nous plutôt d’en avoir fini avec le temps où seules des voies accréditées pouvaient se faire entendre, où la valeur d’une critique se mesurait à la place de son énonciateur dans l’ordre du discours, aux autorisations sociales, culturelles, symboliques dont celui-ci pouvait se prévaloir, ce qui conduisait souvent la critique elle-même à s’incliner très bas devant les valeurs instituées et à confirmer le privilège : journaux de référence, critique de déférence », même si je suis moins optimisme sur ce sujet. Critiques, goût de la critique « désir de changer la donne, de rebattre les cartes, ou du moins d’essayer ». Nous sommes toutes et tous des critiques de plein droit, d’égalité des droits « égale dignité des voix, égale dignité des objets, égale dignité des perspectives ».



Des œuvres et des critiques. Des caresses dans le sens du poil, des complaisances polies, des absences de critique justement « Car la raréfaction d’une violence critique étayée trahit une difficulté à proposer des valeurs – éthiques, esthétiques, politiques – à l’aune desquelles envisager les œuvres ».



En rappelant le mot d’ordre de Jean-Luc Godard « les travellings sont une affaire de morale » et le cinglant « abjection d’un plan » de Jacques Rivette, les auteur-e-s lient choix formel et position esthétique « 1/ une œuvre est toujours la proposition d’une manière d’habiter le monde et appelle à ce titre une réponse, fût-elle véhémente. 2/ Aimer certaines œuvres ne va pas sans en exécrer d’autres ».



Ils et elles nous proposent, entre autres, de lire par exemple La Chartreuse de Parme « comme si elle n’avait jamais été lue », de porter un regard risqué « donc intéressant » sur une œuvre faisant l’unanimité. J’aurais choisi, pour ma part, une œuvre du siècle suivant, laissée sur le bord du chemin, loin de l’unanimité, une œuvre pour flâneuses et flâneurs.



Les auteur-e-s, à propos, des vocables accolés aux œuvres musicales nous invitent « Décrétons un moratoire pour une vingtaine d’années sur l’usage de ces mots qui, chaque semaine, encombrent nos oreilles, ne rendent pas compte de ce qui a été écouté mais comblent l’incapacité à se saisir de l’expérience d’une écoute ».



Et pour en revenir aux livres, pourrait-on inventer une critique « dans une marge qui sera digérée par le texte et deviendra texte lui-même » ?



Critiques comme cris esthétiques, comme cris politiques, sans oublier malicieusement la critique des critiques…



Parmi, les autres textes, j’ai notamment apprécié l’entretien avec Gaëlle Krikorian sur l’ACTA « Récit d’une victoire (#pasencoretotale) » et l’insistance sur les communs ou le partage ; le texte de Sacha Zilberfarb « parades des vivants » sur la série Treme « L’intelligence de Treme est sans doute d’avoir voulu placer son regard au cœur de cette contradiction, qui consiste à montrer un lieu en effacement, contraint de se soustraire aux regards extérieurs pour ne pas se réifier, mais risquant la disparition à ne pas être regardé » ; les « portraits joués » de Gilles Raynaldy, « Leurs yeux baissés. Des portraits qui font voir l’attente » ; la spectatrice d’Holy Motors, Pascale Monnier « et si nous n’étions pas morts ? » ; ou le texte de Rachel Ertel « la permanence du yiddish » dont est extrait le titre de cette note. L’auteure y indique, entre autres :



« La réalité de la permanence est un flux constant, la seule permanence est la fluidité, la transformation, la métamorphose, l’ubiquitaire, le polysémique, la mutation, le polymorphe »



« Si je déplore les guerres et la misère, je suis loin de déplorer le métissage et la bâtardise, fondement même de la langue yiddish, qui peu à peu deviendra le paradigme de langues de plus en plus nombreuses. Car la vie est dans la mutabilité, sa permanence est dans la mutabilité »



« Le yiddish avait représenté à la fois l’intime, le collectif et le politique »



Le numéro se termine par un entretien avec Archie Shepp « I have to see that evening sun go down »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Le sport par les gestes

Le sport par les gestes n’est pas un roman, il s’agit d’un recueil qui rassemble différents geste que l’on trouve dans le sport, décrit et expliqué par différents auteurs (14, ou 15 je ne sais plus), chacun ayant son propre style. Loin d’une description plate, le livre, clairement subjectif parfois, use d’un ton proche du roman et se sert souvent de geste peu commun (l’alimentation dans le cyclisme, agiter le drapeau à damier en F1), ce qui surprendra l’amateur de sport. D’ailleurs, le terme est ici intéressant puisqu’il désigne les auteurs. Non pas des professionnels, ils sont seulement des amateurs de sport qui aime à en regarder de temps à autres comme tout le monde.

Pas toujours facile à aborder du fait de styles, certes différents, mais souvent bien marqué, le livre n’hésite cependant pas à faire preuve d’humour, tout en faisant souvent des descriptions claires des gestes, importants, choisit.

On aime ou pas Le sport par les gestes (réservé tout de même à ceux qui s’y intéressent un minimum). Pour ma part, je l’ai trouvé sympathique, bien que certaines « études » soient un poil trop longue.
Lien : http://www.jeuxvideo-live.co..
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Le sport par les gestes

Un drôle de livre : une compilation de courts textes jouant avec des gestes de sportifs vus à la télévision. Les textes sont littéraires puisque écrits par des romanciers, philosophes, et autres personnalités du livre, des métiers, ou de rien de particulier. Le contenu scientifique est

extrêmement réduit, voire inexistant. Cela en fait-il un livre inintéressant pour autant ? Pas tout à fait : on y lit au détour des pages les noms d’Aristote ou Galilée, on y apprend des bouts de l’histoire du sport, on y lit en filigrane récits personnels et expériences collectives. Un livre pas très

sérieux, mais écrit sérieusement et avec goût
Lien : http://www.dev.scienceenlivr..
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