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Citation de veronique55


P 162 En soignant les abeilles, Youza remarqua qu’elles ne préparaient pas seulement du miel et de la cire, mais aussi une sorte de bouillie jaunâtre qui embaumait tant que le parfum du réséda ou du trèfle incarnat n’était rien en comparaison. Et Youza s’aperçut que c’était cette gelée que les abeilles passaient à la reine au bouche à bouche, et que la reine si bien régalée pondait chaque jour des milliers d’œufs. Youza en resta coi. Quelle force devait avoir cette mystérieuse gelée pour provoquer la naissance d’un aussi grand nombre d’abeilles ! Mais alors, si elle était aussi puissante, que lui ferait-elle, à lui, Youza ? Pourquoi n’y goûterait-il pas ? Personne n’est jamais mort des cadeaux des abeilles, alors pourquoi ne pas essayer ?
Youza cassa un morceau de gaufre et se fourra de la gelée dans la bouche. Dessus et dessous la langue. Il en vit instantanément trente-six chandelles. Des éclairs lui zébrèrent les yeux, la terre chancela sous ses pieds, et il sombra dans le noir. Il tenta d’aller jusqu’au puits, mais n’y parvint pas et réussit tout juste à se précipiter en titubant vers la Pavirvé. Il y plongea la tête jusqu’aux épaules, but à longues goulées l’eau puant la vaser, s’aspergea d’eau froide en recueillant dans le creux de ses mains jusqu’à ce que les éclairs cessent de passer devant ses yeux et qu’il puisse voir le soleil sur le Kaïrabalé. En se remettant debout au bord de la rivière, il éclata de rire ; « Pour être fort, c’est sacrément fort ! » Effectivement, c’était une chose étonnante que cette bouillie-là. Youza marcha plusieurs jours en chancelant comme un homme saoul. Mais ensuite, la curiosité le reprit. Il n’y tint plus. Cette histoire de lait d’abeilles ne le laissait pas en repos. Une force pareille et on n’en tirerait rien ! Youza décida d’y goûter de nouveau. Mais cette fois, il ne prit pas un morceau de gaufre ; aiguisant le bout d’une allumette avec le couteau à pain, il prit avec cette pointe fine une minuscule larme de gelée lactée. Et il se la mit sous la langue puis, sourcils froncés, attendit ; qu’allait-il se passer ? Rien n’arriva. Il eut seulement le goût de sucre sous la bouche, en même temps qu’il lui sembla y voir plus clair et qu’il se sentit comme joyeux.
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