AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Édouard Estaunié (19)


Édouard Estaunié
Dès qu'on approche un être humain, on touche à l'inconnu.
Commenter  J’apprécie          130
Un cri d’appel, - peut-être un merci. – traversa l’air. Mais le Pêcheur ne l’entendit pas. Assuré désormais qu’elle rebâtirait. Il avait disparu. lL rôda tout le jour. Enivrement de vivre. Il rôda jusqu’au soir. Il n’allait nulle part. Parce qu’il savait devoir coucher très loin, il s’attardait à se griser du pays où il avait poussé, telle une Herbe vivace. Buissons, garennes, et vous, chaumes dont l’or terni recouvre les vastes champs, maïs dont les houpettes claquent, sentiers cabossés, flaques où dorment les grenouilles, l’auriez-vous reconnu ? Jusqu’à cette heure, pareil aux bêtes qu’il traquait, il n’avait éprouvé ni désir ni chagrin : pour seule raison d’agir, le souci de garer sa peau contre la gerçure du froid ou la cuisson du soleil ; pour seul plaisir, celui de licher du vin sur un coin de table poisseux, tandis qu’alentour les mouches rôdent et J’ai pue.
- Chouette. La vie ! Depuis le sacrifice, il vivait splendidement, hors du monde, très au-dessus. Et sans doute, à le voir passer, on l’aurait cru pareil. Il portait toujours des haillons. Il avait encore la barbe défaite, les cheveux en broussaille, l’air galvaudeux et bancroche. Pourtant, à chaque foulée, des ailes battaient sur son dos. Un vêtement de soleil vêtissait son âme. N’ayant rien à donner, il s’était donné lui-même. Il vivait ! » p 254
Commenter  J’apprécie          120
Les gens casés, munis de famille, locataires d'appartements confortables, et chaussant chaque soir leurs pantoufles au coin du feu, ont coutume de considérer avec mépris ceux de leurs semblables qui, établis sur un trottoir, devant un guéridon sale ou une boisson médiocre, et le regard vide, semblent à l'affût d'une béatitude toujours indocile à leur appel. Ils ont tort.
Le café donne à qui en est normalement privé le luxe de la chaleur, de la lumière et d'un chez soi momentané. (p. 15)
Commenter  J’apprécie          70
Qualifié de "poète du silence" (André Bellesort), Edouard Estaunié avait compris que ce qui scelle le silence, c'est la vie, et que l'incommunicabilité des expériences, des sensations et des sentiments est le propre de l'homme "à l'affût d'une béatitude toujours indocile à [son] appel". De fait, Estaunié est un romancier de la solitude. Comme le jeune Emmanuel Bove de -Mes Amis-, il confie cette douleur sourde au monde, mais, contre la mélancolie bovienne, énonce que l'oubli de soi offre apaisement, sinon remède. Orphelin de père, puis fils écrasé par la disparition de sa mère, Edouard Estaunié était lui-même un homme seul, marié tardivement à la veuve d'un ami disparu, un homme touchant qui s'est dit à demi-mot dans ses romans, comme il transpose avec -L'Infirme aux mains de lumières- l'existence de sa tante aveugle dans la maison familiale de Saint-Julia-de-Gras-Capou, dans le Lauragais, entre Castres et Toulouse. (préface - Eric Dussert, p. 11)
Commenter  J’apprécie          50
Et voilà...oui voilà quelle fut exactement l'origine qui devait nous unir durant un quart de siècle. Admirons ici l'illogisme de l'existence. Pendant des années, on erre au milieu de gens recrutés avec prudence dans la famille, au collège , enfin là où il paraît qu'on ait chance de choisir des compagnons en connaissance de cause: et brusquement l'oiseau cherché se trouve être quelconque qui, chaque jour, s'asseyait à côté de vous; on ne prenait pas la peine de le regarder; sans une circonstance futile, on ne lui aurait jamais fait signe. Mais que sert de chicaner le hasard sur sa méthode ? Acceptons plutôt les occasions qu'il offre et tentons de les croire créées pour notre usage, comme si étions seuls à habiter l'univers. (p. 19)
Commenter  J’apprécie          50
La logique des choses veut que, lorsqu'un premier mensonge a paru vrai, la vérité prenne à son tour air de mensonge.
Commenter  J’apprécie          50
Édouard Estaunié
La solitude ne dépend pas de l'extérieur ; C'est une chose du dedans.
Commenter  J’apprécie          40
Un découragement sans bornes l’accablait. Non, personne ne pouvait plus venir à son secours. Ses croyances, l’Evangile, le prêtre, soutiens dérisoires ! Il n’y a d’efficace que ce qui empêche de souffrir. Comme elle souffrait l Plutôt que de souffrir ainsi, mieux aurait valu, comme la Blanchotte, donner tout de suite sa part de paradis… (p 229)
Commenter  J’apprécie          30
- J’aime ! … Mon Dieu ! pourrais-je expliquer cela devant vous que la vie a condamnée à rester seule ?… Aimer, c’est donner ce qu’on possède et même ce salut dont vous êtes avare ! C’est accepter sans scrupules et dans la joie l’ivresse de l’étreinte l C’est … Mais ! non ! vous vous êtes refusé jusqu’ au désir ! Dans le spectacle de deux cœurs fondus au même brasier, vous n’imaginez que débauche ! Au … geste d’union souveraine, vous répondez par celui qui sépare. L’enfant lui-même, ce miracle ! vous est odieux … (p 169)
Commenter  J’apprécie          30
Si vous étiez raisonnable, vous sauriez qu’il n’y a pas de menus faits ni de petites choses. Le mensonge étant la base de tout état social, chacun de nous a pour règle de dissimuler ce qui lui tient le plus à cœur. On habille son être moral pour les raisons qui obligent à vêtir le corps ; et, de même qu’il faut regarder aux ongles pour deviner si celui-ci est propre, on doit creuser le détail pour découvrir si l’âme est nette. (p 72)
Commenter  J’apprécie          30
Tous trois, réfugiés sur la berge, regardaient passer le grand fleuve de tendresse qui fertilise les cœurs, sans qu’un désir leur fût jamais venu d’y tremper les lèvres. Semblablement, on aurait pu trouver parmi eux ces dégradations religieuses qui, superposées comme les couleurs du prisme, se fondent en une pensée moyenne… ( p 15)
Commenter  J’apprécie          30
Édouard Estaunié
Un rêve intact est une merveille fragile
Commenter  J’apprécie          30
Quand on n'a plus de rêve à soi, quand on a pour passé une existence gâchée, pour avenir la seule perspective d'une fin solitaire, trouver ailleurs un rêve intact paraît miraculeux. On en approche comme d'une merveille, infiniment fragile. On se mire à sa lumière. On tremble de le briser. Il n'est pas à vous, c'est possible...mais il est tout de même de la beauté, c'est-à-dire quelque chose à sauver pour la beauté du monde. (p. 78)
Commenter  J’apprécie          20
Le lendemain , je me rendis au café, le coeur en fête. Pour la première fois, j'avais la certitude charmante d'y être attendu, et hâte de jouir d'une amitié nouvelle. Je me rappelle certains printemps africains au cours desquels, après un orage, la terre se couvre de fleurs en une nuit. Comme elle, je devais être, en ce temps-là, un sol altéré d'affection, mon âme devait fleurir, sans que j'eusse loisir de me reconnaître. (p. 25)
Commenter  J’apprécie          20
La vie montre rarement de la justice. Et qui est assez sûr de soi pour affirmer un droit ? (p 115)
Commenter  J’apprécie          20
La pensée que - pour elle toujours - il s'apprêtait à sacrifier les vingt jours étiques qu'octroie l'Etat en compensation d'une année de bureau, achevait de m'exaspérer .
- Vous vous trompez, dit-il : ma soeur n'entre pour rien dans mon projet : j'ai moi aussi, là-bas, des habitudes à prendre ... En attendant d'y parvenir, le présent suffit. Contentons-nous de regretter mon balcon !
En même temps, il se retourna pour le considérer et tout à coup j'eus l'étonnement de découvrir en lui un homme nouveau. Il continuait, comme pour lui-même, mais sa parole et son geste frémissaient :
- Je ne l'ai guère pratiqué qu'à la nuit close : qu'importe ! je l'aimais parce que je ne m'y sentais jamais seul. On n'est pas seul, quand une ville est sous vos pieds, même si elle a l'air de dormir, même s'il n'y a pour l'animer que des becs de gaz postés sur le trottoir, ou un sergot qui, le dos collé au mur, tâche d'oublier sa veille, en s'endormant debout !
Commenter  J’apprécie          10
Interrogeant la vie qu'elle prétendait recommencer, qu'y trouvait-elle encore? Des lectures de roman, des rêves d'évasion quand elle gérait la papeterie, le désir de passer pour une dame, toutes choses niaises, dont aucune ne comptait. Pas une amitié. L'amour ne l'avait effleurée qu'à travers les livres. Toutes ses heures vides d'élan ou de sentiments atteignant le fond de l'âme. A bien y regarder, la seule arrivée de Mme Clapain lui avait révélé qu'on pût se passionner contre quelqu'un ou quelque chose : et voici que, cette Clapain repartie, la perspective dont elle aurait dû s'enchanter s'ouvrait sur un désert identique.
Ida partit d'un rire sourd :
- Vais-je, maintenant qu'elle est morte, me mettre à la regretter ?
Commenter  J’apprécie          10
Mélancolie des affections qui meurent sans être atteintes, ou plutôt faiblesse du pauvre coeur humain qui ne saurait battre toujours à vide...(p. 79)
Commenter  J’apprécie          10
Remarquez que la plupart des actes importants d'une existence d'homme sont provoqués par un fait insignifiant. Les contingences ( circonstances fortuites) sont les facteurs habituels de nos volontés les plus graves. Cela ne veut point dire que les contingences en soient, à proprement parler, l'origine.
Commenter  J’apprécie          00
Et tu m’assures qu’il est médecin ? – Quand je vous dis que la châtelaine s’est férue d’un potard
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Édouard Estaunié (32)Voir plus

Quiz Voir plus

Grégoire Delacourt ou David Foenkinos

Charlotte ?

Grégoire Delacourt
David Foenkinos

10 questions
13 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}