Sonnet.
Malheur à qui sourit, malheur à qui soupire ;
Malheur au cœur troublé, malheur au cœur content,
Au savant qui raisonne, au vieillard qui délire,
À la vierge sans tache et qui s'en va chantant,
Malheur à la forêt et malheur à la lyre,
À tout ce qui végète, à tout ce qui comprend.
Dans la loi qui t'oppresse, homme, sache enfin lire,
Les destins ont dit : Marche ! et la mort les entend.
Hélas ! voici le jour où les astres sans nombre,
Regardant l'un d'entre eux effacé comme une ombre,
Se parleront tout bas dans le ciel étonné,
Et sous les derniers feux de l'orage livide,
Se diront : C'est là-bas, dans cette place vide,
Que la terre tournait avant qu'il eût tonné !
Repos désiré.
Une foule nombreuse emmène au cimetière
Un malade chéri qui dort dans le Seigneur ;
On va sur son front blanc faire tomber la terre,
Mais son âme leur reste et vivra dans leur cœur.
Pour moi, lorsque j'irai dormir là-bas sous l'herbe,
Pas un ne me suivra de tous ceux que j'aimai ;
Mais remplaçant leurs pleurs, le genêt jaune en gerbe
Fleurira sur ma fosse aux premiers jours de mai.
Résignation (extrait)
J'ai vu dans les cités tourbillonner les hommes
Qui suivaient, haletants, leurs coupables désirs ;
En les étudiant, j'ai vu ce que nous sommes,
J'ai jugé leur folie et leurs vides plaisirs !
J'ai vu, sur les tapis, dans les Hétaïres,
Quand la sainte Vertu sous son toit grelottait !