Évelyne Ramelet

La pluie artificielle par ensemencement des nuages est une technique récente, élaborée et appliquée pour la première fois en 1946, aux Etats-Unis, pour lutter contre la sécheresse qui sévissait dans la région de New-York. Elle s'est ensuite répandue pour lutter contre le manque d'eau (...). L'un des usages notoires de l'ensemencement des nuages a été mis en oeuvre à Tchernobyl : la pluie artificielle a été employée pour rabattre au sol les fumées de l'incendie du réacteur de la centrale, le produit utilisé étant du nitrate d'argent. En 2004, l'Organisation météorologique mondiale recense plus de 100 projets de modification artificielle du temps dans le monde, portés par des dizaines de pays. (...) Le plus grand projet actuel est mené en Chine dont la "capacité à influer sur la météo" a déjà été démontrée lors des jeux olympiques de 2008.

Certaines ONG proposent la gratuité du service de l'eau dans la limite des besoins essentiels journaliers, estimés entre 40 et 50 l par personne. Elles comparent cette gratuité à celle de l'éducation "gratuite, laïque et obligatoire" de tradition française : c'est une gratuité de principe puisqu'au final, c'est la collectivité qui paie, grâce au prélèvement des impôts. Une fois le seuil de gratuité dépassé, l'eau est ensuite facturée, soit proportionnellement à la consommation, soit à un tarif lui-même progressif en fonction de cette consommation. En Afrique du Sud, où le droit à l'eau est reconnu constitutionnellement, l'exploitant procure 25 l d'eau gratuitement par personne et par jour. (...) Les chiffres démontrent que les habitants qui bénéficient d'une quantité minimale d'eau gratuite ont tendance à l'économiser précieusement, précisément pour ne pas atteindre le seuil payant.

l'eau fossile est par définition une ressource non renouvelable, son extraction est donc forcément limitée dans le temps quelle que soit l'importance du volume de l'aquifère. Le caractère éphémère de son utilisation doit donc être intégré dans le projet d'alimentation en eau du territoire et des populations. De plus, réintroduire dans le cycle de l'eau une ressource emprisonnée depuis des centaines de milliers d'années n'est sans doute pas sans conséquences. Le pompage de l'eau fossile augmente la quantité totale d'eau dans l'hydrosphère, ce qui pourrait être un des facteurs, comme l'émission de CO2, du changement climatique.

Quand l'homme s'est peu à peu organisé en sociétés, l'eau est devenue, au-delà du besoin immédiat, un sujet d'aménagement du territoire, de réflexion sociétale, mais également de tensions géopolitiques.
Un animal se déplace pour accéder à l'eau ; l'homme, lui, est limité par des frontières étatiques qu'il s'est créées et imposées : il doit donc composer avec ce dont il dispose sur son territoire propre... ou négocier avec ses voisins afin de pouvoir exploiter leurs ressources hydrauliques.

La plupart des centrales de dessalement (...) consomment énormément d'énergie. Elles sont donc associées à une unité de production énergétique, laquelle génère bien évidemment une grande quantité de gaz à effet de serre, ayant un impact négatif sur le climat et sue le cycle de l'eau. Une unité de dessalement produit une grande quantité de saumure, riche en divers sels, métaux lourds, composés organiques, qui, rejetés dans la mer (comme c'est le cas en Arabie Saoudite par exemple), entrainent un déséquilibre considérable dans la composition physique et chimique de l'eau de mer, avec des conséquences dramatiques pour la biodiversité. Les saumures, enfouies dans les sous-sols, polluent les nappes phréatiques encore existantes.

Y aura-t-il assez d'eau pour tous sur la planète dans un futur proche ?
En théorie, oui, promet le rapport annuel de l'ONU sur l'eau publié en 2015 - à condition de changer "radicalement" la façon de l'utiliser et de la partager. Si l'homme continue à utiliser l'eau au rythme actuel, "le monde devra faire face à un déficit hydrique global de 40% dès 2030" !

[Au Mexique] Depuis 2000, Coca-Cola a obtenu 27 concessions d'eau dont 19 pour extraire de l'eau des nappes aquifères et de 15 rivières différentes, parmi lesquelles des cours d'eau appartenant à des peuples autochtones. (...) De plus, (...), huit permettent à la marque de déverser des déchets industriels dans les eaux publiques. (...) L'attrait des mexicains pour les rafraîchissements et l'eau en bouteille est à mettre en relation avec les difficultés rencontrées par ce pays en matière d'assainissement public (...) Le réseau de distribution d'eau dans les centres urbains présente des déficiences et le liquide qui en sort est impropre à la consommation. (...) Les mexicains qui boivent 163 l de soda par an et par personne souffrent de surpoids et d'obésité - 30% des enfants de moins de 15 ans sont obèses. (...) Certains fabricants de soda, dont Coca-Cola, trouvent la parade en réussissant à s'intégrer dans la Commission nationale contre l'obésité.

Un méga-barrage mal conçu représente une menace sérieuse pour des centaines de milliers d'habitants. C'est le cas du barrage de Mossoul en Irak (...). Ce méga-barrage construit en 1986 sous le régime de Sadam Hussein cumule deux problèmes de taille : il a été construit sur une roche soluble (!) et a été fragilisé par les attaques de l'organisation terroriste Daesh. (...) Depuis trente ans, des tonnes de mortier sont coulées quotidiennement pour colmater les brèches qui apparaissent et réapparaissent. (...) La rupture (...) libérerait plus de 8 milliards de mètres cubes d'eau et déclencherait un tsunami géant. La vague engloutirait la ville de Mossoul située à 40 kilomètres et inonderait en 48h une partie de Bagdad : une catastrophe qui provoquerait selon les estimations la mort de 500 000 personnes et l'exode d'un million d'Irakiens.

Crutzen préconise cependant de jouer de prudence, souhaitant que soient mis en place tous les moyens visant à réduire les émissions de gaz à effets de serre avant d'appliquer cette méthode. En effet, comment savoir si cette opération ne créerait pas un nouveau problème tout en en résolvant un. Malgré tout, il reste sceptique sur les mesures prises au niveau mondial pour limiter les émissions de GES et ne croit pas non plus au développement des bio-carburants dont la fabrication dépend en partie de la déforestation au profit de cultures intensives. Comptons néanmoins sur une intensification des débats entre scientifiques car la manipulation du climat est depuis longtemps un sujet tabou !