AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Yonatan Berg (Autre)Laurence Sendrowicz (Traducteur)
EAN : 9782379510335
288 pages
L'Antilope (07/01/2021)
4/5   13 notes
Résumé :
" Je me souviens qu'enfant, j'avais envie de m'asseoir à côté des ouvriers palestiniens, d'arracher des morceaux de pain avec eux, de boire leur café turc dans les tasses minuscules qu'ils utilisaient. Je ne l'ai jamais fait. ”

En revenant sur son enfance et son adolescence à Psagot, colonie juive de Cisjordanie peuplée de Juifs pratiquants, Yonatan Berg nous fait pénétrer dans un lieu peu visité, à la fois protecteur et angoissant, bucolique et viole... >Voir plus
Que lire après Quitter PsagotVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Psagot, une implantation israélienne de colons ultra-orthodoxes dans les territoires occupés de Cisjordanie. C'est là que grandit l'auteur, qui y arrive à quatre ans.
Une Vie d'enfant où la normalité peut n'être vécu que sur le terrain de sport, dans ce village cerné de barbelés et où grouillent des soldats, et d'où l'on ne sort pas. L'autre possibilité d'évasion étant les livres, disponibles dans une Bibliothèque publique dont les responsables apparemment n'ont pas grande idée de ce qu'ils dispensent.
Une atmosphère triste voir sinistre, où l'endoctrinement et le lavage de cerveau pour attiser la haine contre l'Autre sont de premier ordre. S'y ajoute un climat glacial dans la famille, qui l'enveloppera durant toute son enfance. Une enfance où La Peur de l'environnement menaçant ( « l'odeur, la poussière, la couleur de peau, l'habillement , le visage des gens »)va devenir une constante de sa vie. Une Peur qu'ils ont en un premier temps rendu réalisable, puis l'ont convoqué et finalement l'ont généré, comme dirait Baricco «  une créature mythique », qui n'est nullement une fable, au contraire réelle, mais grossie et rendue puissante grâce à l'imagination engendrée par leurs propres actes; personne n'ayant obligé ces colons ultra orthodoxes à aller s'implanter en Territoire palestinien confisqué, qu'ils ont transformé en Far West, où les actes de vengeance, les démonstrations de force sont tolérées d'un soutien mi-caché mi-affiché du côté israélien. Une incroyable injustice, une triste réalité au su et à la vue du monde entier !
Pourtant la curiosité dépasse souvent la peur, les cerf-volants des enfants arabes qui volent sur leurs têtes, les ouvriers palestiniens qui travaillent dans le village, le marchand au coin de la mosquée où ils achètent leurs légumes.....

Yonatan Berg, dont je viens de lire le deuxième livre, nous décrit et analyse superbement cette enfance très peu normale pour ne pas dire pas du tout, à travers les structures et divers incidents,"J'en ai le coeur serré car notre enfance , la mienne et celle de mes camarades , avait beau sentir qu'il existait une autre possibilité, plus normale, nous n'arrivions pas à l'atteindre." Étrangement ceux sont les ruines d'une cité antique proche de l'implantation où Yonatan s'échappe, pour fuir l'arrogante rigidité de l'implantation et l'étouffement de sa famille pour y rêver et méditer, qui lui donneront son ticket de sortie "non seulement du village mais d'un milieu, avec son approche, son langage, sa vision du monde et ses traditions." Mais arriver à trancher net avec ses origines est très compliqué, pas facile de se dépouiller de l'enfant qu'il a été, nier tout son passé . Il cherche la voie qui le mènera du passé au présent......une voie difficile tant le mal-être d'être coincé entre le religieux et le laïc est fort.....car une éducation qui obéit à des règles très strictes et rigides et une permissivité totale sur des terres hors civilisation, qui dépend de son propre système de lois, surveille en permanence ses propres frontières est le paradoxe de la Vie des enfants et adolescents grandis sur les territoires occupés. D'autant plus que le service militaire donnera l'ultime coup de massue.

Un excellent récit intime émouvant où la Littérature sera la voie pour sa reconstruction. Une voie qui pourrait aussi être l'occasion même si infime, de pouvoir donner à ses compatriotes "la possibilité d'un autre regard? D'autres regards ?" sur l'Autre dans ce conflit crucial qui pourrit le Moyen Orient, ainsi que tous les maigres espoirs du peuple palestinien, du moins ce qu'il en reste.


"Comment expliques-tu que les gens d'ici passent tranquillement en voiture malgré le camp de réfugiés qu'ils ont sous les yeux?" me demanda Avishai.
Commenter  J’apprécie          8713
Quitter Psagot est la longue réflexion de Yonathan Berg sur sa propre enfance dans une implantation voisine de Ramallah et son émancipation de cet univers clos. Sa famille quitte Jerusalem quand Yonathan n'est encore qu'un enfant, le père né en Ukraine a un caractère assez volcanique, individualiste, qui le laissera en marge de la colonie, incompris et quelque fois violent alors que sa mère plus souple, s'accommode dans cette implantation dont elle connaît les codes. Mais l'enjeu le plus marquant est le conditionnement subi dans l'implantation où les nouvelles familles sont cooptées pour éviter que l'esprit des nationaux-religieux ne se dilue dans des idées nouvelles, où l'enseignement religieux pèse comme un carcan qui régente la vie de famille ainsi que la vie intime, où la défiance vis à vis du voisin palestinien est entretenu jusqu'à la peur toujours conditionnée et où le service militaire brutal, achève de conforter une supériorité, une arrogance et une justification de la violence. Face à ses situations, Yonathan Berg analyse de façon intelligente, objective et quelque fois poétique, le malaise dans cette société de colons, une société oppressante. Ressentant profondément le besoin de s'en échapper, il part dans des voyages pour mieux se connaître et comprendre (ou remettre en cause son passé) en Inde, en Colombie, expérimentant drogues, expériences sexuelles, rencontres avec d'autres sociétés, d'autres références pour enfin revenir et avoir un autre regard sur la société nationale religieuse qui l'a formaté.
Quitter Psagot est un témoignage sincère, profond, sans haine et humain, dans lequel Yonathan Berg nous invite dans ses réflexions intimes, et donne un éclairage particulièrement pertinent sur l'ambivalence de la vie dans une implantation en Cisjordanie. Au delà de son expérience individuelle, c'est aussi l'évocation de la difficulté de s'émanciper de son éducation, de son passé, et des expériences traumatisantes qui peuvent marquer à vie un enfant.
Un témoignage fort et impressionnant, et une plume intelligente.
Commenter  J’apprécie          353
Même si le sujet m'intéresse, j'ai abandonné car j'ai trouvé le texte trop descriptif (description de toutes les parties de la ville... et cela aurait pu être intégré à une narration qui répond au titre "Quitter Psagot"). J'attendais autre chose : on imagine que l'auteur répondra au titre après, mais une construction Description + Narration n'est pas très habile et ennuie le lecteur.
Commenter  J’apprécie          12
Les traces de l'enfance, le milieu dont on ne s'émancipe jamais entièrement, l'influence d'une jeunesse à Psagot, entre colonisation et extrémisme politique. Dans un récit intime, très structuré au risque de la répétition, Yonatan Berg décrit sa confrontation à l'autre, dissipe la fausse normalité des souvenirs et interroge son rapport au corps et à la difficile liberté face aux souvenirs de la forte cohérence coercitive vécue chez ces colons en Territoires palestiniens. Quitter Psagot, un beau récit sur les attachements de la mémoire.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
LeMonde
26 février 2021
L'écrivain israélien raconte son départ de l?implantation juive de son enfance dans un superbe récit qui ne cèle rien de la complexité de la situation.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
...nous traversions Ramallah pour nous rendre à Jérusalem, la ville juive la plus proche, là où j’allais à l’école et où travaillaient mes parents.....Ces trajets m’ont profondément marqué ....J’étais face à des gens au comportement différent , face à une architecture aux antipodes de celle que nous connaissions - inclassable, indomptée, incontrôlée. Mais ce spectacle ne résultait que d’un regard stérile et protégé par les vitres d’un habitacle clos. Les odeurs ne nous atteignaient pas....Assis sur mon siège, j’étais comme au cinéma. Ce sentiment de sécurité était procuré soit par la voix d’Avraham Fried où de Mordechai Ben David ( les stars de la musique ultra-orthodoxe ...), soit par les fenêtres totalement hermétiques d’un bus blindé. Mais quelque chose dans la friction entre l’endroit d’où nous venions et l’endroit que nous traversions était lourd de sens: nous apprenions qu’il n’y avait pas que notre langue au monde.
P.s. L’auteur enfant vit dans une implantation ultra-orthodoxe dans les territoires occupés, et doit traverser la ville palestinienne de Ramallah pour aller à l’école.
Commenter  J’apprécie          340
....le renouveau, le changement et la construction ne sont possibles que dans un espace débridé; il faut une bonne dose d'indifférence, une propension à n'écouter que les mouvements de son propre cœur et à vouloir ignorer ce qui est juste, connu et reconnu, pour qu'éclose la créativité.
Commenter  J’apprécie          260
Oui, la maison familiale était un endroit d'une grande complexité, un royaume composé de chambres individuelles entourées par la nature touffue du dehors, alourdies de piles de livres sur les tables de chevet. Sans oublier le foot, toujours présent, à portée de tirs. Mais on y était aussi très à l'étroit, anxieux, dans une atmosphère versatile de suspicion et de querelles, nourrie par une violence tantôt latente, tantôt exprimée. (...) Le foyer paternel m'a appris à me défendre et à défendre mon territoire, à veiller sur mon espace vital pour préserver mon indépendance. Il m'a aussi appris la peur.
Commenter  J’apprécie          110
A cette époque, lire n'était pas seulement fuir pendant des heures vers d'autres univers mais aussi créer une sorte de lien tacite avec mon père : les livres empilés au dessus de sa table de chevet étaient les conversations que je ne pouvais nouer avec lui. Son renfermement glacial s'émoussait quand il lisait à la lumière d'une faible lampe et son visage, en général sévère et furieux, s'adoucissait. Lorsque moi aussi je lisais, je l'imaginais, lui, et un dialogue sans mot s'instaurait entre nous.
Commenter  J’apprécie          120
Là-haut, derrière les murs des pavillons, ça se bagarrait dans une atmosphère délétère, notre village était cerné de barbelés et des soldats y patrouillaient. Nous avions beau être des enfants, nous savions que nous habitions un endroit compliqué, lié à quelque chose de trouble que nous ne pouvions pas nommer.
Commenter  J’apprécie          130

Videos de Yonatan Berg (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yonatan Berg
À l'occasion de la publication de "Quitter Psagot", rencontre avec Yonatan Berg en direct de Jérusalem
autres livres classés : israëlVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

My hero academia

Comment s'appelle le personnage principal

Bakugo
Izuku
Ochaco
Shoto

7 questions
256 lecteurs ont répondu
Thème : My Hero Academia - Intégrale 01 de Kôhei HorikoshiCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..