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Citation de Dorian_Brumerive


Cependant l'oubli commençait à venir. Alors, se croyant guéri, le pauvre garçon avait conçu le projet louable de se faire une existence nouvelle par le travail salutaire des champs, par une activité incessante loin des bruits de la ville.
Et voilà que, pour son malheur, il se trouvait en présence d'une nouvelle Louise Maubert.
La secousse avait été rude, la commotion violente, et il lui avait fallu une force de volonté extraordinaire pour ne pas laisser voir ses impressions.
Hélas ! la blessure s'était rouverte !
Oh ! Il avait bien pris la résolution de combattre ce nouvel entraînement avec l'espoir d'être vainqueur; mais il sentait que la lutte le tuerait.
L'émotion du comte de Rostang n'avait pas échappé à Marie, si fugitive qu'elle eût été. De là, une recrudescence dans l'ambition de la jeune fille, qui voulait devenir comtesse de Rostang.
Gaston, disons-le, n'avait aucune pensée d'amour au cœur pour Marie; ce qu'elle lui avait fait éprouver tout d'abord ressemblait à de la répulsion; mais elle lui avait rappelé le passé, tout à coup, avec ses hontes, ses tortures, et de nouveau l'image terrible, le spectre de Cista lui était apparu.
Ah ! S'il avait pu découvrir ce qu'il y avait de perversité dans le cœur de Marie Maubert, comme il aurait fui avec épouvante ! Il serait aussitôt retourné dans sa retraite au risque d'y mourir de douleur et de désespoir.
Comme nous l'avons dit déjà, Marie Maubert n'était pas seule à rêver le titre de comtesse. Elle allait avoir à lutter contre Régine Parnell.
D'ailleurs, les quatre amies avaient chacune leur rêve : Marie et Régine pensaient au comte de Rostang et plus encore à sa fortune; Léonie se laissait aller doucement à son inclination pour d'Ormesson; Réginette, cœur candide, âme pure, trésor de loyauté, de dévouement, de chasteté, de franchise, Réginette sentait aussi son jeune cœur s'ouvrir aux douces émotions de l'amour.
Elle n'aimait pas encore, mais elle allait aimer.
Parmi les amis du comte d'Agghierra, elle en avait distingué un, M. de Civray, qu'on avait surnommé le Loyal.
C'était un garçon de vingt-huit ans, très bien fait de sa personne, réunissant la grâce à la noblesse, admirablement doué sous le rapport de l'intelligence. Rêveur, bon, modeste et plus gêné que fier de ses avantages.
On l'avait surnommé le Loyal parce que, en effet, il était loyal jusqu'à la niaiserie, et franc jusqu'à la maladresse. Artiste d'instinct, il voyait tout en rose. Crédule et insouciant, il ne prenait de la vie que les joies. Il aimait le plaisir, mais il avait horreur des vulgarités.
Regard plein de douceur, voix harmonieuse, sourire engageant, physionomie heureuse, il avait tout ce qui peut séduire et charmer.
Très enthousiaste, mais aussi très persévérant dans ses préférences et ses affections, c'était en un mot, un jeune homme du plus rare mérite, que le comte d'Agghierra avait en haute estime.
Sa fortune était médiocre, une vingtaine de mille francs de rente, mais il en usait si intelligemment qu'il passait pour riche.
Tel était M. de Civray, jeune avocat, très recherché dans le monde, vers lequel Réginette s'était tout de suite sentie attirée.
Ne se rendant pas bien compte de ce qu'elle éprouvait, Réginette était incapable de comprendre à quel danger elle s'exposait en se laissant aller à ce penchant naissant.
N'ayant guère plus de seize ans, Réginette allait à l'amour comme certaines fleurs se tournent quand même vers le soleil, sans songer si l'astre qu'elles contemplent ne les desséchera pas et ne leur donnera point la mort.
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