Je commentais tout ce que je faisais et pensais et ce n’était jamais assez bien, et je ne prenais quasi jamais le temps de m’occuper de moi-même et d’alimenter mon amour-propre. Ma psychologue m’a demandé de donner un nom à ces ruminations. Je les ai nommées « le diable ». [...] J’expliquais à ma psy que « ça criait » dans ma tête, qu’il y avait des commentaires incessants qui agissaient tous en même temps. Pour cette raison, je lui demandais souvent : « Comment savoir quelle voix est la mienne et quelle voix est celle du diable ? » À cette question, ma psychologue me répondait : « Éva, vous le savez très bien. » Cette réponse ne me satisfaisait pas.
Et soudainement l’amour se transforme en haine, le soleil en grisaille, les rires en stress. Alors qu’avant, les gens heureux et positifs m’entouraient, que mon cœur était rempli d’espoir et d’ambition, je me retrouve avec des personnes sombres, sans respect, plus de motivation. Mon week-end en Angleterre a comme réveillé ma partie dépressive. Je ne prends plus les choses à la légère comme avant, je me prends la tête.
Qu’on me baise, qu’on m’utilise, qu’on me parle mal, qu’est-ce que je m’en fous. Le paradis était à ma portée et je l’ai quitté. Je me retrouve dans cette vie morose et je passe du temps seule dans mon lit. L’écriture me sauve et pourtant je ne crois plus en ma capacité à devenir un auteur marquant, à changer le monde. C’est fou comme notre entourage peut nous peser. Je me laisse aller. De toute façon, je n’y peux rien.