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Math with bad drawings

Ben ORLIN est un prof. de Maths américain qui tient un blog du même nom que l'ouvrage dont il est ici question. J'ai eu l'occasion de le feuilleter il y a quelques mois auprès d'un ami féru de Mathématiques et je l'avais gardé en tête pour plus tard.



« Plus tard » est finalement un moment révolu. Je l'ai dévoré assez vite car malgré l'anglais, rien de bien compliqué Mathématiquement parlant : Orlin maitrise parfaitement la vulgarisation et démontre sa haute pédagogie. On a tous à un moment de notre vie rêvé d'un tel prof. de Maths, qui soit capable d'allier « dessins moches », blagues et raisonnement rigoureux pour une harmonieuse pédagogie. Autour de cinq chapitres, les petits personnages filiformes d'Orlin nous accompagnent en apportant une petite touche d'humour à un texte parfois dense mais toujours clair.



Le livre démarre sur « How To Think Like a Mathematician » et propose un tour d'horizon global de l'apport des Mathématiques au monde, de ses limites, notamment en comparant/distinguant la discipline avec sa proche cousine : la Physique. Le tout nous permet d'appréhender le point de vue du Prof. aussi bien que celui d'un usager quotidien des Mathématiques tel que nous le sommes tous.



Nous sommes fins prêts pour rentrer plus en profondeur dans un domaine particulier : la Géométrie. Autour d'exemples - architecturaux ou biologiques, historiques ou fictifs, à une ou plusieurs dimensions - Orlin met en évidence la « solidité » des triangles, l'impossibilité de l'existence de géants ou encore : pourquoi les nouveaux-nés sont généralement si bien emmitouflés... Sans oublier un petit crochet avec Dark Vador & Tarkin pour discuter de la meilleure forme possible de l'Etoile Noire. Résolument, les thèmes sont « geek-friendly » et l'audience particulièrement ciblée même si le discours est loin d'être impénétrable aux profanes.



Ensuite, Orlin nous emmène dans le vaste domaine des Probabilités. Toujours autour de thèmes assez populaires, on explore les différentes notions indispensables avec des dés, des pile-ou-face, la génétique ou encore les assurances ou la crise des subprimes. Ceci permet à l'auteur d'illustrer à loisir certaines notions comme les agencements, la dépendance/indépendance de certains événements et comment tout ceci influe sur les probabilités.

Cependant, un premier écueil se fait ici sentir : même si Orlin conserve un humour passe-partout agréable, les sujets exploités pour illustrer la mécanique Mathématique perdent à la fois leur légèreté et leur neutralité face au précédent chapitre en usant de beaucoup d’exemples liés à l’Economie. Orlin apparaît ouvertement Néolibéral - il l'écrit même - et expose dès lors une analyse « Marchéiste » (comme dirait Jacques GÉNÉREUX; cf. La Déconnomie) de l'Economie qui montre que malgré la rigueur du Mathématicien, il se fait prendre à certaines erreurs logiques et biais socio-culturels. Lorsqu'il évoque par exemple la fixation du prix des pommes, il ne fait que pieusement propager la Doxa économique sans percevoir les limites de la simplification alors qu'il ne manque pas de critiquer Wall Street pour ses « erreurs mathématiques ».



Le chapitre suivant touche quant à lui aux Statistiques. Dans la même veine que les Probabilités, les exemples puisent énormément - trop à mon goût après le précédent chapitre - dans des situations très terre-à-terre comme les élections, les protocoles cliniques, la littérature... bien qu’on aborde aussi : le Base Ball. J'ai précisé volontairement, d'emblée, que l'auteur était américain : c’est flagrant à la lecture.

Pour être honnête, j'ai survolé de très haut la partie autour du Base Ball (un sport dont je ne connais rien sinon qu'il faut au moins une balle et une batte); en revanche la partie illustrée par les protocoles expérimentaux (Psychologie, Médecine) est des plus intéressantes : on y aborde en détails les différentes « valeurs clés » que sont : moyenne, médiane, variance, écart-type, pourcentage, centile... et une très instructive critique de la P-Value s'appuyant sur les notions de vrais/faux-positifs/négatifs.

Sont évoquées également les approches Fréquentistes versus Bayesiennes pour un panorama complet.



Le dernier chapitre traite des mathématiques « discrètes », c'est-à-dire des variables qui ne peuvent prendre que certaines valeurs (1, 2 ou 3 mais pas 3,0163728 par exemple) - à contrario d'une variable dite « continue » qui elle peut prendre n’importe quelle valeur. Qu'il s'agisse des tranches d'impositions, du pivot que représente la « majorité + 1 » lors d’une élection, du célèbre problème de la longueur de la côte anglaise ou - encore de l'Economie - les exemples permettent d'appréhender la mécanique subtile des incréments en mathématiques.

Toutefois, là encore, je déplore le parti-pris Libéral via l'utilisation de la « Révolution Marginaliste » (Walras), évoquée élogieusement sans considérer une fois de plus les innombrables problèmes que soulève l'Economie Mainstream. Tan pis.



Enfin, les « Endnotes » fournissent un peu plus de matière à qui veut approfondir.





Globalement, que dire ? J'oscille.



J'oscille entre des passages forts intéressants, didactiques, presque ludiques et d'autres, où la rigueur logique du Mathématicien n'a visiblement pas prise dans d'autres domaines, comme l'Economie.

J'oscille, mais dans l'ensemble ce livre est vraiment « propre ». Les Mathématiques y sont traitées avec passion et humour, enrobées d'une bonne dose de culture générale, et en dépit d'un certain US-centrisme (guère surprenant) et d’un dogmatisme Économique ouvertement proclamé, il a le mérite de reposer sur un patchwork de thèmes variés judicieusement exploités.
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