À ce jeu-là, il faut être fort. Il faut être fort et aveugle. Ce soir, Lili n'a aucune de ses deux qualités, alors elle trompe le temps en se frictionnant la tête et en rêvant d'un miracle qui la sortirait de cette citrouille puante. Elle espère que son prince finira par retrouver les clés du carosse avec lequel il avait débarqué dans sa vie. Les miracles n'ont pas lieu. Les miracles n'existent pas. Les miracles sont des petites pilules bleues qu'on file aux malades pour qu'ils ferment leurs gueules.
Il est 0h 30.
Je passe mes neuf mois de grossesse à me préparer à l'accouchement. Je teste tout un tas de trucs : l'aquagym, la préparation standard, le yoga, l'acupuncture (j'ai adoré)... Et puis je suis suivie de près à la maternité que j'ai choisie. Sans parler de tous les examens que l'on doit faire : les prises de sang, les échographies et j'en passe.
Et arrive le jour J...
8 heures du matin le 21 novembre 2019, mon fils est dans mes bras.
Et là... c'est le néant total... le vide... je le sens ! Dès la première nuit à la maternité, j'ai la sensation que ça y est, je suis seule au monde. J'ai eu l'impression d'avoir tout un village autour de moi pendant mes 9 mois et là, ça y est, plus rien.
Cette sensation horrible d'avoir commandé quelque chose sur un site internet. D'avoir reçu 25 textos, 12 emails, et 4 appels pour s'assurer que le colis soit bien livré et m'informer de l'avancée de la livraison et qu'une fois le colis chez moi : PLUS RIEN !
Démerde-toi, ma grande !
Voilà... C'est avec cela en tête, cette colère qui m'a habitée pendant un moment après l'accouchement, ce sentiment d'avoir été surprotégée pendant ma grossesse et d'être tout à coup jetée dans le grand bain, que j'ai voulu écrire ce livre.