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J'ai fermé mes maisons

" J'ai fermé mes maisons d'hier

Et celles d'aujourd'hui

N'ont pas pris pied"...



Née en Tunisie, à Djerba, de parents grecs, Marianne Catzaras rend bien par les mots l'errance, l'exil, qu'elle ressent au plus profond d'elle-même. Convoquant souvent Ulysse, ou des déesses grecques, des héroïnes de l'Antiquité, elle lance à la mer des cris de révolte face à tous ces êtres exilés ( Lampedusa est plusieurs fois citée) , perdus, déchirés.



J'avoue n'avoir pas été toujours sensible à ses textes souvent sombres, assez hermétiques, aux images difficiles d'accès, mais je lui reconnais une écriture expressive, où l'anaphore donne un élan plus fort à ses angoisses, sa colère face aux démunis que l'on n'aide pas assez.



" J'écris pour ne pas oublier

le rire des enfants endormis dans le sable

A l'heure où les passeurs

Comptent les billets de sel

Les billets de larmes et de sang"



Les photographies en noir et blanc de l'auteure qui parsèment le recueil m'ont beaucoup plu. Elles ont ce côté flou qui ouvre l'imaginaire, comme les mots de la femme poète. Une voix et un regard singuliers, que j'ai apprėcié de découvrir.
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J'ai fermé mes maisons

« Le poème qui dort dans mes veines

Immense

se dresse »

Née en Tunisie de parents Grecs, Marianne Catzaras libère ses maux mêlés à ceux de l'humanité, qu'elle a fait siens, qui sont les nôtres aussi, ou qui devraient ; elle les fait mots, elle essaye, malgré l'horreur qui les leste, menace de les engloutir, à tout jamais, en nous, pour oublier, en sécurité, mais l'est-on quelque part ?





« J'écris pour ces géographies

Qui souffrent dans la nuit

J'écris pour l'ignorance

Pour l'indifférence

Pour ces rameaux de dynamite

Dans la paume de tes mains

Pour ces bouquets de barbelés

J'écris »





Dans un poème comme en émaux, une mosaïque de vers sur l'exil, le sien qui en rappelle tant d'autres, ses patries, ses attaches et lieux de vie, elle dénonce, énonce, la violence et les fuites, nécessaires, la vie et les départs, la mort, des proches, enfants, parents, des inconnus, la nuit tombée sur les migrants, le feu des attentats, ces trous, de balles, ces hommes qui explosent, eux-mêmes, puis en mille morceaux, leurs textes fondateurs





« Il y a cet amour

En travers de la gorge

Qui n'arrête pas

De crier

Il y a ce chagrin

Déposé à la gare »





Sur les pages blanches, comme des bruits blancs, noircies de vers flashes, éclaboussées de bribes de faits divers, attentats de Tunis, naufrage des migrants de Lampedusa, musicalité des pensées, écrites avec le sang séché de ceux que le feu des balles et barbelés transpercent, des mots écrits à l'encre de sèche, les cris noyés, au loin les sirènes, mots diluées, maux effacés par tous ces yeux qui pleuvent, le ciel qui pleure. Lave. Soleils écrasés, par le couvre-feu, la peur qui couve





« C'est dans la peur

Que j'ai trouvé la paix »





Et même si je ne suis qu'une novice de plus en poésie à lire les poèmes de Marianne Catzaras, une lectrice de romans qui préfère les phrases claires et précises aux vers dont le sens m'est parfois moins évident, j'ai ressenti la beauté et la détresse derrière la mélodie rythmée de ces vers, parsemés de photos de l'auteure, précisément floues, comme ses mots, les images qu'elle nous montre,





« J'écris pour le silence de mes photographies »





son monde à travers nos philtres, le monde à travers son philtre, d'amour, des photos qui ont leurs zones d'ombres, leurs silences elles aussi,





« Fermer les yeux et défaire les images

Une par une

Les images du silence »





et chaque poème est traversé de silences, entre les mots, entremêlés, comme ces pierres lourdes qui pèsent sur l'estomac, ces cailloux de petit Pousset dans la gorge, l'indicible révélé par les non-dits, les retours à la ligne, les nouveaux départs, nouvelles idées, qui s'enchaînent, comme les destinations pour lesquelles il faut





« fermer mes maisons

Une à une ce matin

Et je pars

Mes maisons celles d'hier

Et celles d'aujourd'hui »





Des volets clos comme des paupières closes, des lèvres closes, fermées, sur tous ces maux, ces mots, retenus, crachés, vomis,





« Et moi je vomis mon exil

Sur le trottoir d'en face ».
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J'ai fermé mes maisons

Tout comme JIEMDE,je ne peux expliquer ,ça va au delà, c'est tellement profond,c'est une marée qui vous submerge ,,c'est un trop plein d'émotions à la lecture de ses poèmes et parfois une telle souffrance,merci pour votre critique JIEMDE ,très interrogative, et qui m'a vu acheter ce très beau recueil de poèmes d'une auteure que je ne connaissais pas .
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