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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le surlendemain, à sept heures du soir, après avoir donné congé à tout son monde, Julie exceptée, Régine fit prévenir Pied-de-Fer qu'il eût à laisser monter chez elle, sans leur demander leur nom, les dames qui se présenteraient en demandant « l'héritière ».
C'est ainsi que Régine avait signé ses lettres.
À neuf heures un quart, six femmes étaient introduites dans le boudoir de la fille d'Impéria.
À cette époque, on s'occupait beaucoup à Paris et dans les journaux légers d'une réunion de femmes que l'on désignait sous cette appellation singulière : « Le Comité des Blondes ».
C'était, disait-on, une association ingénieuse dont la coquetterie était l'âme, et qui avait la prétention de donner et même d'imposer le ton au monde des salons, des théâtres, comme au monde des boudoirs.
Toutefois, ce « Comité des Blondes » n'existait qu'à l'état de mystère, d'énigme, comme le Conseil des Dix à Venise au temps des doges, comme la Junte secrète sous Charles VII d'Espagne, avec cette différence, cependant, que « Le Comité des Blondes » n'inspirait aucune terreur et n'éveillait qu'un sentiment : le désir d'y être admis.
Or, circonstance bizarre, les six femmes que Régine avait conviées et qui répondaient à son appel étaient blondes.
Ces six têtes représentaient la gamme complète du blond dans ses principales nuances, depuis le blond doux et tendre du lin, le blond de l'épi mur, le blond de la Marguerite de Goethe, jusqu'au blond ardent qui ressemble à l'or filé, ce blond si cher aux femmes vénitiennes immortalisées par le pinceau de Titien.
Celui qui aurait vu ces six femmes blondes réunies n'eût pas manqué de voir en elles une délégation du « Comité des Blondes » envoyée vers Régine.
Chaque visiteuse était arrivée seule.
À l'exception d'une, qui portait une élégante toilette de soirée, toutes les autres avaient des vêtements de couleur sombre, et le visage couvert d'un voile épais.
Julie, grave et solennelle comme une impératrice, avait reçu ces dames, sans leur demander leur nom, et les avait successivement introduites dans le boudoir de sa maîtresse.
Ces six femmes se connaissaient-elles ?
On n'aurait pu le dire; car, discrètement, elles s'examinaient et gardaient une réserve silencieuse. Elles avaient l'air contraint, étonné, inquiet; il était facile de deviner qu'elles étaient là parce qu'elles avaient obéi à un ordre.
Au bout de cinq minutes d'attente, après l'entrée de la dernière arrivée, les portières du boudoir se soulevèrent et Régine parut.
Elle était vêtue de noir; mais le velours de son corsage entrouvert faisait valoir la blancheur nacrée de ses épaules et de sa poitrine admirablement modelées.
Le regard était hautain, l'attitude impérieuse.
Tous les yeux se tournèrent vers elle avec une curiosité anxieuse. Aucune des blondes ne connaissait l'héritière.
Régine les salua avec courtoisie et dit :
- Mesdames, je vous remercie de votre exactitude, au nom de Mme Impéria dont je suis l'héritière.
- Vous, madame ? fit une des invitées.
- Oui, moi. Je suis la fille de Mme Impéria ou, si vous le préférez, de Jeanne Terrassin.
- Rien ne nous le prouve, répliqua la même invitée.
- Je vous le dis et cela doit vous suffire, riposta Régine d'un ton sec. Mais il m'est indifférent que vous le croyiez ou non. J'ai entre mes mains des papiers qui, dans tous les cas, ne vous laisseront aucun doute sur ma qualité d'héritière de Mme Impéria. Mais vous paraissez étonnées de vous trouver ainsi rassemblées; je comprends, chacune de vous croyait se trouver seule avec moi.
- Certainement, répondit une femme visant à l'élégance, mais vêtue sans goût, sans cela...
- Achevez donc votre phrase.
- Eh bien ! je ne serais pas venue.
Régine toisa dédaigneusement son interlocutrice.
- Vous êtes mademoiselle Amélie, n'est-ce pas ? fit-elle.
- Oui, mademoiselle, je suis Mlle Amélie.
- Je vous ai reconnue à l'accent aigre de votre voix et surtout à la façon dont vous êtes habillée. Ainsi, mademoiselle Amélie. vous ne seriez pas venue... Je comprends, je comprends : ce sont les soins que vous donnez à vos élèves qui vous eussent retenue... C'est que vous veillez sur vos élèves avec une touchante sollicitude, mademoiselle Amélie.
L'institutrice devint blême; mais elle ne répondit pas.
- Moi, je serais venue ici quand même, dit la femme en toilette de bal; si vous m'avez rappelé le service que Mme Impéria m'a rendu, c'est que vous avez besoin de moi. Je dois trop à votre mère, mademoiselle, pour ne pas me souvenir. Les grandes dames, mes bonnes amies, m'eussent laissé rouler dans l'abîme. Impéria m'a sauvée. Je lui ai dit que je n'oublierais jamais ce qu'elle avait fait pour moi. Si l'heure de payer ma dette est venue, me voici.
Celle qui venait de parler était une petite femme jeune encore, au teint pâle, aux yeux noirs, ce qui donnait à sa physionomie de blonde un cachet d'originalité tout à fait séduisant.
Elle s'était exprimée avec feu, et son regard résolu ne permettait pas de douter de la sincérité de ses paroles.
- Je vous remercie de tout mon cœur, madame, répondit Régine; ma mère avait raison de compter sur vous.
- Mais sur moi aussi ! s'écrièrent en même temps les autres femmes.
- Et la preuve, ajouta Mme Amélie, c'est que je suis ici au risque de me compromettre.
- Vous, mademoiselle, répliqua Régine, je suis sûre que vous êtes venue comme un chien qu'on fouette.
- Oh !
- Ne protestez point, les notes de ma mère sont précises. Mais vous êtes venue, c'est l'essentiel.
Melle Amélie, que Régine traitait si durement, était une grande fille assez jolie, mais minaudière, et qui gâtait ses avantages physiques par des allures prétentieuses insupportables. Son nez pointu, ses lèvres minces n'annonçaient ni la douceur, ni la franchise.
- Quant à moi, s'empressa de dire une grosse femme, dont les manières vulgaires contrastaient avec la richesse de son vêtement, je serais venue plutôt sur la tête, foi de femme Maréchal.
- Ah ! fit Régine en souriant, c'est vous qui êtes madame Maréchal ?
- Pour vous servir, mademoiselle.
- Mesdames, reprit Régine, si vous ne la connaissez pas, je vous présente Mme Maréchal, une femme précieuse; elle vend de tout et achète de tout. C'est une marchande à la toilette des mieux achalandées... Marchandises neuves et d'occasion, robes de hasard et vertus au rabais.
La marchande grimaça un sourire.
- Et vous, madame, dit Régine, s'adressant à une toute mignonne créature, qui semblait ne pas avoir plus de vingt-deux ans, quelle est votre pensée ?
Celle-ci, qui était très modestement vêtue, et qui se tenait dans son coin immobile, humble, timide, silencieuse, répondit :
- J'ai peur, mademoiselle.
- Pourquoi ?
- Si Étienne savait que je suis ici, que dirait-il ? Que supposerait-il ?
- Que vous vous occupez avec ces dames d'une œuvre de bienfaisance.
- Et puis qu'allez-vous me demander ?
- Bah ! Ne tremblez pas d'avance; ce sera moins difficile que de mettre un enfant au monde.
- Vous êtes cruelle, mademoiselle, répondit la peureuse en essuyant une larme.
- Et vous, madame Crésus, avez-vous peur aussi ? demanda Régine, en s'adressant à sa voisine de droite, dont le regard rayonnait d'orgueil.
- J'attends, répondit sèchement l'interpellée.
- Mademoiselle, dit alors la sixième femme blonde d'un ton délibéré, ne nous faites pas poser plus longtemps. Il est clair que vous avez quelque chose à exiger de nous, ce qui vaut mieux que la reconnaissance que nous devions à votre mère. Vous nous tenez, je le reconnais, parce que vous avez une arme contre nous.
Il y eut deux ou trois protestations.
- Laissez-moi donc parler !... Au fond du cœur, plus ou moins, nous détestons en ce moment mademoiselle l'héritière.
- Parlez pour vous, fit l'institutrice.
- Vous, ma belle, s'il ne fallait que votre voix pour nous débarrasser de notre créancière par délégation...
- Dites par héritage, madame, interrompit Régine.
- Par héritage, si vous voulez; mais un héritage n'est pas autre chose qu'une délégation de la mort.
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Si Impéria eût douté encore, la lettre du consul lui eût donné une certitude.
- Cette lettre n'est pas assez précise pour m'éclairer complètement, dit-elle; avant de me réjouir, il est utile que je voie celui que je crois être mon parent.
- Rien ne s'y oppose; vous pourrez même lui parler en tête-à-tête; il n'y a à cela aucun danger, ni pour lui ni pour vous. Je vais vous faire conduire près de lui, ajouta le docteur en agitant le cordon d'une sonnette.
- Je vous remercie de votre extrême obligeance, monsieur, reprit Impéria. Puis-je vous adresser encore une question ?
- Certainement, madame la baronne.
- N'y a-t-il plus aucun espoir de guérir ce malheureux ?
- Madame la baronne, nous devons espérer toujours.
- Ainsi vous pensez ?...
- Il faudrait pour cela réveiller ses souvenirs, déchirer le voile épais qui lui cache le passé, éclairer la nuit qui s'est faite autour de lui. Enfin, il faudrait qu'on lui rendît cette fille, son enfant sans doute, qu'il demande et appelle sans cesse; mais existe-t-elle encore ? A-t-elle jamais existé ?
Impéria tressaillit.
- Si l'Homme aux Fleurs, comme vous l'appelez, est le parent que je cherche, il avait une fille de cinq ans, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire; mais qu'est-elle devenue ? Dieu seul sait.
Un domestique parut.
- Vous allez conduire madame près de l'Homme aux Fleurs, lui dit le docteur.
Impéria se leva, tendit sa main au docteur et suivit le domestique.
Après avoir parcouru plusieurs allées du jardin, le domestique s'arrêta et, montrant à Impéria un homme à genoux devant un palmier nain, dont le feuillage s'étendait en parasol, il lui dit :
- Voilà notre malade.
- Merci, répondit Impéria.
Le domestique se retira discrètement.
Le fou semblait écouter attentivement un bruit lointain, et, d'une voix mélancolique, il murmurait :
- Néra ! Néra !
En entendant ce nom détesté, Impéria sentit un flot de sang monter à son cœur. Volontiers elle se fût précipitée vers le malheureux en lui criant :
- Moi aussi, je suis ta fille !
Mais avant de se montrer à lui, elle voulut voir son visage; elle se glissa doucement derrière des magnoliers, et, à travers les branches, elle attendit que le fou relevât la tête.
Comme il ne paraissait pas vouloir sortir de sa rêverie paternelle, la jalouse Impéria voulut essayer de faire vibrer dans ce cœur meurtri le souvenir des anciennes amours.
- Mathilde, Mathilde ! prononça-t-elle d'une voix douce et tendre.
Le fou ne changea pas de position, mais il y eut comme un frissonnement sur son corps.
Impéria recommença à l'épreuve.
- Mathilde, Mathilde Terrassin.
Cette fois, le fou éprouva une secousse plus violente et il releva brusquement la tête en disant :
- Néra ! Néra !
- Toujours elle, gronda sourdement Impéria, toujours elle !
Toutefois, en contemplant le malheureux, son front ridé, son regard éteint, ses joues creuses et pâlies, elle eut beaucoup de peine à maîtriser son émotion; néanmoins elle reconnaissait parfaitement les traits du jeune et beau cavalier dont elle avait le portrait entre les mains.
- Oui, c'est bien lui, se disait-elle, c'est bien le père de la Zitella... Il a ses yeux, sa bouche... Mais c'est aussi le mien... Ainsi, voilà mon père !
Elle interrogea son cœur pour savoir si un nouveau sentiment allait s'éveiller en elle. Son cœur resta muet.
- Et l'on parle de la voix du sang ! pensa-t-elle amèrement.
Pendant ce temps, le fou, l'oreille tendue, plongeait devant lui son regard inquiet.
Impéria, devinant l'effet produit par ses paroles, souriait cruellement. Elle résolut de provoquer une explosion décisive. D'une voix claire, vibrante et presque menaçante, elle cria :
- Néra de Varandez !
Le fou se dressa sur ses jambes tout d'une pièce et porta ses mains à son front, comme quelqu'un qui cherche à se rendre compte d'une impression extraordinaire.
- Néra de Varandez ! Néra de Varandez ! répéta-t-il d'un ton interrogateur.
- Ah ! Comme ce nom maudit l'émeut ! s'écria Impéria.
Et, s'avançant brusquement, elle se plaça devant le marquis, la main tendue, la bouche souriante.
- Monsieur le marquis de Varandez, lui dit-elle, je suis Mathilde Terrassin.
À l'appel de son nom et de son titre, le regard du malheureux parut s'animer et devint brillant; avec un mouvement superbe, il se drapa dans la houppelande qui l'enveloppait.
Puis, d'une voix pleine de fierté, il prononça ces mots :
- Yo contra todos !
"C'est la devise des Varandez", se dit Impéria; "elle se trouve gravée au bas de son portrait; mais c'est de ma mère, c'est de moi qu'il faut qu'il se souvienne" :
- Monsieur le marquis de Varandez, reprit-elle en s'approchant tout près de lui, regardez-moi... Je suis la fille de Malthilde Terrassin... Votre fille, entendez-vous !... votre fille !...
- Ma fille, c'est Néra, Néra de Varandez, répondit-il en détournant la tête.
Impéria lui saisit le bras.
- Mais je suis aussi votre fille ! exclama-t-elle avec la colère de la jalousie.
- Non, non, fit-il, ma fille, c'est Néra, Néra de Varandez !
Et il répéta avec l'exaltation de la tendresse :
- Néra ! Néra !
- Ah ! Le misérable ! hurla Impéria, ma mère est morte pour lui et il ne se souvient pas même de son nom ! Regarde-moi donc, vieillard stupide !continua-t-elle en le secouant violemment. Je suis ta fille, la fille de Mathilde...
Et par trois fois, avec colère, elle répéta :
- Mathilde ! Mathilde ! Mathilde !
Le fou regarda Impéria avec une sorte de terreur, puis, secouant la tête :
- Ma fille se nomme Néra, dit-il, je l'attends.
- Ah ! Tu l'attends, ta fille, ta Néra ! fit Impéria d'une voix sourde.
- Elle est jolie, bien jolie, ma Néra adorée; elle me ressemblait autrefois. Vous l'avez vue, vous la connaissez... Où est-elle ? Dites-le moi.
- Ah ! Tu veux savoir où elle est, ta Néra ? fit Impéria en grinçant les dents.
- Néra, ma bien-aimée Néra ! murmura le pauvre insensé.
- Eh bien, ta Néra est perdue pour toi !
Il fit un mouvement brusque en arrière en ouvrant de grands yeux effarés.
- Oui, reprit Impéria, ta Néra est perdue, tu ne la reverras jamais !
- Jamais ! répéta-t-il.
- Et c'est moi, comprends-tu ? C'est moi, ton autre fille, qui hériterai de ton nom, de ta fortune.
- Mon nom, ma fortune, répéta encore le marquis, qui commençait à percevoir le sens des mots pleins de violence qu'il entendait.
- Oui, tout, tout sera pour moi, la fille de Mathilde.
- La fille de Mathilde, murmura le vieillard en pressant sa tête dans ses mains.
- Oui, oui, poursuivit Impéria, qui prenait plaisir à tourmenter le malheureux, toute ta fortune me reviendra, car ta Néra...
- Ma Néra !
- Elle est morte ! lui cria-t-elle avec rage.
Une flamme soudaine s'alluma dans les yeux du marquis.
Sa haute taille se redressa; puis, repoussant Impéria :
- Vous mentez ! lui dit-il d'une voix forte; vous mentez !... Néra n'est pas morte; ce matin j'ai entendu sa voix, je l'ai bien reconnue, sa voix chérie... Elle m'a dit qu'elle allait venir, je l'attends.
- Je te dis qu'elle est morte et que tu ne la reverras jamais ! répliqua Impéria avec emportement.
- Vous êtes une méchante femme, reprit le marquis. Allez vous-en ! Allez vous-en, ma fille va venir !
Et, l'œil étincelant, les narines dilatées, le bras en avant, il marcha droit à Impéria, qui recula effrayée.
- Oh, oh ! murmura-t-elle d'une voix effrayée, est-ce qu'il va retrouver la raison ?
- Mais va-t'en donc ! disait le marquis en avançant toujours, menaçant et terrible.
La peur s'empara tout à fait d'Impéria, elle poussa un cri rauque et s'enfuit affolée à travers les massifs et les allées du jardin.
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Le lieutenant Darcet était, en effet, arrivé chez le comte d'Agghierra dans l'après-midi.
- Vous m'excuserez, cher monsieur Darcet, lui dit le comte en allant au-devant de lui, jusqu'à la voiture qui l'amenait, de n'être pas allé vous chercher moi-même, comme j'en avais eu d'abord l'intention; mais nous sommes en plein remue-ménage. Merci, cher monsieur, merci d'avoir bien voulu accepter l'hospitalité que la comtesse d'Agghierra est heureuse de vous offrir.
- Heureuse et honorée, monsieur, ajouta la jeune femme.
Et elle présenta sa main mignonne à l'officier, qui la pressa quelque peu à la dragonne.
Le lendemain, les hôtes du Dolmen firent une visite à leurs amis des Korrigans.
Le comte d'Agghierra présenta Emmanuel Darcet.
- Pour ceux et celles d'entre vous qui ne connaissent pas encore M. Darcet, ajouta le comte, je m'empresse de dire que c'est un homme de cœur que nos amis et moi avons en grande estime.
Le lieutenant s'inclina.
- M. d'Agghierra a bien parlé, dit la comtesse de Rostang, en tendant sa main à l'officier. M. Darcet a droit à toute notre estime et à toute notre reconnaissance, et nous sommes heureux, mon fils et moi, de lui donner ce témoignage public de nos sentiments.
Gaston prit la main de Darcet et la serra avec beaucoup de courtoisie.
Marie restait coite. Le nom de Darcet lui rappelait un ami des mauvais jours; mais le jeune homme n'éveillait en elle aucune sympathie.
Darcet paraissait fort embarrassé. Cet accueil gracieux, bienveillant, affectueux même, qui lui était fait, le flattait, sans doute, mais le gênait singulièrement.
Il se sentait dans un milieu tout nouveau, et sans l'intimider positivement, tout ce monde aux grandes manières paralysait les intentions qu'il avait de répondre à ces témoignages flatteurs.
Il ne savait que s'incliner et balbutier. Ses regards allaient de l'un à l'autre.
Tout à coup, ils s'arrêtèrent brusquement sur Marie qui, placée en pleine lumière, était rayonnante de beauté.
Un éclair d'admiration brilla dans ses yeux.
La comtesse de Rostang, qui le surveillait, se mit à sourire.
- Puisque nous sommes aux présentations, dit-elle, permettez-moi, monsieur Darcet, de vous présenter Mlle Marie Maubert. Elle n'est pas une inconnue pour vous; mais après l'avoir vue enfant, vous la retrouvez jeune fille. La chrysalide est devenue papillon, le bouton est devenu fleur.
Emmanuel resta muet. Ce n'était pas seulement la transformation de Marie qui le stupéfiait, c'était sa présence au milieu de tout ce monde d'élite.
La sœur de Cista patronnée par la mère du comte de Rostang, cela le confondait.
La comtesse crut qu'il était ébloui.
Il l'était, en effet; mais, en même temps, il était surpris au delà de toute expression.
Son embarras était si grand et si visible que la comtesse d'Agghierra s'empressa de venir à son secours, en fournissant un autre sujet à la conversation.
Mme de Rostang était ravie, car elle croyait avoir remporté une première victoire.
La vérité était que l'effet de cette présentation avait été désastreux pour les projets de la vieille dame.
Marie avait été on ne peut plus désagréablement impressionnée.
D'abord, il lui avait fort déplu qu'on lui rappelât sa misère passée, en lui présentant cet ancien visiteur de la mansarde de la rue Mouffetard, qu'elle avait oublié.
Enfin le lieutenant, troupier fini, n'avait rien qui parlat en sa faveur auprès d'une jeune fille.
Trois ans passés en Afrique dans des lieux de garnison exclusivement militaires, dans les camps, sous la tente, sans autre compagnie que des soldats et des Arabes, lui avaient fait prendre, forcément et bon gré mal gré, des habitudes vulgaires.
C'est ce qui arrive parfois, même aux officiers qui ont reçu une excellente éducation.
La tournure de Darcet était hardie, mais sans élégance; il avait le geste brusque, la parole dure. Les marches forcées avaient imprimé à son corps un dandinement assez accentué.
Et ce n'était pas tout.
Outre qu'il s'exprimait gauchement, Emmanuel était devenu laid.
D'abord, il portait les cheveux taillés en brosse. Cela peut être très martial, mais pour une jeune fille ce n'est pas beau; et puis, - hélas ! -, il commençait à être chauve.
Son teint était basané par le soleil et une cicatrice honorable, mais pas belle du tout, lui coupait le visage, partant du front, au-dessus du nez, tranchant l'arcade sourcilière gauche pour venir zébrer la joue jusqu'au-dessous de l'oreille. L'œil n'était pas perdu, mais peu s'en fallait.
Le vaillant adjudant avait reçu cette blessure dans un combat corps à corps avec un Arabe; elle lui avait valu l'épaulette; mais si elle était un certificat de bravoure aux yeux des soldats, aux yeux des femmes elle était un repoussoir à l'amour.
Darcet ne se faisait pas illusion à ce sujet, et cela était certainement pour quelque chose dans sa timidité et sa gaucherie.
Malheureusement, Mme de Rostang oubliait ce qu'elle avait fait pour Marie Maubert; elle ne se rendait pas assez compte de la transformation que l'éducation, la vie du monde avaient opérée chez la jeune fille. Elle ne se souvenait plus de la nature singulièrement distinguée de la sœur aînée, que son fils avait adorée.
Elle ne voyait aucune distance entre Emmanuel Darcet et Marie Maubert.
Elle ne comparait que les origines.
Et, phénomène curieux qui prouve bien qu'en dépit de leurs protestations, les classes privilégiées subissent quand même l'influence de ce qu'on est convenu d'appeler les préjugés et que nous appellerons, nous, des affinités de race, la comtesse, qui trouvait Darcet digne de Marie, eût déclaré ridicule qu'il osât aimer Léonie de Rostang.
Elle n'admettait pas que Marie pût repousser le lieutenant, mais elle eût considéré comme un malheur que sa nièce aimât cet officier sans fortune, sans nom, dont l'avenir était forcément borné.
Elle agissait donc de bonne foi, étant absolument convaincue que ses projets étaient ceux d'un cœur généreux et qu'elle travaillait au bonheur de sa protégée comme à celui de Darcet.
Voilà, et nous avons cru devoir le bien définir, dans quelle situation d'esprit se trouvaient nos principaux personnages.
Marie et Régine s'étaient préparées pour une double chasse à courre et la comtesse de Rostang avait organisé une battue. La rabatteuse ne s'était pas montrée moins habile que les deux limières. Mais, de part et d'autre, on avait compté sans les incidents.
Le sanglier pouvait faire tête.
Le chevreuil et le faisan pouvaient échapper au tiré.
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Hortense, la comédienne à la mode, devait son surnom de Princesse qu'elle ne portait pas trop mal, du reste, à un rôle qu'elle avait créé avec un immense succès.
Amusante et spirituelle à force d'audace, Hortense avait toujours un mot prêt pour enlever le morceau.
On citait ses réparties.
Questionnée un jour sur la mission de la femme sur la terre, elle répondit par ces mots qui devinrent sa devise comme ils résumaient déjà sa règle de conduite :
- User, ruser, muser !
C'était une excellente fille, du reste, ayant, comme on dit, le cœur sur la main, ce qui faisait qu'elle le laissait souvent échapper.
Pendant un instant, Régine était restée silencieuse, ayant l'air de réfléchir. Enfin elle fit signe qu'elle allait parler.
Les six femmes se rapprochèrent et se disposèrent à écouter avec attention.
- Mesdames, dit Régine, comme la célèbre Impéria, comme moi vous appartenez toutes, à divers titres, il est vrai, à la grande tribu des Amoureuses de Paris.
- Tribu des mieux civilisées, répliqua la chanteuse d'opérettes, qui ne savait pas se taire.
- Dans l'histoire de chacune de vous, l'amour a joué un rôle important.
- L'amour ou ce qui lui ressemble, crut devoir rectifier la jeune femme en toilette de soirée.
- Oh ! C'est souvent la même chose, ajouta la comédienne, et presque toujours l'air vaut mieux que la chanson.
- Entre la galanterie et l'amour, je ne vois guère de différence, dit celle qu'on appellait Mme Crésus parce qu'elle était la femme d'un riche financier.
- Pardon, riposta Hortense, la galanterie n'est que la fausse monnaie de l'amour.
- Oui, fit la baronne de Placy, la jeune femme élégante, et la loi ne punit pas les contrefacteurs.
- Au contraire, soupira l'institutrice.
- Voyons, mesdames, reprit Régine, si vous vous mettez à faire de l'esprit, vous ne sortirez plus d'ici. Je reprends. Puisque nous sommes de la même tribu, nous nous devons une mutuelle assistance.
- Oui, une assurance mutuelle contre les sots et les fats, dit la baronne de Placy avec vivacité.
- Au capital de vos beaux yeux, madame, dit Hortense.
- Et avec le plaisir pour dividende, ajouta Mme Maréchal.
- Mesdames, vous êtes incorrigibles ! s'écria Régine. Je me résume...
- Enfin ! fit l'institutrice.
- Au nom de ma mère je viens vous demander votre concours.
- Dans une affaire d'argent ? interrogea la femme du banquier.
- Non.
- Une affaire d'amour alors ?
- Où est la différence ? demanda la marchande à la toilette.
- Vous m'avez volé mon mot, chère madame Maréchal ! s'écria Hortense. Vous le porterez en compte.
- Tout amour est une affaire, dit Régine.
- Oh ! Madame ! protesta timidement l'ouvrière.
- Ma chère, dit la Maréchal, toutes les théories sur l'amour se résument en ces deux mots : recevoir et prendre !
- Enfin, reprit Régine, voulez-vous m'écouter ?
- Nous écoutons.
- Je veux me venger d'une rivale.
Ces paroles de Régine furent suivies d'un profond silence.
Il fut rompu par la comédienne, qui dit :
- Prenez garde, mademoiselle; à ce jeu-là, votre mère, qui était cependant une rude femme, a perdu plusieurs parties.
- Je profiterai de ses fautes pour ne pas échouer comme elle.
- Enfin, cela vous regarde. Mais vous ne nous dites point ce que vous voulez de nous.
Régine, alors, expliqua aux six femmes ce qu'elle voulait, et ce qu'elle voulait était si monstrueux que les objections abondèrent.
- Mais elle est votre sœur ! exclama Hortense.
- Mais elle ne vous a fait aucun mal ! s'écria la baronne.
- Mais c'est tout simplement une infamie que vous exigez de nous ! fit la banquière.
- Je ne vous demande pas votre avis, mais votre concours, répliqua Régine.
- Quel âge avez-vous, mademoiselle ? demanda Mme de Placy.
- Dix-sept ans. Mais en quoi mon âge peut-il vous intéresser ?
- Hélas ! Que je vous plains ! répondit la baronne.
- Pourquoi me plaignez-vous, madame ?
- Parce que n'ayant pas encore souffert, vous voilà déjà mauvaise.
- Eh ! Madame, répliqua Régine avec hauteur, trêve de remontrances !
- Permettez, mademoiselle, riposta la baronne avec fermeté, vous ne sauriez avoir la prétention de nous empêcher de discuter; vous nous demandez notre concours; nous devons examiner, avant tout, si nous pouvons, si nous devons vous le donner.
- Vous oubliez, madame, que je l'exige, ce concours.
- Non, je n'oublie pas. Mais voyons; vous haïssez votre sœur; je veux bien admettre cette inimitié que ne justifient pas complètement à nos yeux vos espérances déçues; mais pourquoi vouloir vous attaquer aussi à Léonie de Rostang, aujourd'hui Mme d'Ormesson ? Pourquoi lui vouloir du mal ?
- Oui, pourquoi ? appuya Hortense.
- Vous êtes trop curieuses, mesdames... Quand ma mère vous a obligées elle ne vous a pas fait de questions indiscrètes. Imitez donc sa réserve et ne songez qu'à vous acquitter de votre dette.
- Madame, dit l'ouvrière, en prenant la main de Régine, je vous en supplie, permettez-moi de respecter Mme d'Ormesson.
Régine regarda froidement la jeune femme, haussa les épaules et retira sa main sans répondre.
- Et quand nous vous aurons servie de notre mieux, serons-nous libres ? demanda l'institutrice.
- Entièrement libres, répondit Régine.
- Bien sûr, là, bien sûr ? insista la Maréchal.
- Que je réussisse ou non, je vous promets que vous n'aurez plus rien à craindre ni l'une ni l'autre. Le dossier des Amoureuses de Paris sera brûlé devant vous.
- Alors, c'est bien, fit la femme du banquier.
- Mais pas de trahison.
- Ce n'est pas notre intérêt, répondit Mme Crésus.
Le moment de se séparer était venu.
Hortense salua Régine.
La marchande à la toilette lui tendit sa grosse main rouge.
L'institutrice lui fit une révérence cérémonieuse, accompagnée d'un sourire hypocrite.
La femme du banquier salua d'un mouvement de tête presque dédaigneux.
Fanny, l'ouvrière, leva sur elle un regard qui était une prière.
Régine y répondit par un mouvement d'irritation.
La baronne était devenue grave et triste; un peu de contrainte se lisait dans ses yeux.
- J'aurai besoin de vous revoir, dit-elle à Régine.
Celle-ci fixa sur la baronne un regard étonné, presque inquiet.
- Quand vous voudrez, répondit-elle.
Les six femmes se retirèrent.
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- Que ferais-tu, si tu étais à ma place ? deamanda-t-elle à sa femme de chambre.
- Moi, madame ?... Comme l'amour d'un homme ne vaut pas une chiquenaude, je dînerais tranquillement et de mon mieux. J'irais ensuite entendre une bonne grosse bêtise au Palais-Royal. Je rentrerais chez moi, je m'habillerais et j'irais achever ma nuit dans quelque joyeuse réunion où un joli cavalier me ferait oublier mon vicomte. Voilà !
- Ce serait, en effet, le meilleur parti à prendre. Mais, aujourd'hui, je n'agirai pas ainsi. Je veux me venger.
- Sur lui ?
- Non, sur elle.
- Pourquoi pas sur lui ?
- Pourquoi ? Parce que je l'aime !
- Alors, vous ne réussirez pas.
- Peut-être !... Ah ! Si jamais cet amour maudit s'en allait de mon cœur !...
- Ainsi soit-il.
- Nous sortons ce soir, reprit Impéria.
- Où allons-nous ?
- Au bal.
- Au bal ! Et vous m'emmencz avec vous ? s'écria gaiement la soubrette. Est-ce à Mabille ?
- Non, à la Chopine-d'Or.
- Qu'est-ce que c'est que cela, le bal de la Chopine-d'Or ?
- Un bal très fréquenté... par messieurs les ravageurs et leurs compagnes, les chiffonniers et leurs épouses et autres industriels du ruisseau.
Julie fit une grimace significative.
- Tu fais la dégoûtée !... Tu es bien difficile !
- Dame, quand on sert une élégante... La reine du monde des plaisirs...
Impéria haussa les épaules.
- Ta reine du monde, dit-elle, est la fille d'un ravageur.
- Madame veut se moquer de moi, répliqua Julie en riant.
- Pas du tout. Il paraît que ma mère, de son vivant marchande de verdure sur le carreau de la Halle, avait pour amant un chenapan de la plus belle venue. Après avoir été la coqueluche de toutes les demoiselles du quartier, ce personnage, qui est mon père, dit-on, s'est livré pour vivre à cette industrie assez louche, dont le grand art consiste à ne rien laissez traîner.
- En vérité, madame me confond. On vous croirait née d'un duc et d'une marquise.
- Parce que j'ai de petits pieds et de très belles mains. C'est ce que M. de Rostang appelle des signes de race... Le sot ! Comme s'il y avait des races !... Tu comprends que notre toilette ne sera pas longue. Tiens, prends cette clef et ouvre ce cabinet, où tu n'es jamais entrée. Tu y trouveras un choix de costumes de circonstance.
Julie ouvrit le cabinet, et, sur l'ordre de sa maîtresse, elle apporta au milieu de la chambre une brassée de hardes.
C'étaient des robes d'indienne d'une propreté douteuse, des bonnets, des jupons, des fichus, des chaussures rapiécées, en un mot tout ce qui peut constituer la toilette d'une chiffonnière ou d'une boueuse endimanchée.
- Qu'est-ce que tout cela ? s'écria la femme de chambre. Est-ce que nous allons nous affubler de ces guenilles ?
- Sans doute.
- Pouah !... Votre beau corps là-dedans !...
- Ces guenilles, ma chère, n'ont de malpropre que l'extérieur. Je les ai déjà mises trois fois. On ne va pas à un bal de la Chopine-d'Or en souliers de satin.
Vers dix heures du soir, la maîtresse et la femme de chambre, travesties en femmes du peuple, enveloppées dans de longs tartans gris, sortirent de l'hôtel par l'escalier de service. Elles se jetèrent dans un fiacre et se firent conduire à cinq cents pas du cabaret de la Chopine-d'Or.
Ce cabaret était un bouge de dernier ordre; il était situé au delà du boulevard extérieur, entre la barrière de la Santé et celle de Lourcine.
La maison se divisait en apparence, en deux parties : le cabaret et le bal. Ils communiquaient ensemble par un corridor en boyau qu'éclairait fort mal un quinquet fumeux.
La pièce où l'on buvait était étroite, basse et tellement sombre qu'il eût été nécessaire de l'éclairer en plein midi. Des rideaux à carreaux rouges et blancs, noirs de fumée, couvraient les vitres ternies. Des tables et des bancs scellés au sol, un comptoir couvert de feuilles d'étain noirci et un quinquet à trois branches pendu au plafond composaient tout l'ameublement. Une trappe, conduisant à la cave, s'ouvrait derrière le comptoir.
La salle de bal avait la forme d'un parallélogramme. Une couverture vitrée lui servait de toiture, mais les vitres étaient si sales que le verre ressemblait à de la corne grise. Les murs étaient recouverts d'une sorte de peinture, fresque grossière, représentant un jardin avec des tonnelles, sous lesquelles buvaient des soldats et des femmes. Tout autour, des bancs de bois et des tables étroites. Au fond, une estrade de trois pieds carrés réservée à l'orchestre.
Une odeur repoussante prenait à la gorge dès qu'on entrait dans ce cloaque impur.
C'était un lundi. Onze heures venaient de sonner quand Impéria fit arrêter sa voiture.
- Nous laissons nos châles, dit-elle au cocher. Attendez-nous, et buvez un coup pour vous faire prendre patience.
Le cocher prit les vingt sous que lui présentait sa cliente, attacha ses chevaux et entra chez un marchand de vins.
Pendant ce temps, les deux aventurières gagnaient à pied le bal de la Chopine-d'Or.
Impéria n'entra pas dans la salle des buveurs. Elle frappa à la vitre d'une certaine façon. Aussitôt le maître, un robuste gaillard aux épaules carrées, quitta son comptoir, ouvrit la porte et se plaça sur le seuil.
La jeune femme s'approcha.
- Quelle heure est-il ? dit-elle.
- La pendule est arrêtée, répondit l'homme.
La reconnaissance était faite.
- Pied-de-Fer et Nez-Camus sont-ils ici ? demanda Impéria.
- Le premier, oui; le second, non.
- Et La Pratique ?
- Le vieux boit dans un coin.
- Le salon est-il libre ?
- Jusqu'à une heure.
- Je le prends.
- Vous savez les conditions ?
- En voici la preuve.
Et elle mit dans la main de l'homme une pièce d'or.
Le marchand de vins fit un mouvement de surprise et jeta sur les deux femmes un regard presque sinistre.
- C'est tout ce que je possède, dit vivement Impéria, et ma camarade n'a rien. Ainsi, pas de mauvaises pensées, monsieur Landry.
Maître Landry se mordit les lèvres et ébaucha un sourire.
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