Ame sensible s’abstenir. Ce qui nous est montré est atroce, ce qui est suggéré l’est tout autant. Le jeune héros que nous voyons de dos sur la couverture fuit. Il préfère l’âpre nature à la violence de son quotidien. A aucun moment, il ne s’est posé la question de comment il pourrait survivre dans ce pays sec, desséché, désertique. Il entend les voix de ceux qui le cherchent. Parmi elles ne se trouvent pas la voix de son père, celui qu’il fuit, celui qui doit sans doute raconter une histoire pour justifier le départ de son enfant, celui qui dira peut-être que le malheur l’a encore frappé. A ses trousses, l’aguazil, qui ira très loin dans l’abjection et l’horreur pour le retrouver.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Le jeune garçon aura de la chance, malgré tout, il rencontrera sur sa route un vieil homme, berger de son état : il garde des chèvres, il a aussi un chien et un âne. Totalement désintéressé, il aidera le jeune garçon, lui montrera comment survivre, être autonome, traire les chèvres. J’ai presque envie de dire qu’il le prépare à sa succession. Surtout, il lui demande d’être prudent, très prudent, de se méfier de tous : il sait que le mal peut prendre tous les visages.
Les images sont saisissantes, elles montrent, hélas, elles font comprendre, elles illustrent les pires cauchemars du jeune garçon qui prennent chair. Elles sont terribles, ces images. Je suis vraiment ressortie retournée par ce que j’ai vu, et je ne peux même pas rassurer les plus fervents défenseurs des animaux que tout finira bien pour eux – ce ne sera pas le cas pour tous.
J’ai véritablement apprécié l’entretien final entre Javi Rey et Jesús Carrasco. Celui-ci montre en effet à quel point Javi Rey a su mettre en images les mots de l’auteur, qui lui a raconté aussi quelles étaient ses sources d’inspirations, notamment pour le village et les paysages.
Oeuvre forte, Intempéries est une bande dessinée que je suis heureuse de vous faire découvrir.
Lien :
https://deslivresetsharon.wo..