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Archipels

Deux hommes dans un terrain vague attendent un hypothétique coup de téléphone.

Le premier homme est grand et mince tandis que le second à l'opposé, est petit et gros. L'un est vif et bavard, l'autre lit Proust ou écrit quelques notes dans un carnet selon l'humeur.

Et puis?

Et puis rien. Bézian adapte à la bande dessinée le huis clos théâtral cher à Beckett. Très écrit, cette suite de dialogues savoureux se déguste sans amertume. Quelle jubilation de voir et d'entendre ces personnages tour à tour hésiter, se méprendre, se déchirer, aller et venir sur cette scène!

Bézian monte en épingle une situation inextricable, absurde (deux hommes attendent déséspérement que d'une cabine téléphonique retentisse une hypothétique sonnerie, synonyme de libération). S'il sonne, nous sommes libres mais finalement, tandis que nous attendons qu'il sonne, nous en sommes on ne plus les esclaves enchaînés. Asservis à une conjecture.

Et c'est cette hypothèse de la fuite, celle que partagent le lecteur et les deux personnages, qui fait de cet "archipels" une démonstration époustouflante du talent de Bézian. Tant que nous envisageons la possibilité d'une sonnerie, d'une soustraction à cette attente, nous sommes liés à ses hommes, condamnés à espérer le même dénouement qu'eux.

La justesse de la situation associée au talent graphique de Bézian font de cette absurdité l'une des bande dessinées les plus maîtrisées qui soient. Les scénettes se découpent si facilement que pour nous, lecteurs, la limpidité du dénouement ne semble pas faire de doute.

Et pourtant, Bézian nous prend à contre pied, nous trompe tout comme il trompe ses personnages. Qu’attendiez-vous au juste ? Un coup de téléphone ? Vraiment ?

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Rebecca

Rebecca est une petite fille comme les autres mais ce qui la caractérise davantage c’est qu’elle aime les livres. Elle aime tous les livres et leur voue une telle admiration qu’elle flâne sans cesse dans les librairies, qu’elle tente de partager (ou d'imposer, au choix ) son goût de la lecture à son frère et aux amis de celui-ci. Rien de très fructueux jusque-là mais Rebecca persiste et nous livre, à travers diverses planches des récits de son quotidien.



On partage aussi toute sa consternation devant le manque total d’intérêt que montrent frère et amis lorsqu’elle tente de les initier au plaisir de la fiction. Mais que voulez-vous, on ne choisit pas ses frères, on ne peut que composer avec leurs passions à eux.



Pour entrer dans le vif du sujet laissez-moi vous dire que Rebecca est une ardente fan de « Majestia », personnage phare de son auteur préférée : Patricia Caduck. Tout n’est plus que futilité lorsque Majestia entre en scène et là aussi son entourage a du mal à suivre.

C'est une BD qu'on prend plaisir à lire (et c'est peu de le dire, je ronchonnais en voyant la fin approcher). Déjà son petit format à l'italienne est vraiment très pratique pour la lecture. Et cette manière de suivre le quotidien par série de quatre ou cinq images c'est tout de même appréciable. Un enfant y trouvera son compte car il s'identifiera à l'un des deux personnages (frère ou soeur, faites votre choix) et un adulte y trouvera une autre réflexion. Car là on s'interroge sur la lecture, on s'amuse de ces tranches de vie et on dévore les pages sans les voir passer. Rebecca et son indomptable Majestia ont eu raison de moi. Dommage qu'il n'y ait pas de suite ou de variante car les livres traitant de livres sont toujours foisonnants d'idées et pleins de belles trouvailles.



Dessinée par Martin Matje et écrite par J.C. Götting, cette série inaugurée dans Je Bouquine sous le titre "Rebecca bouquine" vous permettra de faire le point sur cette pertinente question.
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