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Vingt-cinq ans depuis Monogaga

Un premier amour, c’est inoubliable. C’est celui qui vous construit, qui vous donne des ailes, vous porte et vous emporte…. Yves Raffin partage le sien avec nous. Coopérant en Côte d’Ivoire, son regard a croisé celui de Marie-Françoise. Il a tout de suite su, compris que c’était elle et que les sentiments étaient réciproques.

Premiers émois, premiers balbutiements, suivis d’une première séparation et d’échanges de lettres (et télégrammes, à l’époque, les téléphones portables n’existaient pas) que l’auteur nous offre. On sent leur relation qui s’installe, qui grandit… Le chemin est tout dessiné. Mais dans la vie, tout ne se déroule pas toujours comme prévu…. Yves se confie à nous, pour laisser une trace, et permettre à sa famille d’en savoir plus sur leur couple.

Ce récit, mélange de fiction et de roman, est une ouverture sur la vie. Celle qu’on souhaite, celle qu’on a. Elle est faite de rencontres, d’aléas, de tous un tas d’émotions, de sentiments. On ne maîtrise pas tout, on souffre parfois et il faut se relever et avancer. Beaucoup d’événements se succèdent et se sont eux qui forgent le destin.

Avec beaucoup de délicatesse, une écriture toute en douceur, l’auteur fait vivre Marie-Françoise sous nos yeux. Le quotidien, les pensées, tout est présenté avec réalisme. Il rend hommage vibrant à cette femme et on comprend qu’elle l’accompagne tout le temps. Elle est présente en lui.


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Ce pays où dansent les licornes

Joseph, le grand-père de la narratrice (Justine, 18 ans), est en Ehpad. Il se mélange un peu, perd le sens des réalités et s’évade dans le pays où dansent les licornes, les yeux dans le vague, déconnecté du présent. Les médecins sont pessimistes et pensent qu’avec ces problèmes cardiaques et sa fatigue générale, l’avenir est bien compromis.

Sa fille et son gendre, les parents de Justine, n’ont pas beaucoup de temps à lui consacrer, même si dans deux jours, c’est son anniversaire. Pourtant, dans un instant de lucidité, il a demandé à se rendre à la Canardière, sa maison dans le marais poitevin. Pas le temps, d’autres choses plus urgentes à faire…Alors Justine se décide, elle trouve une vieille voiture, et embarque Papy avec elle.

Peut-être l’occasion de mieux le connaître, le comprendre ? Ce qu’elle sait de lui, ce n’est pas grand-chose, il a gardé les vaches en Haute Loire dans une ferme où on l’avait envoyé quand il avait treize ans. Et puis, cette phrase bizarre qu’il n’explique pas mais qui a intrigué Justine : J’ai tué un homme quand j’avais treize ans ! D’accord, il n’a pas toute sa tête mais c’est quand même étrange de déclarer ça, non ?

Les voilà tous les deux sur la route, direction la Canardière. L’ancien est fatigué, mais ils avancent au rythme poussif du véhicule plus tout neuf, et c’est la panne. Évidemment, au milieu de nulle part, avec pas de réseau et pas une bâtisse ou une personne à l’horizon…. Les deux voyageurs partent à pied …. Et finissent par trouver du monde…. Ce sera l’occasion pour Joseph de retrouver un peu d’énergie, de mémoire, et de raconter son enfance à la ferme (le récit se fait alors avec un narrateur extérieur).

On arrive à pas feutrés en 1940, on découvre les fermiers (un frère et une sœur) qui accueillent Joseph. Il ne connaît rien à cet univers, il doit apprendre et vite s’il veut manger…. Le quotidien est difficile au départ puis petit à petit, il trouve sa place, se fait apprécier…

Ce roman, empli d’humanité, m’a énormément plu. Justine un peu sauvage, rebelle, est attachante (je crois que l’auteur aime bien les filles comme elle, je l’avais constaté dans ces écrits précédents), même si elle ne rentre pas dans la « norme » souhaitée par ses parents. L’histoire du grand-père qui se dévoile petit à petit est très représentative d’une époque, d’une façon d’être avec les gens de la campagne. Les hommes un peu bourrus, les femmes effacées, c’est réaliste …

J’ai déjà lu deux livres de Noël Sisinni et j’apprécie qu’il se renouvelle à chaque fois. Quand on commence la lecture, on a le sentiment que ça va être un peu brut de décoffrage et puis les personnages s’installent et leur sensibilité, parfois cachée, leurs failles, nous bouleversent….

Ce sont des personnes ordinaires mais l’auteur leur donne vie et on s’intéresse à leur parcours. On a envie de savoir ce qu’ils vont devenir ou comment ils en sont arrivés là.

L’écriture et le style sont parfaitement adaptés que ce soit pour Justine ou pour le narrateur extérieur. J’ai lu ce roman d’une traite et c’était un plaisir !


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La vallée des éperdus

Je me demande parfois si tous les éperdus de la terre ne se sont pas donné rendez-vous au creux de notre vallée. *

1974, Virgile est un peu rebelle, sans doute ce qu’on a appelé « un soixante huitard attardé ». Il a gardé en lui une certaine forme de révolte. Bien sûr, on pourrait se questionner sur son passé. Pourquoi est-il comme ça ? Mais lorsqu’on fait sa connaissance, il vit de petits larcins, discrets, dans la banlieue parisienne. Il n’a pas de gros besoins, ça tombe bien. Mais à force de jouer avec le feu, il finit par se faire coincer…. Ceux qui l’arrêtent lui proposent un marché : pour éviter la case prison, un séjour en Ardèche dans un trou perdu où sa mission sera d’espionner (surtout les hippies, avec eux, la police craint des dérives) et de rendre compte de ce qu’il observe.

Est-ce que ça vaut le coup d’aller s’enterrer dans un coin paumé ? C’est toujours mieux que d’être entre quatre murs avec des barreaux aux fenêtres, non ? Virgile accepte.

Il part avec son combi Volkswagen, trouve la maison, vraiment isolée, à part un voisin, s’installe et examine l’environnement. Le village n’est pas à côté, les journées vont être longues…. L’espionnage et la délation, c’est pas son fort à Virgile…. Comment va-t-il satisfaire ses commanditaires ? Il se lie un peu avec Philo, le voisin, un vieux qui pourrait être son père… Une relation se noue entre les deux hommes et le lecteur découvre comment elle évolue…. Ensuite, il y a quelques personnes dans le village et aux alentours, des jeunes, d’autres plus âgés…. Virgile discute plus ou moins avec chacun, il essaie de s’acclimater, de tenir sa part du contrat avec ceux qui l’ont envoyé là-bas.

Ce n’est pas aisé. En Ardèche, les gens sont des taiseux…

« Les Ardéchois, économes de leurs effusions jusqu’à l’avarice, se contentent d’une fugace oscillation du menton. »

Virgile va-t-il s’en sortir ou retombera-t-il dans ses travers ? Ne risque-t-il pas de retrouver quelques mauvaises fréquentations ? Ce n’est pas évident de passer de la région parisienne à un lieu un peu « hors du temps », parfois figé dans ses anciennes coutumes… Il risque de s’ennuyer et quand on s’ennuie …. On peut faire n’importe quoi …..

J’ai eu un immense plaisir à cette lecture. J’ai trouvé l’écriture délicate, adaptée aux lieux, à l’époque, aux personnages. Les lettres de Philo sont magnifiques, à la fois pleines de retenue et de vivacité dans un bel équilibre. Il y a d’intéressantes réflexions sur le monde rural, en comparaison avec la ville. L’auteur parle aussi de ces jeunes post 68 qui se cherchaient, chantaient, cuisinaient, s’installaient en communauté pour vivre de beaux moments ensemble. Il est également question d’amitié, de solidarité, de tout ce qui fait la vie, notamment les plaisirs simples qui procurent un sentiment de bien-être et de sérénité.

En exergue de chaque chapitre, un extrait de chanson, une citation, je me suis prise à fredonner plusieurs fois car même dans l’histoire, certains titres évoqués me rappelaient des souvenirs « buvons encore une dernière fois… »

Rémy Belhomme décrit (avec humour de temps en temps) tellement bien les situations, l’atmosphère, qu’on a l’impression de voir un film où les images défilent devant nos yeux. Son récit m’a touchée, émue, sans doute parce que ses personnages sont palpables et qu’une humanité infinie se dégage de l’ensemble.


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