A cette époque, lire n'était pas seulement fuir pendant des heures vers d'autres univers mais aussi créer une sorte de lien tacite avec mon père : les livres empilés au dessus de sa table de chevet étaient les conversations que je ne pouvais nouer avec lui. Son renfermement glacial s'émoussait quand il lisait à la lumière d'une faible lampe et son visage, en général sévère et furieux, s'adoucissait. Lorsque moi aussi je lisais, je l'imaginais, lui, et un dialogue sans mot s'instaurait entre nous.