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Citation de Osmanthe


L'histoire de Hakone m'a secrètement remuée.
Parce que jusqu'à maintenant, chaque fois que j'étais devenue proche de quelqu'un, j'avais eu l'impression de vivre une substitution progressive.
Les pensées de l'autre, ses goûts, ses paroles, ses actes supplantaient peu à peu les miens à mon insu et quand je m'apercevais que je me comportais comme si j'avais toujours été ainsi, cela me paniquait. Mes tentatives pour résister étaient vaines. Il ne s'agissait pas seulement de manifestations extérieures.
Les hommes pénétraient profondément en moi, de la même façon que les nutriments du terreau imprègnent les racines. A chaque nouvelle rencontre, j'étais comme transplantée, je changeais de terreau. La preuve en est que je n'avais presque aucun souvenir des jours passés avec les hommes que j'avais fréquentés autrefois. Ce qui était étrange, c'est que mes partenaires cherchaient tous à me servir de terreau. Et cela finissait toujours de la même façon, je sentais mes racines menacées de pourriture à cause du terreau et je me dépêchais de briser le pot pour m'en extirper de force.
Le terreau était-il mauvais, ou était-ce les racines qui posaient problème ?
Quand j'ai décidé d'épouser mon mari, j'ai bien pensé que je m'exposais à la substitution ultime, à l'extinction totale, je ne peux le nier.
Mais aujourd'hui, quatre ans après notre mariage, je n'essayais pas de fuir le terreau qu'était mon époux. Avec l'histoire de la boule de serpents que m'avait racontée Hakone, la question qui m'obsédait s'était enfin clarifiée, me semblait-il.
J'avais toujours laissé les hommes se repaître de moi. J'étais en quelque sorte le fantôme d'un serpent dévoré par plusieurs autres serpents et qui, bien avant de se faire engloutir par son conjoint, avait déjà perdu son corps d'origine. Voilà peut-être pourquoi savoir si celui avec qui je vivais était mon mari ou une chose qui ressemblait à mon mari ne m'importait guère.
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