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Citation de Presence


Le regard frais, fiston. Frais comme dans Poisson frais, Fleurs fraîches, Fruits frais. En bref non avarié. Même à New York, les fruits frais sont cent mille fois plus courants qu’un regard frais, tu sais ? Regarde-moi tous ces vieux regards avariés. On ne le sent pas, en tout cas, pas avec le nez de chair. Mais avec le nez de l’âme, par contre, tous ces milliers, ces millions de regards qui trottinent dans Manhattan, juchés sur des têtes encombrées, on sent bien que tous ces regards puent. Ils empestent la corruption déjà tous grignotés par la vermine. Ah, mon garçon, dégage-toi le nez de l’âme et respire-moi cette pourriture ambulante ! Tout Manhattan, ou presque, une meute de pourritures. Il y a les pourris pourris – et il y en a pas mal ici, crois-moi – et il y a les pourris braves. Il y a même les pourris honnêtes ou presque. Mais tous on le regard pourri. Pourquoi ? Tout simplement parce que ça fait longtemps qu’ils ont cessé d’être frais. Comme éructait le vieux Whitman qui s’y connaissait en fraîcheur du regard : Il empeste le cadavre, vite à la fosse, sans tarder ! Ou T.S. Eliot : Tant des gens… qui eût cru que la mort eût défait tant de gens… Note bien que Whitman comme Eliot ne dénonçaient pas les morts morts mais les pseudo-vivants, les hommes creux dont le regard a cessé d’être frais. Sans un regard frais, putain… qu’est-ce que tu peux faire ?
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