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EAN : 9782809712780
128 pages
Editions Philippe Picquier (07/09/2017)
3.4/5   102 notes
Résumé :
Depuis qu’elle a quitté son boulot pour se marier, San s’ennuie un peu à la maison. Surtout que son mari, à peine rentré le soir, joue les plantes vertes devant la télévision. Parfois San se demande si elle ne partagerait pas la vie d’un nouveau spécimen d’être humain. D’ailleurs, en regardant bien, il y a quelque chose qui cloche. Les traits du visage de son mari sont en train de se brouiller. Un processus étrange et déroutant est en route…
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 102 notes

Tout part d'un jour où San triant par hasard des photos emmagasinées dans l'ordinateur, remarque que le visage de son mari et la sienne se ressemblent comme deux gouttes d'eau, "cela avait quelque chose d'inquiétant." Là voici lancée dans l'investigation de "l'inquiétant" et nous lectrices et lecteurs à sa suite....ca va nous emmener loin.....
San est femme au foyer, sans enfant, vivant depuis quatre ans avec un homme censé être son époux , un homme qui n'a envie de penser à rien en rentrant chez lui et se shoote aux programme de variétés télé et jeux vidéos, voulant entraîner sa femme à sa suite. Une relation de couple, qui hormis la séance d'agitation à sens unique sous le plumard, en reste là. Bien que cet énergumène, "ce spécimen humain" lui devient de plus en plus étranger, San n'essaie pas de fuir ce mariage dilué dans le flot de la vie quotidienne, "j'avais toujours laissé les hommes se repaître de moi". Une relation qui se voudrait être fusionnelle, devient aliénante pour finir anthropophage, mais.... San trouvera la sortie, une sortie en beauté ("Ce qui était étrange, c'est que mes partenaires cherchaient tous à me servir de terreau. Et cela finissait toujours de la même façon, je sentais mes racines menacées de pourriture à cause du terreau et je me dépêchais de briser le pot pour m'en extirper de force.")

Une superbe satire du mariage que l'auteur termine avec une magnifique chute tout en douceur avec une touche surréaliste. Ce petit livre de 128 pages a reçu le fameux prix Akutagawa 2016, le Goncourt japonais.



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Wouah, voilà le genre de roman dont on ne ressort pas indemne… On est loin des « gentilles » autrices japonaises Ito Ogawa et Aki Shimazaki. Par contre, ce roman m'a rappelé les premiers Yoko Ogawa, et aussi les Chinois Yan Lianke et Mo Yan et ses fameuses grenouilles, mais pas question de grenouilles ici. Ou certains films de Polanski (les premiers) ou d'Haneke. Voilà pour l'ambiance !

San, une jeune mariée, femme au foyer sans enfant, range les photos du couple sur son ordinateur et constate que son visage et celui de son mari se ressemblent de plus en plus. Au fil des pages, la jeune femme perd peu à peu sa consistance, jusqu'à ne plus avoir la force d'affirmer ses choix, ses goûts, jusqu'à ne plus pouvoir contredire son mari quand il édicte « Tu es comme moi. Ce n'est pas la peine de faire semblant de réfléchir alors qu'en réalité tu n'en as pas envie. Toi et moi, on n'a pas envie de penser aux choses sérieuses. C'est pour ça que je me sens bien avec toi. ». Comment contrecarrer cette volonté de l'autre à nous assimiler, à nous faire devenir une partie d'eux-mêmes pour nous neutraliser, pour nous contrôler ou peut-être pour ne jamais nous perdre ? Peut-on encore parler d'amour ?

Je dis roman, mais peut-être devrais-je parler ici de conte, car on y retrouve plusieurs des ingrédients essentiels aux bons contes (qui font les bons amis, je le rappelle pour les distraits). Non non pas le genre de conte avec une grenouille (encore ?) euh non je veux dire un crapaud qu'il faudrait embrasser, beurk. Ou avec un Prince Charmant qui doit sauver la Princesse du méchant dragon pour l'épouser (la princesse, pas le dragon - quoique parfois sous un charmant minois se cache une vraie harpie). On est bien loin du Prince charmant, en fait, avec ce mari affalé tous les soirs devant les émissions de variétés, après s'être empiffré et sans avoir réellement discuté avec sa jeune épouse.

On retrouve ici le côté merveilleux des contes. du merveilleux qui se glisse insidieusement dans le récit apparemment banal, le récit de la vie de tous les jours, et qui déstabilise ainsi le lecteur. Ce n'est pas à franchement parlé un roman fantastique, mais on franchit quand même sans aucune difficulté la frontière entre réel et imaginaire.

Ensuite, il y a de nombreux aspects symboliques qui restent délicats à interpréter, d'autant plus que nous sommes au Japon, culture et mentalité qui me sont étrangères, même si je connais deux ou trois choses sur l'animisme et le shintoïsme. Les figures du chat, de la pivoine, des galets m'ont interpellée, sans que je puisse probablement en mesurer, en apprécier toute la portée. À ce propos, si j'ai pu me faire ma propre interprétation de l'histoire générale, je n'ai pas pu intégrer cette histoire de chat incontinent.

Néanmoins le propos est universel, et pour ma part, fait résonner une peur enfouie dans mon inconscient. Celle de me faire phagocytée par une relation, de disparaitre et de me dissoudre dans l'Autre, celle de ne plus exister en tant que telle mais comme « femme de … », « mère de… », « fille de … ». Je mets le tout au féminin, car je suis une nana, mais on peut bien sûr le décliner au masculin, même si je pense que les cas sont plus rares, à part peut-être pour Mr Thatcher ou Herr Merkel…
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Mariée depuis quatre ans, San n'a pas une vie conjugale épanouissante. A peine rentré du travail, son mari ne veut penser à rien, s'affale sur le canapé et s'abrutit devant des émissions de variétés. Occupée à ranger derrière lui et à faire la cuisine, San a parfois l'impression de se perdre dans ce mariage. Elle n'est plus un être à part mais un prolongement de son époux. D'ailleurs, il lui semble que sur les photos, leurs deux visages se ressemblent de plus en plus. Elle a beau confronter son point de vue avec famille et amis, elle ne trouve pas de solution pour redynamiser son couple. Et tandis qu'elle se pose des questions, jour après jour, les traits de son mari s'affaissent et il lui semble de moins en moins humain.

Qui n'a jamais rencontré un couple si bien assorti que l'homme et la femme semblent se ressembler physiquement ? Ils ont les mêmes idées, les mêmes passions, les mêmes goûts et envies. Quand l'un parle, l'autre finit sa phrase. Une telle harmonie peut faire rêver ou, au contraire, effrayer. Ne perd-on pas sa personnalité en se fondant ainsi dans l'autre ? Et l'autre n'est-il pas, au lieu d'un partenaire, une sangsue, un vampire ?
La vision de la vie de couple de Yukiko Motoya fait froid dans le dos. Son propos ne manque ni d'humour, ni de cynisme et égratigne au passage la société japonaise qui met la femme au coeur du foyer. le mari travaille et fait bouillir la marmite. En échange, son épouse s'occupe du ménage et de la cuisine et surtout, ne le dérange pas avec des questions ou des discussions sérieuses.
Un roman contemporain, très japonais (mélange de réalité brute, de poésie et de fantastique). Ni déplaisant, ni formidable, bilan mitigé.
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Quel drôle de livre !
Motoya Yukko ne fait pas l'apologie du mariage c'est le moins que l'on puisse dire. Avec une dimension onirique, poétique et même surréaliste, Motoya Yukiko nous montre à travers le couple de San et son mari , la difficulté de rester soi et de ne pas se faire « manger », « vampiriser » par l'autre. Avec des images très suggestives, elle nous montre combien il est difficile de ne pas se perdre dans une relation et de rester soi-même lorsque l'on est en couple.
La fin peut être interpréter de différentes façons et je vous laisse le soin d' imaginer votre fin, elle dépendra sans doute de votre expérience du mariage !
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Lui, il regarde des émissions de variété à la télé.
Elle, elle décapsule une bière, bien fraiche, pour la lui donner.
Un couple parfait ou un mariage contre nature, servir son gentil et bedonnant mari, fonction premium de l'amour ou du mariage.

Rien à voir avec le roman, mais déjà je trouve la couverture magnifique. Elle donne immédiatement un aperçu de l'intérieur des pages : de la beauté, de la poésie et du spleen. Je sens déjà le parfum de ces fleurs qui se mêlent à la cuisine japonaise et à la levure de ma bière. Point de bon bouquin sans bière, c'est une évidence. Fin de l'aparté.

Mais si je rentre au fond de ce court instant littéraire, fusion des éditions Picquier avec Harmonia Mundi, je me fonds discrètement dans l'intimité de cette vie de couple, San et son mari. San s'ennuie, son mari rit, des débilités télévisuelles qui font la célébrité des chaines nippones. Je comprends ainsi qu'il soit nécessaire d'avoir bières et whisky au pied du canapé pour supporter cette avalanche de cris et de musiques. Mais là n'est pas le problème, enfin si, un peu tout de même. En regardant des photos d'eux deux, anciennes puis récentes, San a la triste, effarante, impression que leurs visages se mélangent et que physiquement ils se ressemblent maintenant. WTF ! Tu veux un whisky-soda pour faire passer l'image ?

Comme rien n'est simple dans la littérature japonaise, j'apprécie ce mélange d'onirisme cette pointe de bouddhisme et/ou de shintoïsme qui se distille entre les lignes. Et même, surtout, quand tu te promènes en montagne pour y laisser vivre ton chat… D'ailleurs, es-tu plus pivoine ou gentiane ?
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critiques presse (1)
Bibliobs
21 décembre 2017
Dans "Mariage contre nature", la romancière de "Comment apprendre à s'aimer" explore les dures lois conjugales.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire de Hakone m'a secrètement remuée.
Parce que jusqu'à maintenant, chaque fois que j'étais devenue proche de quelqu'un, j'avais eu l'impression de vivre une substitution progressive.
Les pensées de l'autre, ses goûts, ses paroles, ses actes supplantaient peu à peu les miens à mon insu et quand je m'apercevais que je me comportais comme si j'avais toujours été ainsi, cela me paniquait. Mes tentatives pour résister étaient vaines. Il ne s'agissait pas seulement de manifestations extérieures.
Les hommes pénétraient profondément en moi, de la même façon que les nutriments du terreau imprègnent les racines. A chaque nouvelle rencontre, j'étais comme transplantée, je changeais de terreau. La preuve en est que je n'avais presque aucun souvenir des jours passés avec les hommes que j'avais fréquentés autrefois. Ce qui était étrange, c'est que mes partenaires cherchaient tous à me servir de terreau. Et cela finissait toujours de la même façon, je sentais mes racines menacées de pourriture à cause du terreau et je me dépêchais de briser le pot pour m'en extirper de force.
Le terreau était-il mauvais, ou était-ce les racines qui posaient problème ?
Quand j'ai décidé d'épouser mon mari, j'ai bien pensé que je m'exposais à la substitution ultime, à l'extinction totale, je ne peux le nier.
Mais aujourd'hui, quatre ans après notre mariage, je n'essayais pas de fuir le terreau qu'était mon époux. Avec l'histoire de la boule de serpents que m'avait racontée Hakone, la question qui m'obsédait s'était enfin clarifiée, me semblait-il.
J'avais toujours laissé les hommes se repaître de moi. J'étais en quelque sorte le fantôme d'un serpent dévoré par plusieurs autres serpents et qui, bien avant de se faire engloutir par son conjoint, avait déjà perdu son corps d'origine. Voilà peut-être pourquoi savoir si celui avec qui je vivais était mon mari ou une chose qui ressemblait à mon mari ne m'importait guère.
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L’histoire de Hakone m’a secrètement remuée.
Parce que jusqu’à maintenant, chaque fois que j’étais devenue proche de quelqu’un, j’avais eu l’impression de vivre une substitution successive.
Les pensées de l’autre, ses goûts, ses paroles, ses actes supplantaient peu à peu les miens à mon insu et quand je m’apercevais que je me comportais comme si j’avais toujours été ainsi, cela me paniquait. Mes tentatives pour résister étaient vaines. Il ne s’agissait pas seulement de manifestations extérieures.
Les hommes pénétraient profondément en moi, de la même façon que les nutriments du terreau imprègnent les racines. A chaque nouvelle rencontre, j’étais comme transplantée, je changeais de terreau. La preuve en est que je n’avais presque aucun souvenir des jours passés avec les hommes que j’avais fréquentés autrefois. Ce qui était étrange, c’est que mes partenaires cherchaient toujours à me servir de terreau. Et cela finissait toujours de la même façon, je sentais mes racines menacées de pourriture à cause du terreau et je me dépêchais de briser le pot pour m’en extirper de force.
Le terreau était-il mauvais, ou était-ce les racines qui posaient problème ?
Quand j’ai décidé d’épouser mon mari j’ai bien pensé que je m’exposais à la substitution ultime, l’extinction totale, je ne peux le nier.
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Mon existence actuelle n’équivalait-elle pas plus ou moins à un exil sur une île lointaine ? Au fil de mon quotidien sans relief, comme j’avais trop de temps libre, ce genre de fantaisie finissait par germer dans mon esprit. Il y avait des arbres fruitiers, on avait tout le temps de batifoler avec les animaux, c’était une île, d’accord, mais clairement de la catégorie des îles paradisiaques ou célestes ; et pourtant, parfois, l’endroit d’où je venais me manquait terriblement. Dans les premiers temps de mon mariage, je ne me voyais pas finir ma vie ainsi et j’avais souvent envisagé de fuir l’île pour de bon. Mais les disputes pour les fruits et les conflits se rappelaient vite à moi et faute de raison suffisante de renoncer à ce paradis, malgré l’impression d’être plus ou moins sur la touche, je continuais à vivre en apesanteur dans cet éden.
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Dans l’obscurité, il m’a vite ôté juste le bas de mon pyjama. Ce qui s’était mis à s’agiter sur moi était-il mon mari ou la chose censée être mon mari ? Y penser m’effrayait, alors j’ai gardé les yeux fermés. Au bout d’un moment, lorsque ma peau s’est peu à peu assouplie et que mon corps a commencé à se détendre, je n’ai plus su dire si c’était vraiment moi qui éprouvais tout cela.
C’était donc ça, la boule de serpents ! Pour résister à la sensation de mon corps qui se mettait à s’enrouler sur lui-même, j’ai serré les paupières encore plus fort. La frontière entre ma peau et celle de mon mari, entre nos corps enchevêtrés, a fini par s’effacer. Mon époux devenu serpent a ouvert la bouche pour m’avaler la tête la première et moi, dans son estomac, j’ai tenté de toutes mes forces de me débattre, mais l’intérieur de son corps, tout révoltant qu’il était, s’est peu à peu transformé en un doux séjour. Je me suis rendu compte que c’était de mon propre gré, avec empressement , que je lui offrais mon corps à manger. Il s’en repaissait avec un tel délice que la saveur s’en propageait jusqu’à moi, j’avais l’impression de goûter à moi-même.
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Les hommes pénétraient profondément en moi, de la même façon que les nutriments du terreau imprègnent les racines. A chaque nouvelle rencontre, j’étais comme transplantée, je changeais de terreau. La preuve en est que je n’avais presque aucun souvenir des jours passés avec les hommes que j’avais fréquentés autrefois. Ce qui était étrange, c’est que mes partenaires cherchaient tous à me servir de terreau. Et cela finissait toujours de la même façon, je sentais mes racines menacées de pourriture à cause du terreau et je me dépêchais de briser le pot pour m’en extirper de force.
Le terreau était-il mauvais, ou était-ce les racines qui posaient problème ?
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