Les colonnes de poussière ont disparu. A présent, elles doivent voler quelque part dans la nuit. Au clair de lune, elles étincellent comme en plein jour. Et dans la pénombre, elles sont encore plus majestueuses... Mais à présent, elles sont éteintes l'une après l'autre, elles se sont retirées dans leurs tanières. Le vent ne souffle plus, pas une feuille ne bouge. Une nuit d'août, fraîche, douce comme la soie. Le ciel est lumineux, tapissé d'étoiles qui tournoient en lançant des étincelles. Elle glissent d'un bout à l'autre du ciel, par masses. Tout un fouillis d'étoiles dans le ciel...
[Yachar KEMAL/ياشار كمال , "Meurtre au marché des forgerons" ("Demirciler çarşısı cinayeti", 1973), traduit du turc par Münevver Andaç, éd. Gallimard (Paris), 1981 ‒ chapitre 1, pages 36-37 en coll. de poche "folio"]