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Citation de hcdahlem


Jean-Armand Pannetier, c’est son nom, laissera une petite relation de sa journée, et retombera aussitôt dans le néant. Mais à ce moment, le mardi 14, il est l’étincelle qui met le feu aux poudres.
Comme il est de grande taille, il se plante contre la muraille et fait la courte échelle. Le charron Tournay monte le premier. Il porte un gilet bleu. Il a vingt ans. Huit à dix autres le suivent. Ils enjambent une échoppe qui sert de remise à un débitant de tabac. La foule les apostrophe, on rigole, on les encourage. Il y a un raffut inouï. Tournay grimpe sur le toit du corps de garde. Des copains le hèlent, le vent fait bouffer son gilet. Je désire, j’imagine, qu’à cet instant, le charron Louis Tournay ait été lui-même, seulement lui-même, vraiment, dans son intimité la plus parfaite, profonde, là, aux yeux de tous. Ce fut pour un court instant. Quelques pas de danse sur un toit de tuiles. Une série de déboulés, la tête libre, haute, puis un chapelet de battements, de piqués, de pirouettes même. Ou plutôt, non, ce furent des pas très lents, de petites glissades, des pas de chat. Soudain, Tournay, sous le grand ciel, dans le jour gris et bleu, oublie tout. Le temps meurt un instant en lui. Il vacille près d’une cheminée. Les gens craignent qu’il tombe. Oh ! Il s’accroupit sur la pente intérieure du toit, les tuiles lui brûlent les mains ; on ne le voit plus. Il est seul. La Cour du Gouvernement est vide, face à lui. Il est alors juste une ombre, une silhouette. Les soldats sur les tours le regardent. Il saute dans la cour.
Là, il est encore plus seul. » (p. 67-68)
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