Petit essai d'économie très intéressant qui retrace la dernière histoire de l'économie mondiale, la place des réseaux et de l'individualisme, de la montée des extrêmes ou du wokisme. Si les causes et le constat que notre auteur développe sont réfléchis, il me perd en revanche sur la suite. Son "meilleur des mondes" c'est encore et toujours l'angélisme du capitalisme libéral, la croissance et les gains de productivité - oh la la le grand capital doit prendre soin des populations moyennes sinon elles vont être colères ! La solution à l'écologie c'est... la voiture électrique ! Endettons encore et encore à tout va, on verra après ! Les méchants (la "barbarie") ce sont bien-sûr les partis populistes et les complotistes, les Gilets jaunes et le Pr. Raoult aussi, mais pas du tout le mépris et la violence de la Macronie par exemple qui pourtant persiste dans la destruction de notre modèle social (d'actualité en plus !). Bref, voilà au final un défenseur du vieux monde économique, alors même pourtant que ses analyses, ses lectures, ses connaissances sont bonnes et ses suggestions (notamment la théorie de la Justice de Rawls) à réfléchir, ça manque quand même d'audace, on a l'impression d'un courage dans les propositions commandé par le politiquement correct : on va y arriver ! quand il faudra, on le fera ! on en sera capable ! (J'exagère, si peu). C'est plus proche de la politique que de l'économie.
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Dans un livre particulièrement stimulant, Eric Le Boucher appelle à un sursaut des démocraties libérales face à l'irraison généralisée que traduit la montée des mouvements radicaux dans le monde.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Une cascade de calamités s’est abattue sur le monde.
Chacun sent qu’on pourrait glisser sur une très mauvaise pente. Le XXIe siècle pourrait devenir un nouvel âge sombre avec la multiplication des menaces internationales et le délitement des sociétés nationales.
Ce qui est neuf cette fois-ci est la percussion d’un capitalisme qui atomise les individus avec un Internet hyperpuissant qui les unit de façon souvent malsaine. L’époque perd la prudence, la justice, la tempérance et le courage, les quatre vertus cardinales de la raison grecque selon Cicéron, piliers profonds de la civilisation occidentale depuis deux millénaires.
Depuis les 3 milliards et 800 millions d’années que la Terre existe, la nature n’a cessé d’évoluer grâce à un processus d’optimisation continu qu’on découvre de plus en plus admirable d’« intelligence naturelle », d’économie de moyens et de pérennité des résultats. Depuis deux siècles, la technologie humaine, industrielle, a fait autrement. Elle a consisté à forcer la nature pour produire plus de matériaux et plus de nourriture. Non sans succès incontestablement, mais avec des dégâts qu’on mesure aujourd’hui.
L’information sérieuse pour « l’honnête homme », ennuyeuse, a laissé place au clash de la polémique, au buzz de la complosphère, aux insultes et contre-insultes. Parallèlement, le journaliste est remplacé par « l’influenceur ». Terrible glissade des mots et des choses. Et nous n’avons encore rien vu. Avec l’intelligence artificielle, la domination des GAFA sur l’infotainment et l’information va devenir ravageuse.
Éric Le Boucher - Échec de la barbarie