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Citation de Cielvariable


Depuis mon arrivée à la Perdrière, j’allais tous les soirs caresser Sonia, la chienne de mon défunt oncle.

C’était un basset noir aux pattes, aux oreilles et au tour des yeux roux. À l’humeur assez désagréable, elle ne remuait la queue que pour moi et elle allait jusqu’à me faire des sortes de petites révérences en pliant les pattes de devant. Je me persuadais qu’elle retrouvait en moi un peu de son ancien maître et j’en étais très fière. De mon côté, je fixais ses yeux bruns et je croyais parfois y voir une lueur d’intelligence humaine, petit éclat perdu de l’âme voyageuse de mon oncle qui devait de temps en temps se pencher sur les prunelles de sa chienne. C’était une heure agréable, les chevaux venaient d’être nettoyés et ils broyaient leur paille avec un bruit rassurant ; de temps en temps, ils tournaient la tête vers nous, remuaient une oreille, puis se remettaient à manger. Un peu de clarté baignait encore la cour. Reine, qui était toujours en retard, « racassait » dans la laiterie. Mme Archambauld préparait le repas, le lait bouillait, s’échappait de la grande poêle noire et répandait dans la nuit son parfum brûlé que j’aimais, car on avait l’habitude étrange à la Perdrière de faire bouillir le lait dans une poêle.
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