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Critiques de Yash Tandon (2)
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Le Commerce C'Est la Guerre

Si vous n’écrivez pas votre propre histoire, d’autres le feront pour vous



Comme l’indique Jean Ziegler dans une courte préface, le livre traite de « l’arme du commerce international ». Il ajoute : « Son ouvrage n’est pas un livre d’utopie, mais un manuel de combat. Sa lecture s’impose à tout homme,toute femme, engagés dans la lutte multiforme pour briser l’ordre cannibale du monde ».



Un livre écrit souvent à la première personne. L’auteur part de son expérience, de son travail, de sa connaissance des modalités pratiques des négociations, pour alimenter ses analyses. Un livre au point de vue situé et non abstrait, un livre engagé… « Ce livre traite du système commercial mondial que je décris comme une « guerre ». Si des pays de petite ou moyenne taille « ne suivent pas les règles », telles que dictées par les grandes puissances qui ont le contrôle de l’OMC, alors ils sont – collectivement ou individuellement – sujets à sanctions. »



Dans son introduction, Yash Tandon parle aussi du vernis idéologique recouvrant les injustices du système commercial, des ripostes et des résistances, des deux cotés de la « guerre », du fonctionnement de l’OMC « sur la base de la conspiration », des réalités de « l’aide au développement », des négociateurs africains, des conférences internationales, de guerre commerciale, des « Accords de partenariat économiques » (APE)…



Il historicise le commerce mondial et évoque le commerce des esclaves, la colonisation de l’Inde, les guerres de l’opium et la Chine, le dépeçage de l’Afrique à Berlin en 1884-85… Et souligne que « Le résultat d’une guerre n’est jamais unilatéral ».



Sommaire :



Chapitre 1 : Introduction



Chapitre 2 : L’OMC, arène de la guerre commerciale mondiale



Chapitre 3 : Les APE : la guerre commerciale de l’Europe contre l’Afrique



Chapitre 4 : Les guerres de la propriété intellectuelle et technologique



Chapitre 5 : Les sanctions commerciales comme actes de guerre



Chapitre 6 : De la guerre à la paix : théorie et pratique d’un changement révolutionnaire



Yash Tandon analyse le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), parle des « lunettes roses de l’économie libérale », du fondamentalisme du libre-marché, des incantations et du formalisme mathématique, du langage arithmétique et des métaphores, des sociétés transnationales, du double langage autour des « normes », des cycles de « négociations »…



« L’OMC est cette toile d’araignée dans laquelle les araignées et les mouches « jouent » leur divertissement mortel »



J’ai notamment apprécié les paragraphes sur « Les nouvelles questions de l’agenda de l’OMC » (Agriculture, droits de propriété intellectuel, services, normes, politiques d’investissement, politique de concurrence, échanges…) ou « les raisons de la détérioration de la sécurité alimentaire au Sud »…



L’auteur détaille la guerre commerciale menée par Union Européenne contre les pays africains, la place de la notion de « préférence » et ses effets structurels, le traitement de l’agriculture comme une simple marchandise, les résistances en particulier dans l’Afrique de l’Est, la nécessité de briser les structures de la dépendance…



Je souligne particulièrement le chapitre sur « Les guerres de la propriété intellectuelle et technologique », l’appropriation mercantile de l’héritage commun de l’humanité. L’auteur rappelle que « le savoir partagé revient à multiplier le savoir », montre les conséquences de la privatisation des savoirs, en particulier par les compagnies pharmaceutiques, l’impact sur les droits des paysan-ne-s, et parle de la criminalisation des « violations » de la propriété intellectuelle, des guerres technologiques, des semences agricoles, des OMG et des semences hybrides, des savoirs traditionnels, des médicaments génériques, des combats en Inde et en Afrique du Sud, des « méthodes illicites » pour empêcher l’industrialisation du « Sud »…



Yash Tandon examine en détail les « sanctions commerciales » (Ouganda, Zimbabwe, Cuba, Iran), de véritables « actes de guerre »…



Guerres commerciales, impérialisme qui « n’est pas n’importe quelle relation entre deux puissances inégales », guerres pour les ressources (Nigeria, Somalie) et toujours « une active résistance depuis la base s’exerce toujours »…



L’auteur revient sur les mouvements de libération nationale, l’histoire du capitalisme et soumet de propositions autour du « découplage », de la valeur d’usage, de « stratégies pour lancer des milliers de bateaux sur l’océan »…



Certains argumentaires et commentaires me semblent plus discutables. Par exemple, sur l’impérialisme, la Russie, les BRICS, la centralité de l’oppression des nations… Sans oublier l’absence de prise en compte des rapports sociaux de classe en Afrique et l’oubli plus général des rapports sociaux de sexe, des impacts agravés de cette guerre sur les populations féminines…



Quoiqu’il en soit, un petit livre, très documenté sur le libre-échange, le commerce, particulièrement en Afrique. Oui, « le commerce, c’est la guerre »




Lien : https://entreleslignesentrel..
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En finir avec la dépendance à l'aide

« Notre but est de prendre la mesure de l’importance de l’aide et d’essayer d’en séparer le bon grain de l’ivraie. Il est de comprendre ce qu’est l’aide, dans ses différents aspects, et de la situer dans un contexte politique et historique adéquat. »



Yash Tandon interroge « Un gouvernement dépendant de l’aide est-il responsable envers son peuple ou envers les donateurs qui le financent ». Quels peuvent être les droits démocratiques des citoyen-ne-s, si la responsabilité est détournée, si les choix « nationaux » deviennent sans valeur, ou soumis au dictat des donateurs ?



Les instances internationales imposaient/imposent « des orientations idéologiques en s’appuyant sur des relations de pouvoir asymétriques ou sur la menace de sanctions collatérales » aux pays les moins développés. Aujourd’hui,elles déploient les mêmes politiques au cœur de l’Europe. Comment ne pas faire le rapprochement avec la situation grecque et les pressions de la Communauté européenne (et de tous les libéraux) pour refuser à la fois un audit de la dette, le verdict des urnes et exiger le déploiement de politiques d’austérité, refusée majoritairement par les populations. Il s’agit d’un même mécanisme de de négation des droits/choix démocratiques…



Très subjectivement, je ne pointe que quelques aspects du livre.



Aide, vous avez dit aide mais « La plus grande partie de l’aide est liée à des contreparties auprès des donateurs », une aide, oui, mais aux sociétés commerciales et industrielles du Nord.



Évaluations, non-évaluation de fait, « Il n’existe aucun corps indépendant externe, disposant de capacité opérationnelle et d’outils conceptuels propres, permettant de vérifier l’exactitude des chiffres fournis ou la pertinence des auto-évaluations collectives que livre le club des donateurs ».



Premières conclusions tirées par l’auteur :



« Il y a un besoin urgent de définir le développement du point de vue des pays en développement plutôt que de celui des donateurs. »



« On trouve dans les chiffres du CAD (Comité d’aide au développement) des montants nettement exagérés et on peut y voir un voile destiné à dissimuler la réalité des faits, soit des flux inverses du Sud vers le Nord. »



« Nous avons besoin d’une taxinomie capable de saisir la complexité conceptuelle et opérationnelle de l’aide au développement. »



Yash Tandon nous rappelle que le développement « ne peut être défini de l’extérieur », qu’il s’agit d’un « processus de renforcement de ses propres pouvoirs » et qu’avant « de décider quel rôle joue l’aide dans le processus de développement, nous devons comprendre ce que signifie le développement et ce qui constitue l’aide ».



L’auteur propose une typologie de l’aide en cinq couleurs : violette, bleu-vert, jaune, orange et rouge « Elle met en place des normes et des institutions afin de les rendre opérationnelles et sanctionner ceux qui les violent », avant d’en analyser les différentes portées et (in)-utilités.



Un second chapitre est consacré à des « Histoires de cas. Les conséquences de la dépendance à l’aide » : Zambie (1978-2002), Zimbabwe (1980-1997), Mexique (1994-1995), crise de l’Asie du sud-est (1997-1998)



L’auteur propose en chapitre 3 « Une stratégie pour en sortir. Sept étapes pour mettre fin à la dépendance à l’aide », stratégie visant à l’autodétermination grâce à la solidarité à l’échelle locale, nationale, régionale et Sud-Sud (rectifier la façon de penser, budgétiser pour les pauvres et non pour les donateurs, mettre au premier plan l’emploi et des salaires décents, créer un marché intérieur et avoir en main les ressources du pays, combler le manque de ressources, créer des institutions pour investir l’épargne nationale, limiter l’aide à des priorités nationales démocratiquement définies).



Yash Tandon revient au chapitre 4 sur « L’architecture de l’aide internationale. Structures, processus et problèmes » et propose, entre autres : « Il faudrait établir une commission vérité pour évaluer le travail du FMI au cours de ces 50 dernières années, y compris l’impact de ses politiques et recettes pour le développement ».



(En conclusion de ma note de lecture de l’ouvrage collectif dirigé par Christine Delphy : Un troussage de domestique, j’avais souhaité un livre concernant le FMI et ses dirigeants : Des plans d’ajustement structurel comme crime contre l’humanité ). Ce travail reste en effet à faire.



Et comme l’indique Samir Amin dans sa préface « Mais il faut aller plus loin et oser franchir une ”ligne rouge”. Non pas ”réformer” la Banque Mondiale, l’OMC, le FMI. Non pas se limiter à dénoncer les conséquences dramatiques de leurs politiques. Mais proposer des institutions alternatives, en définir positivement les tâches et en dessiner les contours institutionnels ».
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