A Pas de Loups [corriger]

Bleu et tourbillonnant, gelé, liquide et pétri d'émotions, gravé dans le bois, dans les coeurs, imprimé sur le sable, sur le papier …. Cet album est tant de choses, tant de vies, tant de chemins…

Les veines d'encre noire coulent à travers les quelques couleurs franches qui éclaboussent les pages. Le bleu-vert glacé de l'eau, le vert de la terre, le jaune de la lumière, le rouge de la vie, de la rage, de la douleur…

C'est la puissance des illustrations qui happe d'abord le regard, fait de nous des oiseaux, des arbres, des corps à la dérive, souffrants, tourmentés, apaisés.

Le texte ensuite, sobre, épuré, empathique, tournoie avec le flot des images, virevolte en phrases courtes, percutantes, à angles droits, puis s'apaise, nous apaise, nous laisse à marée basse.

Une lecture tempête, portée par un souffle puissant, qui nous ballotte au gré des flots et rafales, à travers le chaud et le froid, l'aigu et le doux, le puissant et le paisible.

Cet ouvrage ne correspond absolument pas à celui que j'ai lu. Il s'agissait de l'édition illustrée par Gustave Doré. Pourtant c'est bien celui demandé qui apparaissait en premier quand j'ai indiqué l'ISBN.

Je vais faire comme si...

Un grand classique que je connaissais comme tout le monde, mais que j'ai pris beaucoup de plaisir à relire et surtout à découvrir les illustrations de Gustave Doré qui n'ont rien à voir avec celles des adaptations plus récentes .

Qu'il s'adresse aux adultes ou aux enfants, Gustave Doré ne transige pas.

D'ailleurs, les contes originaux de Charles Perrault et des frères grimm sont souvent très sombres et j'attendrai pour les lire à mon petit-fils de 4 ans.

Il risquerait de faire des cauchemars avec ces parents qui abandonnent leurs enfants, leur peur d'être perdus dans cette foret profonde, les loups qui hurlent, l'ogre qui veut les manger tout crus et ses filles auxquelles il coupe la gorge !

Heureusement qu'il y a le mignon et malin Petit Poucet, David triomphant de Goliath à notre grand soulagement !

Bien que Bruno Bettelheim soit à prendre avec des pincettes (ses théories fumeuses sur l'autisme ont fait des ravages), je lirais bien son ouvrage "Psychanalyse des contes de fées".

Que les féministes me pardonnent, mais j'ai bien aimé ce petit trait d'humour noir de Charles Perrault :

"Mais quand elle arriva en haut, elle poussa un cri d'horreur. Elle venait de voir ses sept filles égorgées. Elle commença par s'évanouir (ce que font toujours les femmes en pareil cas)".

Un couple fait défiler son existence et chaque page du livre révèle une nouvelle étape de sa relation : depuis l'émotion de la première rencontre puis le bonheur d'être parents, en passant par la routine du quotidien, la lassitude des jours et des nuits, le désir qui s'émousse, les cassures, les fils défaits que l'on doit absolument retisser afin de poursuivre le chemin, continuer à s'aimer pour vieillir ensemble et trouver la force de franchir les obstacles.



Imaginé au lendemain des attentats terroristes de novembre 2015, cet album, empreint d'une extrême sensibilité, est une magnifique ode à l'amour. Doté de textes courts que subliment de très belles illustrations, le récit évoque le temps qui passe, très vite, trop vite, nous rappelant l'urgence et l'importance d'apprécier chaque instant de notre vie. Répertorié dans la littérature de jeunesse, cet ouvrage s'adresse également aux adultes, en raison de l'intensité des sentiments qui y sont exprimés. Il apporte une réflexion profonde sur notre capacité de résilience, cette force morale qui, lorsqu'on la réveille, nous permet de faire face à l'adversité.