Le monde chinois de l’Antiquité était moins étendu que la Chine moderne. Il ne dépassait guère le bassin du Fleuve Jaune (Houang-ho) ; et, même dans ce bassin, il n’occupait guère que les plaines, laissant les montagnes aux barbares. La civilisation chinoise est née et s’est déve loppée dans le pays du loess. C’est dans la grande plaine du bas Fleuve Jaune qu’elle s’est formée, dans la région où viennent converger aujourd’hui les limites des provinces de Ho-pei, Ho-nan et Chan-tong, autour de la zone, légèrement relevée par rapport aux plaines basses du nord et du sud, qui sert de seuil aux déplacements périodiques de l’embouchure du Fleuve jaune et a rejeté celle-ci, soit vers le golfe du Petchili, soit vers la mer de Chine.
L’automne était le temps de la moisson, puis du battage qui se faisait sur place ; après quoi, le grain engrangé, on « faisait rentrer le feu » : l’Allumeur l’éteignait sur le foyer de plein air pour le rallumer à la maison. Quittant alors les huttes d’été, les paysans retournaient au village ; ils faisaient rentrer les bestiaux, ils fermaient les portes des maisons, les calfeutrant même avec de la terre : pendant les mois où les jours sont les plus courts, nul, ni homme ni bête, ne sortait des maisons. C’était l’achèvement du cycle de l’année. Celui de l’année suivante allait recommencer.
En attendant de trouver le Roi Saint qui ramenât le bon vieux temps, les Scribes s’appliquaient à définir le gouvernement parfait de l’Antiquité, et cela les amena à comparer la société contemporaine à celle des légendes. Chargés des pièces officielles, ils étaient habitués à rédiger les discours par lesquels les Rois et les Princes conféraient des charges, les juges prononçaient leurs sentences, les hauts dignitaires rendaient compte de leurs actes, moins en présentant des faits précis se rapportant à chaque cas particulier qu’en développant des thèmes consacrés par l’usage.