AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de emdicanna


... la douleur des vivants frappe l'enfant, parce qu'elle est réelle, et qu'elle n'échappe pas à la divination de sa sensibilité délicate.
Grand-père se tenait devant l'âtre, assis à la petite table où il buvait la goutte tous les matins. Pas de protestations, pas un ci de révolte : ces simples natures de paysans, peu démonstratives, ont puisé une force de résignation infinie dans leur lutte contre la terre, contre les intempéries du ciel.
Il avait l'air d'un étranger dans sa maison, et cela était plus triste que tout le reste. Des femmes marchaient dans la chambre, ouvraient les armoires, retournaient les piles de linge. Elles s'impatientaient : grand-père répondait à leurs questions d'une voix lointaine, comme si ces soins ne le regardaient pas, comme s'ils étaient encore le privilège de celle qui était partie.
Dans la chambre voisine, une forme s'allongeait sous le drap, déjà lointaine. Un brin de buis trempait dans un verre d'eau, et les visiteurs, qui veillaient la morte, parlaient bas, marchaient à pas lents, et la maison semblait pleine d'une invisible présence.
Grand-père dit ces simples mots, regardant d'un air tout songeur le bois de la petite table, où les verres ont laissé des empreintes :
- C'est le premier chagrin qu'elle me cause.
.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}