Intervention d'Eric de Montgolfier au Festival Simenon des Sables d'Olonnes
Un mot de ma mère à sans doute beaucoup contribué à parachever cette éducation. Je devais avoir une dizaine d'années et le préfet des études la fit venir. Il l'entretint du projet qu'il avait formé, sans d'ailleurs me consulter, de me faire entrer au séminaire.
- Pourquoi pas ? lui répondit-elle, avant d'ajouter :
Qu'importe qu'il soit prêtre ou truand....L'essentiel est qu'il soit un bon prêtre ou un bon truand !
Peut-être le bon père s'est-il quelque peu raidi dans sa soutane.
On se sentirait pigeon à moins... Pour ceux qui ont le sentiment de l'être, adoptant parfois son plumage comme une justification de leur passivité, ils doivent se rappeler sans cesse que, plus qu'un droit, la citoyenneté est un devoir, une exigence permanente qui ne souffre guère de compromis. Elle n'exclut ni l'exemple, ni l'abnégation, mais surtout elle doit se vivre debout. Cela commence par l'impérieuse obligation de s'écarter de ses intérêts au profit de la vérité, si contraignante soit-elle. Mais pourrait-elle ne pas l'être?
On parle aisément de démocratie dans notre pays; c'est oublier un peu vite qu'avant de s'exprimer dans des choix, elle passe par l'accès à l'ensemble des mécanismes qui fondent la société. Plus les règles sont obscures ou diluées dans une réglementation trop complexe, plus grande est la difficulté pour la plupart de ceux auxquels elles sont opposées de vérifier qu'elles sont correctement appliquées par ceux qui en ont la maîtrise.
Parfois, le rire laissait place à l'écœurement. Par exemple cette mère, dont la vigueur morale n'avait que suscité le perplexité jusqu'alors, qui, lors d'une soirée donnée pour sa fille, se refusa, au mépris de sa propre histoire, à inviter les enfants dont les parents étaient divorcés. Quand elle s'affiche ainsi, la vertu n'est qu'un masque porté par un cadavre.
Il n'y a, dit-on, que les vieilles putains pour bien faire la morale...