Éric Le Boucher - Échec de la barbarie
Une cascade de calamités s’est abattue sur le monde.
Chacun sent qu’on pourrait glisser sur une très mauvaise pente. Le XXIe siècle pourrait devenir un nouvel âge sombre avec la multiplication des menaces internationales et le délitement des sociétés nationales.
Ce qui est neuf cette fois-ci est la percussion d’un capitalisme qui atomise les individus avec un Internet hyperpuissant qui les unit de façon souvent malsaine. L’époque perd la prudence, la justice, la tempérance et le courage, les quatre vertus cardinales de la raison grecque selon Cicéron, piliers profonds de la civilisation occidentale depuis deux millénaires.
Depuis les 3 milliards et 800 millions d’années que la Terre existe, la nature n’a cessé d’évoluer grâce à un processus d’optimisation continu qu’on découvre de plus en plus admirable d’« intelligence naturelle », d’économie de moyens et de pérennité des résultats. Depuis deux siècles, la technologie humaine, industrielle, a fait autrement. Elle a consisté à forcer la nature pour produire plus de matériaux et plus de nourriture. Non sans succès incontestablement, mais avec des dégâts qu’on mesure aujourd’hui.
L’information sérieuse pour « l’honnête homme », ennuyeuse, a laissé place au clash de la polémique, au buzz de la complosphère, aux insultes et contre-insultes. Parallèlement, le journaliste est remplacé par « l’influenceur ». Terrible glissade des mots et des choses. Et nous n’avons encore rien vu. Avec l’intelligence artificielle, la domination des GAFA sur l’infotainment et l’information va devenir ravageuse.