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Citations de Éric Marchal (152)


Soûle-toi de lecture, tu n'en seras jamais rassasié ni malade.
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Depuis que je suis rentré dans cette guerre, j'ai plus dialogué avec les morts qu'avec les vivants, Nicolas. Des types, j'en ai ouvert des centaines et des centaines. Des Turcs aussi, qu'on essayait de sauver après les avoir grêlés de plomb, des mamelouks, des yayas, des spahis. Une fois passé la peau, on a tous la même couleur à l'intérieur. Rien ne change. Et je n'ai même pas rencontré âme qui vive dans une dépouille. Juste l'odeur de la mort. Cette odeur, elle est sur moi, elle ne me quitte plus. Et crois-moi, ce n'est pas le parfum de Dieu...Je doute mon ami, je doute d'une autre vie que celle qui nous anime ici. Et cela me fait parfois peur.
Nicolas posa ses instruments de chirurgie et s'assit à côté de lui.
- J'ai les mêmes doutes. Mais nous sommes les seuls à voir l'être humain pour ce qu'il est, à essayer de comprendre les mécanismes qui le constituent, comment la vie coule en lui. Le clergé se méfie de nous afin de protéger son Dieu, les médecins se méfient afin de protéger leur institution, tous tentent de nous contrôler de peur que nous percions les ultimes secrets de l'homme. C'est le prix de notre passion.
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Ce n’est pas un secret, je rentre dans la catégorie des acheteurs compulsifs de livres, ce qui fait que les raisons de la présence de tel ou tel ouvrage dans ma bibliothèque sont souvent aléatoires. C'est on ne peut plus vrai pour Le soleil sous la soie. Un petit tour sur le site web de la librairie d’occasion que je visite parfois (enfin, euh... régulièrement... bon d'accord, très souvent...), il est là. Je me souviens d’en avoir vaguement entendu parler, le prix est attractif, je clique, et il intègre ma PAL. Cette même PAL qui siège sur mes étagères (et qui a toujours la fâcheuse tendance à croître, croître, croître sans que je sache vraiment pourquoi, c'est un véritable mystère cette PAL, je vous le dis!) et dans laquelle je plonge régulièrement, juste pour le plaisir de laisser courir mes doigts sur les couvertures. Ils se sont arrêtés sur ce roman. Et je n’ai aucun regret…

Je suis partie en voyage avec Nicolas Déruet et l’ai accompagné sur les chemins de Nancy et jusqu'aux tranchées hongroises. Porté par une écriture très élégante, et aux accents de l’époque (qui m’ont déstabilisée pendant les premières pages pour finalement m’envelopper), ce roman m’a littéralement fait remonter le temps. Le XVIIIe siècle est sur le seuil de la porte, avec lui ses conflits, politiques d'abord –le duché de Lorraine et la France notamment-, sociaux ensuite –l’insertion dans le récit de l’intégration des Roms est d’une habilité déconcertante-, mais également professionnels. La médecine est divisée. Plutôt que de s’imbriquer comme les pièces d’un puzzle et ainsi se compléter, ses différentes branches s’affrontent dans une lutte parfois déloyale.

En plus de s'être livré à une remarquable reconstruction historique (les cas de médecine que rencontre Nicolas sont d'une précision incroyable), Eric Marchal a su créer une intrigue sans vrais temps morts, pimentée d’histoires d’amour et d’amitié qui sont autant de reflets de l'évolution de nos personnages. Marianne? Rosa? Finalement la question n'est pas là. Tout n'est qu'une question de moment. De qui on est. De qui on devient. De ce que l'on veut être. J'ai suivi avec passion le parcours de Nicolas, cet homme en prise avec son époque.

Je me suis surprise à tourner les pages, à lire attentivement les cas de médecine et je me suis immergée pleinement dans ce récit, peinant à sortir de mon apnée pour reprendre mon souffle. Cela faisait très longtemps qu’un roman historique ne m’avait pas captivée autant.

Et comme d’habitude, un lourd dilemme m’adresse un sourire narquois : je n’ai plus de romans dans cette veine dans ma PAL… Elle est encore trop petite…
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Mon coeur ne vous est pas gagné pour toujours : il se gagne tous les jours.
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Tout le monde a besoin d'écrire aux autres, sans se déplacer, même pour les inviter à souper ; aujourd'hui, on ne fait plus une lieue à pied pour prendre des nouvelles de sa famille ou de ses voisins : on leur envoie un billet ! C'est cela le progrès et j'en fais partie, conclut-il, satisfait.
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Par les fenêtres illuminées, on pouvait distinguer les foyers équipés de l'électricité, à la lumière pâle et d'intensité constante, de ceux qui etaient éclairés à la bougie ou a l'âtre, aux teintes changeantes.
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- Avez-vous remarquez à quel point les opposants au trempage de la tartine ont une vision intégriste de la chose ? Ils ne supportent pas de voir quelqu’un le faire devant eux, cela les dégoûte. Mais de façon radicale. Ils ne cherchent pas à comprendre ceux qui agissent différemment d’eux, ni à se remettre en question. Ils les excluent, car la différence de comportement est pour eux une faute, une faiblesse. On observe la même chose avec la peau dans le lait chaud, les morceaux dans les yaourts, les queues des radis et, plus grave, les glaçons dans le Martini. Savez-vous quel est le nombre d’intégristes du Martini dans la population adulte ?
Raphaël trempa une nouvelle fois sa tartine avant de continuer :
- Cinq pour cent ! Cinq pour cent de gens qui ne supportent pas qu’on glisse un élément étranger dans leur verre d’alcool préféré sous prétexte que la dilution induirait une infamante dégradation de l’arôme original. (...)
Tout le monde restait interdit. Même Mathias ne savait pas quoi penser, Raphaël but une gorgée et poursuivit :
- Je vous le dis, mesdames et messieurs, l’intolérance commence là, le matin, dès le plus jeune âge, quand on impose à ses enfants l’interdiction de tremper son pain frais dans son lait bio. C’est pour cela que l’on observe des conflits partout dans le monde, que la violence est le mode de communication de l’être humain : c’est le syndrome de frustration du trempage qui conduit le monde à sa perte.
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D'Arpheuillette venait de redonner la parole à François. Celui-ci montra à tout le monde l'enveloppe contenant la lettre de Parmentier et l'ouvrit comme s'il venait de la recevoir. Il se tenait au centre de la mosaïque, face au public, et lut :
- [...] Je tiens en haute estime maître François Prost de Royer et son œuvre pour le bien de la communauté publique. Cet homme est la probité même. Je vous prie d'examiner avec le plus grand soin sa demande, qui n'est pas un manifeste contre une corporation. Rassurez-vous, messieurs les boulangers, faites-moi confiance, faites-lui confiance. Vous me connaissez et vous connaissez mes travaux pour l'amélioration du pain avec la farine de pomme-de-terre. Ensemble, nous voulons un aliment dont aucune disette ne puisse altérer la qualité et dont le plus grand nombre pourra avoir les faveurs. Ouvrez vos portes et acceptez qu'une saine concurrence permette de nourrir plus de bouches encore, que plus aucun enfant ne meure de faim l'hiver dans notre royaume. Faisons-le, faisons-le ensemble, et vous serez l'honneur même de votre profession, vous serez ceux qui, en ayant établi le prix le plus juste, pour vous, pour nous, pour tous, auront contribué à la grandeur de notre royaume, c'est-à-dire à votre propre grandeur.
Les mots de Parmentier à travers la voix chaude et vibrante de maître Prost, avaient réussi à captiver la salle, dont l'hostilité avait disparu. Pierre Brac comprit qu'il ne pourrait pas reprendre l'ascendant et ne demanda plus la parole. Tous les regards se tournèrent vers le juge d'Arpheuillette qui sembla surpris, avant de déclarer la fin des débats.
[...] Lorsqu'il entra pour se changer, le juge fut pris d'une impérieuse envie d'uriner et se soulagea dans le pot d'aisance.
- Monsieur le juge... dit une voix dans son dos.
- Votre Honneur, corrigea d'Arpheuillette, agacé par la présence de Pierre Brac qui l'avait suivi.
- Votre Honneur, permettez que je vous entretienne encore du sujet.
Le juge fit claquer le couvercle du pot.
- Il me semble que les débats sont clos, répliqua-t-il après une profonde inspiration.
L'avocat se plaça devant lui pour l'obliger à l'écouter.
- Considérez bien tous les aspects de cette situation. C'est un grand inconvénient que d'accoutumer le peuple à acheter le blé à trop bas prix, dit-il sur le ton de la confidence. Il se fait moins laborieux, il se nourrit de pain à peu de frais et devient paresseux et arrogant.
- J'ai déjà vu cet argument quelque part, grommela d'Arpheuillette tout en retirant sa perruque. Il n'est pas de vous. Dans un ouvrage de cet économiste... François Quesnay, n'est-ce pas ?
- J'ai adopté les idées de ce visionnaire, nous sommes nombreux ici à l'avoir fait. Voyez-vous, les ouvriers sont des gens insouciants et sans prévoyance. Ils mangent et ils dissipent à mesure qu'ils gagnent. Pourquoi leur donner plus ? Ils ne font pas d'épargne.
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- Que font-ils ?
- Ils parlent, ils parlent. Beaucoup !
- Mais de quoi ?
- De sa maladie : il a l'encyclopédie ! Il faut l'éviter, le médecin a dit qu'il n'y avait rien de plus dangereux ! Et l'imprimeur l'a attrapée aussi !
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«  Les pierres des façades exsudaient doucement la chaleur que la mégalopole britannique avait avalée depuis l’aube. »
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L’émotion est une maladie contagieuse. Qu’il ne faut pas combattre.
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Chacun a un pas unique. Personne n’y prête attention. Pourtant, les crissements du gravier sous une semelle sont une empreinte sonore aussi sûre que la voix humaine. La surface du pied, le poids du sujet, son angle d’attaque, la fréquence du pas, l’assurance, la nervosité, la gaité, la peur se transmettent aux cailloux qui envoient leurs cris à l’unisson. Il faut savoir écouter autant que regarder. Sinon, dans quelques générations, les oreilles inutiles, se seront repliées dans leurs trous. Tout le monde entend sans écouter. Tous les cris de détresse se perdent dans le désert.
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- Être le premier ne sert à rien si c'est pour aliéner sa liberté.
- Mais la vie est un ensemble de concessions individuelles faites au profit d'un groupe.
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Je me souviens d'un cas où l'homme avait ingurgité un os de bœuf caché dans un chou, raconta-t-il. Deux mois après, on le retrouvait coincé dans les chairs de son fondement. Manger est suffisamment risqué de nos jours, voilà maintenant qu'on nous rajoute des couverts !
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La Lorraine n'avait pas fière allure en cette fin de siècle, martyrisée par trente ans de guerre et d'occupation française, avec un clan ducal exilé en Autriche, en campagne ouverte contre Louis XIV. Abandonnés à leur sort, les habitants payaient un lourd tribut au conflit, par l'enrôlement des leurs dans la milice et les impôts levés dans tous les bailliages pour l'entretien des troupes.
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- C’est quand même pas compliqué de s’impliquer un peu dans ce que l’on fait ! Regarde-toi : t’es inconsistant. T’as l’œil aussi expressif qu’une mouette charriant sa fiente les fesses gercées un matin d’hiver et t’as le sourire de la Joconde, mère de quatre mômes, après que son mari s’est barré avec la bonne ! C’est quoi ce rictus ? Tu sors de chez l’émailleur ? Il t’a anesthésié le claquot ou quoi ?
- Hein ?
- Hein ? Hein ? Mais tes parents t’ont appris la politesse avec des cours en braille ? On dit : pardon mon colonel ...
- Mais vous n’êtes pas colonel.
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Il s'aperçut alors qu'il était le seul homme du royaume à pouvoir traduire ces phrases, à pouvoir surmonter cet obstacle de la langue de leurs ancêtres, le seul lien entre le passé oublié et le présent oublieux.
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- Nous avons présenté les plus grandes pétitions jamais faites dans ce pays pour une réforme dit-elle avec force et maîtrise. Nous avons organisé de plus grands meetings que ceux des hommes, malgré les difficultés. Nous avons fait face à des foules hostiles au coin des rues. Notre combat a été déformé, ridiculisé, on nous a jeté de la nourriture, et la foule ignorante a été incitée à nous violenter, ce à quoi nous avons fait face sans armes ni protection. Comme c'était le devoir de nous aïeux de lutter pour leurs droits, c'est aujourd'hui le nôtre de faire une meilleure place à la femme dans le monde.
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Il n'y a pas d'échelle dans le poids de la peine (...).
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