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Citation de AuroraeLibri


La véritable mère de Guillaume fut une vieille servante de la maison, qui avait vu naître M. de Viargue. Geneviève était sœur de lait de la mère du comte. Cette dernière, qui appartenait a la noblesse du Midi, s’était fait accompagner par elle en Allemagne, lors de l’émigration, et M. de Viargue, à sa rentrée en France, après la mort de sa mère, Pavait installée à Véteuil. C’était une paysanne cévenole, appartenant à la religion réformée et gardant dans sa tête étroite et ardente tout le fanatisme des premiers calvinistes, dont elle sentait le sang couler dans ses veines. Grande, sèche, avec des yeux creux et un grand nez aigu, elle rappelait ces vieilles possédées qu’on jetait jadis au bûcher. Elle traînait partout une énorme bible sombre dont la reliure était consolidée par une garniture de fer, matin et soir, elle en lisait quelques versets à voix haute et perçante. Parfois elle trouvait des mots farouche, de ces mots de colère que le terrible Dieu des Juifs laissait tomber sur son peuple épouvanté. Le comte tolérait ce qu’il nommait ses manies ; il connaissait la haute probité, la justice souveraine de cette nature exaltée. D’ailleurs, il regardait Geneviève comme un legs sacre de sa mère. Elle était dans la maison moins une servante qu’une toute-puissante maîtresse.

Chapitre III
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