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Citation de Iboo


D'Arpheuillette venait de redonner la parole à François. Celui-ci montra à tout le monde l'enveloppe contenant la lettre de Parmentier et l'ouvrit comme s'il venait de la recevoir. Il se tenait au centre de la mosaïque, face au public, et lut :
- [...] Je tiens en haute estime maître François Prost de Royer et son œuvre pour le bien de la communauté publique. Cet homme est la probité même. Je vous prie d'examiner avec le plus grand soin sa demande, qui n'est pas un manifeste contre une corporation. Rassurez-vous, messieurs les boulangers, faites-moi confiance, faites-lui confiance. Vous me connaissez et vous connaissez mes travaux pour l'amélioration du pain avec la farine de pomme-de-terre. Ensemble, nous voulons un aliment dont aucune disette ne puisse altérer la qualité et dont le plus grand nombre pourra avoir les faveurs. Ouvrez vos portes et acceptez qu'une saine concurrence permette de nourrir plus de bouches encore, que plus aucun enfant ne meure de faim l'hiver dans notre royaume. Faisons-le, faisons-le ensemble, et vous serez l'honneur même de votre profession, vous serez ceux qui, en ayant établi le prix le plus juste, pour vous, pour nous, pour tous, auront contribué à la grandeur de notre royaume, c'est-à-dire à votre propre grandeur.
Les mots de Parmentier à travers la voix chaude et vibrante de maître Prost, avaient réussi à captiver la salle, dont l'hostilité avait disparu. Pierre Brac comprit qu'il ne pourrait pas reprendre l'ascendant et ne demanda plus la parole. Tous les regards se tournèrent vers le juge d'Arpheuillette qui sembla surpris, avant de déclarer la fin des débats.
[...] Lorsqu'il entra pour se changer, le juge fut pris d'une impérieuse envie d'uriner et se soulagea dans le pot d'aisance.
- Monsieur le juge... dit une voix dans son dos.
- Votre Honneur, corrigea d'Arpheuillette, agacé par la présence de Pierre Brac qui l'avait suivi.
- Votre Honneur, permettez que je vous entretienne encore du sujet.
Le juge fit claquer le couvercle du pot.
- Il me semble que les débats sont clos, répliqua-t-il après une profonde inspiration.
L'avocat se plaça devant lui pour l'obliger à l'écouter.
- Considérez bien tous les aspects de cette situation. C'est un grand inconvénient que d'accoutumer le peuple à acheter le blé à trop bas prix, dit-il sur le ton de la confidence. Il se fait moins laborieux, il se nourrit de pain à peu de frais et devient paresseux et arrogant.
- J'ai déjà vu cet argument quelque part, grommela d'Arpheuillette tout en retirant sa perruque. Il n'est pas de vous. Dans un ouvrage de cet économiste... François Quesnay, n'est-ce pas ?
- J'ai adopté les idées de ce visionnaire, nous sommes nombreux ici à l'avoir fait. Voyez-vous, les ouvriers sont des gens insouciants et sans prévoyance. Ils mangent et ils dissipent à mesure qu'ils gagnent. Pourquoi leur donner plus ? Ils ne font pas d'épargne.
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